Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 juillet 2014 2 01 /07 /juillet /2014 14:10

Le maire de Nice, Christian Estrosi, a pris un arrêté municipal le 30 juin interdisant sur le territoire de la commune le déploiement ostentatoire de drapeaux étrangers.

J’approuve cette initiative de bon sens et je vais expliquer pourquoi.

Ce qui m’étonne est qu’un maire soit obligé de procéder lui-même à une telle interdiction qui devrait évidemment s’appliquer à l’ensemble du territoire national. Je ne connais pas le détail de la règlementation française sur ce sujet. On me dit qu’il existe une loi qui proscrit l’utilisation de pavillons étrangers sauf usage officiel (ambassades, autres immeubles officiels étrangers tels que centres culturels, véhicules diplomatiques, cimetières militaires étrangers, navires étrangers et cérémonies officielles telles que visites d’Etat). Je ne la connais pas, mais je sais que de telles lois existent dans la plupart des pays. Si cette règlementation est présente en France, ce qui est probable, on peut se demander pourquoi elle n’est pas appliquée. Si elle n’existe pas ou est incomplète, il est temps de la préciser.

Je ne partage pas les opinions politiques du maire de Nice. Il est UMP et est un fervent soutien de Nicolas Sarkozy, ce qui est pour le moins hasardeux par les temps qui courent (on a appris ce matin que l’ancien chef de l’Etat est placé en garde à vue dans le cadre d’une affaire judiciaire et que d’autres affaires le menacent). Mais là n’est pas question. Je connais bien Nice et je peux dire que Christian Estrosi est un maire apprécié par la majorité de ses concitoyens. Il a beaucoup fait pour embellir la ville et rendre le quotidien des Niçois plus agréable que dans la majorité des villes de France. Le soleil et la mer y sont pour beaucoup, mais l’action de la municipalité aussi.

La sécurité s’est sensiblement améliorée à Nice, alors qu’elle se dégrade ailleurs. Le maire a compris que la lutte contre la délinquance commence par celle contre les incivilités. Ainsi, grâce à un réseau développé de caméras, les stationnements gênants sont systématiquement sanctionnés, de sorte qu’il y en a moins qu’ailleurs. Les comportements a-civiques sur la voie publique sont également sanctionnés, tels que beuveries alcoolisées en groupe, mendicité agressive, etc.

Le maire de Nice a pris son arrêté hier en prévision de débordements possibles en soirée dans l’hypothèse où l’équipe d’Algérie aurait remporté son match de mondial de football contre l’Allemagne, comme cela avait été le cas, à Nice et ailleurs, le 26 juin lorsque l’Algérie s’était qualifiée pour les huitièmes de finale. On avait alors eu de nombreux dégâts, des attaques des forces de l’ordre, des pillages de magasins et 74 interpellations avaient dû être effectuées contre les casseurs.

Malgré un excellent match de la courageuse équipe des « Fénecs », l’Algérie a dû s’incliner in extremis après prolongations sur le score de 2 à 1. Elle a même failli égaliser tout à fait à la fin. L’élimination de l’Algérie a peiné tous les amis de l’Algérie, dont je fais partie. Mais, dans le même temps, nous sommes soulagés. On a ainsi évité des incidents hier soir et on a surtout évité un match France-Algérie vendredi prochain, qui aurait été prétexte à extérioriser les sentiments anti-français qui sont hélas le fait de certains énergumènes complexés, mais aussi une joie souvent hystérique et surtout non respectueuse du pays où on vit qui est, rappelons-le, la France et non l’Algérie.

Je sais que ces débordements ne sont le fait que d’une minorité et que l’immense majorité de ceux qui descendent dans les rues françaises sont de braves gens honnêtes et loyaux envers leur pays de résidence, dont la majorité possède aussi la nationalité.

Si mercredi j’avais été présent à Alger, ville où l’ai vécu, où je me rends parfois et dont je me sens très proche, j’aurais fêté la qualification de l’Algérie avec mes amis algériens et j’aurais peut-être défilé derrière un drapeau algérien avant de déboucher une bouteille de Champagne.

Seulement, je n’y étais pas. J’étais à Paris et le spectacle de « supporters » manifestant sans retenue comme en pays conquis derrière des drapeaux étrangers sur le sol français ne m’a  pas plu.

Si ces drapeaux avaient été déployés de concert avec des drapeaux français, j’aurais trouvé cela normal. Je connais plusieurs restaurants ou bistrots appartenant à des franco-algériens qui ont pavoisé aux deux couleurs. Bravo. J’aime l’Algérie et je fraternise avec ceux qui respectent, et j’ose croire, aiment aussi la France. Mais pas avec ceux qui la méprisent ou, tout simplement et le plus souvent sans s’en rendre compte, lui manquent de respect.

Or, manifester sur la voie publique derrière un drapeau étranger non accompagné de la bannière française, c’est manquer de respect vis-à-vis du pays de résidence.

Cela ne concerne pas que les soirs de matchs de foot, mais aussi les mariages avec ces traversées aussi ridicules que scandaleuses de ces cortèges d’idiots juchés sur des limousines somptueuses de location et arborant des drapeaux étrangers, le plus souvent algériens quand ils ne sont pas marocains. Messieurs, on n’est pas au bled ! Allez y faire la fête si vous voulez, mais laissez tranquilles les habitants des villes françaises qui ne partagent pas votre enthousiasme.

Cela concerne aussi n’importe quel rassemblement. Il est devenu rare de voir une foule rassemblée pour les motifs les plus divers sans que des drapeaux algériens, isolés ou parfois en plus grand nombre, ne soient déployés. Un peu de décence, s’il vous plait !

D’ailleurs, les imbéciles qui se cachent derrière ces drapeaux en sont parfois pour leurs frais. J’ai le souvenir d’un concert de la chanteuse Kenza Farah, marseillaise et, par ailleurs, avec des origines algériennes, dans une commune du Val d’Oise, dans la banlieue parisienne. Quelques jeunes, davantage mal élevés que méchants, se sont agités pendant tout le concert derrière un drapeau algérien. Eux venaient voir une compatriote, les autres, dont moi, simplement une chanteuse s’exprimant en français et interprétant des chansons n’ayant rien à voir avec l’autre rive de la Méditerranée. Qui sont les « racistes », qui pointent du doigt les origines « ethniques » des individus ? Quel sont ceux qui « stigmatisent » l’appartenance « ethnique » d’un individu ? Faut-il que cette chanteuse née à Marseille, ayant un magnifique accent marseillais et chantant et parlant en français soit affublée toute sa vie de l’étiquette « algérienne » sous prétexte qu’elle a un nom à consonance maghrébine ? Pour moi, c’est une compatriote. Si elle a en plus une autre nationalité, tant mieux pour elle, c’est un enrichissement culturel. Mais l’enfermer dans cette deuxième nationalité, apparemment contre son grès, c’est insupportable.

Le plus amusant est quand cette chanteuse, à un moment de son concert, a dit : « et maintenant, je vais vous interpréter une chanson de chez moi ». Les « rigolos » derrière leur drapeau ont alors commencé à s’agiter, des « youyou » ont retenti. Ils ont été « mouchés » lorsque la jeune chanteuse s’est mise à chanter un air de Provence ! Du coup, ils ont replié leur drapeau et on ne les a plus entendu jusqu’à la fin du concert.

Oui, on peut aimer l’Algérie sans tolérer que les villes de France soient envahies par des manifestations « ostentatoires » s’apparentant à une invasion d’extra-terrestres. On peut être franco-algérien sans se mettre systématiquement en dehors de la communauté nationale du pays où l’on vit et dont on possède, aussi, la nationalité française.

J’ai moi-même vécu longtemps à l’étranger, dans les pays les plus divers, y compris en Algérie. J’ai appris que la discrétion était la qualité première que doit avoir tout étranger à un pays (cela est vrai aussi dans un même pays lorsqu’on vit dans une région dont on n’est pas originaire) : il doit respecter les lois, les coutumes, les modes de vie du pays, plus encore que les citoyens de ce pays. J’aime bien le mot allemand d’ « invité » synonyme d’étranger. Un invité doit bien se comporter chez son hôte. S’il est là pour « foutre le bordel » ou pour tout casser, tout simplement, on le met à la porte.

Quant aux binationaux (à la différence de Marine le Pen, je suis favorable à la double nationalité, à condition qu’elle soit bien encadrée), il faut leur rappeler qu’être binational, c’est être loyal à chacun des deux pays et c’est n’être que d’une nationalité dans chacun des deux pays : un franco-algérien est français en France, algérien en Algérie et ce qu’il veut ailleurs. Dans ce cas-là, être « algérien de France », ça ne veut rien dire. Si certains se considèrent comme tels, ils devraient avoir l’honnêteté de renoncer à la nationalité française. La plupart l’ont compris, mais hélas, pas tous.      

J’approuve en conséquence totalement l’arrêté de Christian Estrosi. Ce n’est évidemment pas le drapeau en soi qui est source de gêne à l’ordre public, mais, on l’aura compris, le symbole qu’il représente.

Essayez de traverser New York ou Alger avec un drapeau étranger déployé de manière ostentatoire. Vous n’aurez pas fait un demi-kilomètre avant d’être conduit au poste de police.

Pourquoi en irait-il autrement en France ?

Je terminerai sur la réaction du Parti Socialiste. Son porte-parole a condamné l’initiative du maire de Nice qui « stigmatiserait » la « communauté » algérienne.

Décidément, ce parti, de plus en plus coupé des réalités, ne perd pas une occasion pour s’en couper encore davantage. Il a déjà perdu l’essentiel de ses électeurs. Ce n’est pas comme cela qu’il les retrouvera.    

                                                           Yves Barelli, 1er juillet 2014                

 

  

Partager cet article
Repost0

commentaires

Recherche