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19 février 2019 2 19 /02 /février /2019 14:27

J’ai beaucoup de respect et même d’admiration pour Alain Finkielkraut, philosophe français et essayiste de renom, authentique patriote qui milite pour la défense de l’identité française et qui dénonce, dans ce contexte, la montée en France du communautarisme musulman, danger numéro un pour l’identité nationale et pour notre sécurité, et de son prolongement violent, la subversion islamiste. Le fait que certains imbéciles s’en soient pris à lui le 17 février, en marge d’une manifestation de « gilets jaunes », en l’injuriant, le traitant notamment de « sale sioniste », est injuste et scandaleux. Cet acte est  condamnable, et il justifierait que l’intéressé porte plainte pour « injures publiques et diffamation » (ce qu’il ne veut pas faire) mais tenter d’exploiter les faits, en assimilant abusivement antisémitisme (forme de racisme) et antisionisme (hostilité à une idéologie, le sionisme), c’est entraver la liberté d’expression (alors qu’il y a beaucoup à dire) dès qu’il s’agit de l’Etat d’Israël et du communautarisme juif (aussi déplorable que n’importe quel autre communautarisme) et c’est contreproductif pour la cause qu’on prétend défendre car les outrances ne peuvent que susciter, hélas, des réactions antisémites. Nos compatriotes juifs méritent mieux que cela et je préfère la démarche digne et responsable de Finkielkraut à la manifestation rituelle de l’émotion sélective qui masque les véritables causes de  l’antisémitisme qui se manifeste sans complexe dans une partie de la population qui vit sur notre territoire.  

1/ Alain Finkielkraut est un humanisme non violent, qui n’est engagé dans aucun parti politique, mais qui a des idées qu’il défend régulièrement sur tous les plateaux de télévision,   dans les colloques et conférences et dans ses livres. Sa hauteur de vue et sa grande culture mais aussi son absence de sectarisme constituent pour moi et beaucoup d’autres un véritable régal intellectuel et nous rassurent sur la nature humaine et notre pays : il y a encore en France des hommes capables de réfléchir et d’émettre des avis sensés et argumentés sur la dérive de la France et sa plongée vers un déclin qui serait irrémédiable s’il n’y avait des personnages comme lui, lumière-témoin qui nous montre la voie vers la sortie du tunnel où nous sommes enfermés.

Finkielkraut est juif. Il ne le cache pas et en est fier, et il a raison de l’être. Mais pour lui, le monde et l’esprit ne commencent pas et ne s’arrêtent pas à l’appartenance à ce « peuple » (mot pris au sens d’ensemble d’individus présentant des caractères suffisamment originaux pour les différencier des autres : il est difficile de définir autrement la notion de « juif » ou de « judaïsme », à la fois religion – mais on peut se définir comme juif en étant athée -, civilisation, corpus de traditions propres, voire pour certains, mais pour certains seulement, les « sionistes », une hyper-nationalité qui se concrétise par l’Etat d’Israël et qui se place au-dessus de la citoyenneté du pays dont ils sont ressortissants – heureusement, cette vision idéologique n’est pas unanime, beaucoup de Juifs se montrant critiques vis-à-vis d’Israël et aspirant à être, tout simplement des Français comme les autres, même s’ils éprouvent, ce qui est normal, un sentiment de proximité avec les Juifs d’Israël).

Finkielkraut essaie, et y parvient en général, de dépasser cette « appartenance » culturelle. Je me souviens notamment de l’avoir accueilli à Cracovie (lorsque j’y étais consul général de France) et d’avoir entendu ses paroles très sensées sur la Pologne. Il s’était alors élevé contre les propos de certains participants au colloque (auquel assistait aussi Simone Veil)  organisé par le Centre Culturel du consulat qui dénonçaient l’antisémitisme polonais (certains complexés voient de l’antisémitisme partout, à partir du moment où on tente de montrer que les Juifs ne détiennent le monopole ni de la vérité ni de la souffrance historique) : c’est lui qui avait rappelé qu’à Auschwitz (à côté de Cracovie), il n’y a pas eu que des morts juifs et que les Polonais non-juifs ont eux aussi payé au prix fort la barbarie nazie, en notant que plus de 20% du clergé polonais avait été assassiné par les nazis et que c’est l’ensemble de l’intelligentsia polonaise que les Allemands avaient tenté d’éliminer (à commencer par la centaine de professeurs de l’université de Cracovie assassinés par les occupants).

2/ Finkielkraut défend certes l’existence de l’Etat d’Israël et il est moins critique que moi envers cet Etat, mais de là à le traiter de « sioniste », il y a un pas que je ne franchirai pas. Cela devrait faire partie du débat que l’on devrait avoir vis-à-vis de l’Etat d’Israël. Mais peut-on encore avoir un débat en France, quasiment sur quelque sujet que ce soit, dans la mesure où la liste des sujets tabous s’allonge régulièrement ? Regarder à la télévision parler de certains sujets est devenu presque comique (pour ne pas avoir à en pleurer) tant les intervenants doivent prendre des précautions oratoires pour ne pas nommer certaines réalités afin d’éviter de tomber sous le coup des nombreuses lois désormais en vigueur chez nous : loi qui punit le racisme et l’antisémitisme, abusivement détournée pour empêcher de critiquer les Juifs mais aussi les musulmans (curieusement, en revanche, la critique du christianisme est libre!), lois qui punissent aussi toute critique envers les femmes, les homosexuels, ou encore la négation du génocide arménien de 1915. Sur ces sujets, je préférerais qu’on convainque les gens avec des arguments plutôt qu’à coups d’interdictions qui ne peuvent qu’engendrer hypocrisie et langue de bois.

Peu se hasardent ainsi à stigmatiser la délinquance arabe ou musulmane (pourtant statistiquement avérée) ; aussi parle-t-on de la délinquance des « jeunes des quartiers ». Interdiction aussi de parler de « lobby » juif dans la banque, le cinéma, les médias ou la politique : pourtant, il existe mais on ne peut le nommer. Certains députés, plus royalistes que le roi et plus sionistes que les sionistes, voudraient faire voter une nouvelle loi, sanctionnant l’ « antisionisme », autrement dit toute critique envers Israël. Et pourquoi pas, puisqu’ils y sont, l’interdiction de critiquer l’Union européenne ou de dire que l’euro est une monnaie artificielle dont les jours sont comptés (de plus en plus d’économistes le disent mais nos gardiens de la « pensées unique » font comme les malades qui refusent de voir leur état : ils cassent le thermomètre). Aura-t-on un jour une loi interdisant de parler de la pluie les jours de mauvais temps afin de ne pas stigmatiser certaines régions et faire fuir les touristes ?  

Bref, certains disent que nous sommes sur la voie du totalitarisme et on ne peut leur donner totalement tort. Désormais, en France, on ne peut parler (si ce n’est qu’en langue de bois) de grand-chose car le parler-vrai en public (mais en privé aussi puisque nos écrits sur facebook peuvent tomber sous le coup de la loi) se traduit souvent par une action en justice contre son auteur. Il est clair qu’aujourd’hui Coluche ou Guy Bedos ne pourraient plus faire les mêmes sketches qu’il y a cinquante ans. Voyez, par exemple, les procès et les condamnations en cascade de Dieudonné qu’il est de bon ton de vouer aux gémonies, même lorsqu’on n’a jamais écouté une seule de ses blagues. J’ai pris la peine de le faire : ce n’est pas le genre d’humour que j’apprécie le plus mais de là à le traiter d’antisémite, c’est ridicule et scandaleux. Dans ses sketches, il se moque un peu de tout le monde, à commencer par les Camerounais (il est originaire du Cameroun) ; apparemment, cela ne gêne pas nos censeurs, sauf quand il a le culot de se moquer, aussi, des Juifs : là, on lâche l’artillerie lourde et on fait de cet humoriste le personnage abject tel qu’il est décrit par nos médias et nos politiciens.

3/ Pourquoi cette surprotection des Juifs ? Pour les raisons historiques que l’on sait, évidemment. Mais pas seulement. Aussi parce que, même s’il est interdit de le nommer, il existe un puissant « lobby » juif. Qu’est-ce qu’on « lobby » ? Un groupe organisé, généralement doté de moyens importants, qui défend et promeut un intérêt particulier, si nécessaire contre l’intérêt général.

En France, on ne saurait nier la réalité du lobby juif matérialisé par des organismes tels que le CRIF et la LICRA, dont la raison d’être est la défense (en interdisant non seulement la critique mais même le fait d’émettre des réserves, tant vis-à-vis des Juifs, quels qu’ils soient et quoi qu’ils fassent, en assimilant intérêts des Juifs et ceux de l’Etat d’Israël et en tentant, par la propagande, la culpabilisation ou la menace, d’imposer cette vision à tout le monde) et la promotion de tout ce qui est juif.

Ce « lobby » est si puissant que bien peu d’hommes politiques se risquent à le nommer et encore moins à le critiquer. Ils savent en effet que, s’ils le font, ils encourent toutes sortes de représailles (électorales, médiatiques, etc). La menace est si efficace que ces politiciens, avant même que les organisations juives se mettent en branle, prennent l’initiative de monter au créneau dès lors qu’on acte antisémite est avéré ou seulement suspecté (on devrait pourtant être un peu plus circonspect : quand il y a un différend entre deux individus, dont l’un est juif, il est abusif de considérer que l’autre a systématiquement des intentions antisémites, d’autant que certaines personnes utilisent leur qualité de juif pour tenter de faire condamner leur adversaire : les exemples abondent ; à titre d’exemple, il y a quelques semaines, une étudiante de Paris XIII, sur laquelle j’ai des informations de première main,  a accusé d’autres étudiants d’antisémitisme à son égard, alors que cela n’avait rien à voir et qu’elle était de mauvaise foi ; sans chercher à savoir de quoi il s’agissait, le CRIF, repris sans contrôle par la presse, a soutenu cette étudiante et ses adversaires ont été exclus de la fac par un doyen aussi peu courageux que les politiciens : injustice flagrante (on pourrait extrapoler aussi au « harcèlement » sexuel, utilisé par certaines femmes sans scrupule pour nuire ou soutirer de l’argent).

Mais la puissance du lobby juif en France n’est rien comparée aux Etats-Unis. Là, c’est carrément ce lobby qui « tient » le pays (regardez n’importe quelle météo sur un média américain et vous avez presque à tous les coups le temps qu’il fait à Jérusalem, dont on a l’impression, à la lecture, que c’est la capitale du monde - en fait, pas seulement une impression), son pouvoir politique (celui de Trump et, avant lui, de tous ses prédécesseurs), ses médias, ses banques et même son cinéma d’Hollywood. Emettre la moindre critique, le moindre doute pour un politicien, un universitaire, un journaliste, un haut fonctionnaire, c’est la certitude de voir sa carrière brisée. Vous pensez que j’exagère ? Renseignez-vous et je vous mets au défi de me prouver le contraire. Le résultat est que l’Etat d’Israël est intouchable en dépit de son comportement en Palestine. Les Etats-Unis tiennent le monde et Israël tient les Etats-Unis.

4/ Il n’est pas inutile de rappeler à ce stade que l’Etat d’Israël a été créé en  1948 par la force en s’emparant de terres qui étaient auparavant peuplées à 95% par des Arabes (dire, pour justifier la conquête, que la Palestine était la terre ancestrale du « peuple élu » ne tient pas : dans ce cas, il faudrait rendre la Turquie aux Grecs, le Vietnam aux Cambodgiens et même la France aux peuples celtes). Il faut aussi rappeler qu’Israël occupe depuis 1967 la Palestine arabe, que cet Etat refuse d’appliquer les résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité, qu’il a annexé tout aussi illégalement et par la force Jérusalem et le Golan, qu’il colonise ce qui restait de Palestine arabe et que, encore aujourd’hui, cet Etat commet des crimes de guerre et même des crimes contre l’humanité en toute impunité puisqu’il est chaque fois protégé par le véto américain.

Cette situation ne se cantonne pas aux Etats-Unis. Israël bénéficie aussi de passe-droits en Europe : membre de l’eurovision, considéré comme européen pour tous les tournois sportifs (alors que ce pays est en Asie), etc (ainsi les organisateurs du « Giro » cycliste d’Italie ont placé l’année dernière les deux premières étapes de la course en Israël, y compris à Jérusalem-Est, financées par un milliardaire juif du Canada), sans jamais qu’on ose émettre la moindre critique sur son comportement.

5/ Le « peuple » juif a beaucoup apporté à l’humanité. D’Einstein à Karl Marx, de Kafka à notre Finkielkraut, sans oublier Jésus de Nazareth, Juif le plus célèbre, et beaucoup d’autres, cet apport est considérable et on peut dire qu’une part capitale de la culture et du savoir du monde lui est redevable. Chez nous, nombre de scientifiques, médecins, artistes et même de diplomates sont juifs. Beaucoup ne le revendiquent pas parce qu’ils ne veulent pas constituer une catégorie particulière de Français. J’en connais, amis ou connaissances, qui en ont même marre qu’on parle sans arrêt de « communauté » juive ou d’Israël. Ils aspirent à être Français comme les autres. Certains sont croyants, d’autres non, certains pratiquent et mangent « kasher », d’autres non, presque tous donnent à leurs enfants des prénoms français et ils n’ont pas envie d’être montrés du doigt, même avec de bonnes intentions.

Si on doit éviter l’amalgame s’agissant des musulmans, cela est encore plus vrai pour les Juifs. Nombre d’entre eux, et je crois que c’est la majorité, ne se reconnaissent pas dans les outrances du CRIF ou de la LICRA et encore moins dans le comportement de l’Etat d’Israël. A tire d’exemple, l’ancien conseiller diplomatique de Chirac et de Sarkozy, Jean-David Levitte, avec lequel j’ai travaillé à New York, a toujours refusé de répondre aux questions des journalistes portant sur son origine juive et c’est lui qui a été l’inspirateur des critiques de Chirac envers Israël (et de l’incident avec la police israélienne qu’il provoqua à Jérusalem lors d’un déplacement). Certes, son origine lui a été utile dans sa fonction d’ambassadeur à Washington, mais il n’a pas cherché à la mettre en avant. Et je pourrais citer d’autres exemples.

Comme disait le général de Gaulle, les Juifs forment un « peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur » (phrase prononcée dans une conférence de presse en 1967 après la « guerre des six jours », terminée par la victoire spectaculaire de « Tsahal »). Ils ne sont que 20 millions dans le monde (dont la moitié aux Etats-Unis où ils sont plus nombreux qu’en Israël – il y en a 500 000 en France-) mais il faut reconnaitre que l’importance que leur accordent nos médias et nos hommes politiques est démesurée par rapport à leur nombre (même aux Etats-Unis, ils ne constituent que 2% de la population), ce qui traduit tout à la fois la qualité des intéressés et l’influence d’un « lobby » très efficace doté de moyens colossaux.

Mais lorsqu’une minorité est trop forte et abuse de cette force en tendant à l’hégémonie, il y a le danger d’un effet boomerang possible. Je connais beaucoup de Juifs qui en sont conscients. C’est pourquoi ils se méfient de ce « lobby », dont le CRIF est la manifestation la plus visible en France, et ils déplorent les excès (quand ils sont bienveillants, et on comprend qu’ils le soient) ou les crimes (je suis moins bienveillant qu’eux) de l’Etat d’Israël. Ceux qui, en revanche, pavanent sur les plateaux de télévision en refusant la moindre critique ou réserve et en « exigeant » maintenant qu’on vote une nouvelle loi pour « interdire » l’antisionisme sont des irresponsables dont l’attitude arrogante contribue pour une part (une part seulement évidemment) à alimenter l’antisémitisme.                   

6/ Il n’empêche qu’il y a un antisémitisme bien réel que rien (pas même les exactions israéliennes ou l’unilatéralisme des médias) ne peut justifier et qu’il faut donc condamner sans réserve. Cet antisémitisme peut encore venir, parfois, de l’extrême-droite et des nostalgiques du régime de Pétain. Mais cela est devenu très marginal. L’antisémitisme contemporain est essentiellement  le fait de l’islamisme et du comportement de beaucoup de musulmans, ces « jeunes des quartiers » qu’on ne veut jamais nommer. Cet antisémitisme s’accompagne souvent d’actes antichrétiens (profanations d’églises ; deux en moyenne par semaine ; pourquoi nos médias en parlent-ils si peu ?) et, plus généralement, de la haine de la France et d’un racisme anti blanc. Finkielkraut le dit et il a raison de le dire.  

Bien sûr, il ne faut pas faire d’amalgame. Tous les musulmans ne sont pas antisémites, anti-français, antichrétiens et anti-blancs mais il est inadmissible de ne pas dénoncer l’antisémitisme musulman sous prétexte d’éviter l’amalgame. Idem pour le terrorisme : tous les musulmans ne sont pas terroristes (de loin) mais il se trouve que tout le terrorisme actuel est le fait d’assassins qui se réclament de l’islam. L’écrasante majorité des actes antisémites actuels est le fait d’individus de confession musulmane. C’est dommage pour les « bons » mais il y a beaucoup de « mauvais » dans cette communauté et, si les « bons » dénonçaient plus souvent les « mauvais », ils seraient plus crédibles et défendables. Mieux identifier les responsables devrait être le travail des médias et des politiciens qui se contentent trop souvent de dénoncer le terrorisme et l’antisémitisme sans désigner les acteurs, comme s’il s’agissait d’extraterrestres inconnus. Cela est vrai aussi, hélas, pour le catholicisme officiel qui veut voir des « frères » partout, à l’image du pape François, prompt à défendre les musulmans, mais qui « oublie » de dénoncer les crimes antichrétiens, chez nous et plus encore à l’encontre des chrétiens d’Orient, alors que cela devrait être son devoir premier.      

7/ Le plus cocasse et le plus navrant est qu’il y a une conjonction objective entre l’islamisme le plus virulent et le sionisme le plus militant. Cette conjonction se manifeste au Moyen Orient par l’accord stratégique passé entre l’Etat d’Israël et les monarchies du Golfe, en premier lieu l’Arabie saoudite, dans leur lutte commune contre l’Iran. Avec cette contradiction : l’idéologie wahhabite de Riyad est source d’inspiration pour les islamistes qui sont les principaux coupables de l’antisémitisme contemporain et pourtant Israël et l’Arabie saoudite sont aujourd’hui les meilleurs alliés.

Il est vrai que la politique au Moyen-Orient est compliquée et que l’ennemi d’hier peut être l’ami d’aujourd’hui et vice versa. Raison de plus pour garder le sens critique et ne pas confondre Moyen Orient et Europe. Là-bas (je renvoie mes lecteurs à tout ce que j’ai écrit sur le Moyen Orient), le sionisme est aussi dangereux que l’islamisme. Ici, c’est différent. Le seul ennemi de la France est l’islamisme et l’islam conquérant. Nous devons protéger, défendre et faire corps avec nos compatriotes juifs et nous ne devons tolérer aucune manifestation d’islamisme, même lorsqu’il se cache sous le manteau de la défense des Palestiniens.

Mais s’il est légitime d’hurler, je ne veux pas le faire avec les loups sionistes. Notre devoir est de défendre la France contre ceux qui l’attaquent en tentant de nous imposer des « valeurs » importées du Hedjaz qui ne sont pas les nôtres. Contre ceux aussi qui placent leur attachement indéfectible à Israël au-dessus de leur citoyenneté française. Pour les uns et les autres, si la France ne leur convient pas, on ne les oblige pas à y rester. A chacun sa patrie./.

Yves Barelli, 19 février 2019

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15 mai 2018 2 15 /05 /mai /2018 19:46

Indignation après les nouveaux massacres délibérés de l’armée israélienne à la frontière de la bande de Gaza contre des civils palestiniens désarmés : au moins 58 morts et plus de 2000 blessés avec des tireurs d’élite qui tirent dans le tas ! Au-delà de la condamnation de cette nouvelle action criminelle de l’Etat terroriste d’Israël, qui n’en est pas à son premier méfait, on doit déplorer l’hypocrisie et la duplicité de la « communauté internationale », pays occidentaux et monarchies arabes en premier lieu. On doit aussi noter l’aveuglement contre-productif d’Israël : à force de lancer le boomerang, il finit par revenir sur soi avec comme conséquence probable et déplorable la montée de l’antisémitisme un peu partout dans le monde et, peut-être, à terme, le risque (ou plutôt l’espoir) d’un lâchage des Etats-Unis car la majorité silencieuse de ce pays pourrait un jour être agacée de l’arrogance du « lobby » juif qui fait aujourd’hui la loi au Congrès et à la Maison Blanche.

1/ Un tel cynisme de la part du gouvernement israélien laisse pantois. Le tableau est à peine imaginable : une foule de plusieurs milliers de personnes de tous âges qui manifeste du côté palestinien (Gaza) de la frontière avec Israël sans chercher à la franchir et, en face, des tireurs d’élite postés à quelques centaines de mètres qui tirent au hasard sur la foule comme dans les mauvais films de l’ouest américain où les colons ou les militaires faisaient des « cartons » sur les Indiens ou sur les bisons. Là, ce ne sont pas des Indiens. Il ne s’agit « que » de Palestiniens qui ont le malheur de s’accrocher au dernier arpent d’une terre dont ils ont été massivement chassés au nom d’une soit disant « terre promise » par un « Dieu » raciste qui aurait choisi son « peuple élu », promettant tous les autres aux flammes de l’enfer.

Nous sommes effectivement face à un peuple égoïste, « dominateur et sûr de lui », comme l’avait si bien qualifié le général de Gaulle, qui a décidé, au nom d’une idéologie dangereuse, le sionisme, et d’une religion qui se prétend supérieure aux autres, de dominer, seul, une terre dont il a chassé les occupants, de s’arroger quelques autres terres à la périphérie, tel le plateau du Golan, volé à la Syrie en 1967, de faire la loi dans toute la région et, pis, car aux conquérants d’ « essence supérieure » rien d’impossible, d’imposer aussi sa loi et ses caprices à la terre entière, à commencer par les Etats-Unis, où un puissant « lobby » sioniste « tient » le pays, y compris ses centres de pouvoir, le Congrès et la Maison Blanche. Je n’assimile certes pas l’ensemble des Juifs aux assassins qui prétendent parler en leur nom, mais force est de constater que, pour le moment, ce sont bien ces assassins qui ont le vent en poupe.    

On a ce paradoxe de voir les enfants ou petits enfants des victimes de la « Shoah » s’inspirer, sous bien des aspects, de l’idéologie de « Mein Kampf » : un peuple supérieur qui asservit ses voisins (l’Europe), voire les élimine (Juifs, Tsiganes). Cette idéologie raciste, les Israéliens la récidivent : eux sont la race supérieure qui a le droit (peut-être le devoir par ordre divin ?) de dominer, réprimer, marginaliser, confiner, surveiller la race inférieure (car non « élue » par leur Dieu) constituée par les Palestiniens. Et quand les opprimés se révoltent, on tire dans le tas, comme sur des animaux, des esclaves ou des Indiens. Certes, on ne les élimine pas dans des chambres à gaz. C’est la différence avec l’Allemagne nazie.

Et ces « cartons » sur les Palestiniens, c’est déjà plus de 100 morts et 3000 blessés depuis un mois. « Seulement » 100 morts parce que les manifestants n’étaient pas dangereux. Lorsqu’ils le sont, ou plus exactement lorsque les sionistes pensent qu’ils le sont, ce ne sont pas des fusils d’assaut qui sont utilisés mais des tanks et des avions : 2000 morts lors de la dernière incursion d’envergure de l’armée israélienne sur Gaza.

2/ Dans mon article du 31 mars (intitulé « Israël, Etat voyou ») mis en ligne sur ce blog, j’ai expliqué en quoi cet Etat était atypique, de par les circonstances de sa naissance, ses modalités de fonctionnement, son refus délibéré de se conformer au droit international et surtout sa certitude de l’impunité car « protégé » par l’hyper-puissance américaine, hyper-puissance pas pour elle-même mais pour les intérêts sionistes tant ces derniers ont réussi à s’accaparer les médias, une partie de l’intelligentsia et du pouvoir économique et surtout le pouvoir politique en réussissant à faire en sorte que tout politicien qui se risquerait à s’opposer (et même à émettre des réserves sur lui) au « lobby » juif serait irrémédiablement exclu du pouvoir et même de tout poste électif.

3/ La conjonction de l’influence directe israélienne et, indirecte via les Etats-Unis, avec la peur chez beaucoup de s’opposer à Israël ou aux Etats-Unis, et l’appât du gain par intérêt financier, fait que ce pays minuscule de moins de dix millions d’habitants a pris une importance dans le monde sans commune mesure avec celle de son poids réel.

On pourrait citer de nombreux exemples donnés tous les jours par les médias. Cette sur-importance va jusqu’à la caricature. Ainsi, puisque Israël est encore un Etat étranger à sa région, qu’à cela ne tienne ! On l’inclue, si nécessaire, dans le continent européen où, pourtant, il ne se trouve pas, ce qui permet à cet Etat de participer à l’Eurovision et aux championnats d’ « Europe » de la plupart des sports sans état d’âme apparent pour les organisateurs : le jour où « Tsahal » a fait son premier massacre (de la saison) sur la frontière de Gaza, se déroulait à Jérusalem le championnat d’Europe de judo. Pis, grâce à un financement de 12 millions d’euros versés par un milliardaire juif canadien aux organisateurs italiens et israéliens, les trois premières étapes du « giro » d’Italie viennent (la semaine dernière) de se dérouler en Israël et, pis, dans les territoires occupés, y compris la Vieille Ville de Jérusalem. Je ne serais pas étonné qu’un jour Israël entre dans l’UE. Après tout, on a déjà Chypre, lui aussi en Asie.  

4/ Pourtant, quand on en fait trop, il vient un moment où la corde casse ou le boomerang revient vers le lanceur.

Les opinions publiques occidentales ont encore des scrupules à critiquer ouvertement le « lobby » juif qui prétend leur dicter la politique à suivre (voyez par exemple ces dîners du CRIF, organisation extrémiste qui prétend représenter nos compatriotes de confession juive - j’en connais quelques uns qui ne s’y reconnaissent pas – où tous nos politicards se croient obligés de s’exhiber) : ils craignent, en France, de tomber sous le coup de la loi qui réprime l’ « incitation à la haine raciale ou religieuse », les « représentants » autoproclamés des Juifs n’ayant de cesse d’assimiler critique d’Israël ou de l’idéologie sioniste et actes « antisémites ». Ils y parviennent assez largement puisque, de fait, personne n’ose parler sur ce sujet. La « Shoah » a bon dos ! Elle permet à une minorité « dominatrice et sûre d’elle-même » de continuer à massacrer des innocents à Gaza et en Cisjordanie et de faire taire les autres ailleurs.

Mais attention : un jour viendra sans doute où les opinions publiques occidentales, à commencer par les Américains, en auront assez de se laisser dominer par une minorité activiste. Nombre de Juifs, actuellement partagés entre leur attachement sentimental à Israël et leur patriotisme français, auront un jour le courage de prendre leurs distances avec des « fous de Dieu » aussi dangereux que ces autres « fous de Dieu » que sont les islamistes. Je connais des Juifs qui ont émigré en Israël et qui en sont revenus, dégoûtés par l’inhumanité et la paranoïa des dirigeants sionistes. En Israël même, il y a des laïques qui voudraient que leur pays soit enfin un pays comme les autres.     

En attendant, et c’est le plus dangereux, l’attitude criminelle et irresponsable d’Israël est en train de faire monter les comportements et même les actes antisémites (qui doivent, évidemment, être condamnés énergiquement) dans les pays occidentaux. Ceux-ci sont le fait, en particulier, d’individus de confession musulmane : le comportement fou d’Israël est en train d’alimenter l’islamisme, directement contre nos concitoyens de confession juive, mais aussi contre l’Occident en général, accusé de collusion avec Israël. Les crimes d’Israël ne sont certes pas la seule cause de la montée de l’islamisme (elle n’en est même pas la principale), mais elle y contribue.   

Cela est inquiétant et dangereux. C’est pourquoi, il faut combattre le sionisme et ses crimes : ne pas condamner les agissements d’Israël, c’est agir contre nous Occidentaux et c’est agir en premier lieu contre les Occidentaux de confession juive.

5/ Il est vrai qu’il y a un paradoxe : la collusion actuelle entre les monarchies arabes du Golfe, en premier lieu l’Arabie saoudite, et Israël. Les deux se sont alliés contre l’Iran, preuve du cynisme encore plus grand des islamistes au pouvoir à Riyad que des sionistes au pouvoir à Tel-Aviv.

Le cynisme saoudien bat en effet tous les records : la Palestine arabe ne reçoit quasiment aucune aide de l’Arabie saoudite (ce pays n’a pas accueilli, non plus, de réfugiés syriens alors qu’il est largement responsable du chaos qui règne en Syrie du fait de l’aide apportée à la subversion islamiste). Pis, le régime au pouvoir en Egypte, placé et financé par l’Arabie saoudite (qui a chassé d’autres islamistes, eux affiliés au Qatar), contribue à asphyxier Gaza en fermant hermétiquement la frontière avec l’Egypte, autrefois une possibilité de ravitailler la « bande ».

Pauvres Palestiniens ! Abandonnés par les Arabes, livrés par les Américains (et leurs satellites européens, certes plus critiques mais hypocrites car l’UE a signé un accord d’association avec Israël extrêmement avantageux pour lui) aux Israéliens, pas vraiment défendus non plus par la Russie (Netanyahou était à Moscou le 9 mai comme invité d’honneur de la célébration de la victoire sur le nazisme) et la Chine.

Espérons (on peut rêver) que ces assassinats de masse sur la frontière de Gaza réveilleront un peu ce qui reste d’humanité et du sens de la justice et de la compassion chez ces Occidentaux si prompts à dénoncer les violations des droits de l’homme quand elles sont supposées se produire dans des pays non alignés sur Washington, mais étrangement discrets quand il s’agit d’Israël./.

Yves Barelli, 15 mai 2018                         

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31 mars 2018 6 31 /03 /mars /2018 18:50

Au moins 16 morts, plus de 1000 blessés du fait le 30 mars d’une riposte israélienne sauvage et  disproportionnée à une manifestation palestinienne pacifique organisée à partir de la « bande de Gaza » sur la frontière avec Israël. Il ne s’agit pas d’une « bavure » mais de l’usage délibéré systématique des forces armées israéliennes avec tirs à balles réelles sur les populations palestiniennes civiles. Cela dans un contexte de violation systématique par Israël à la fois de toutes les résolutions du Conseil de Sécurité depuis soixante-et-dix ans, de toutes les conventions internationales sur le traitement en temps de guerre ou en temps de paix des populations civiles et, tout simplement, de l’éthique qui devrait être celle d’une société civilisée. Cela en toute impunité du fait de l’usage systématique au CSNU du véto par les Etats-Unis et de la complicité avouée ou inavouée des alliés et vassaux occidentaux des Etats-Unis, notamment ceux membres de l’Union européenne, et des régimes arabes islamistes du Golfe, à commencer par l’Arabie saoudite. Un scandale et une injustice qui n’ont que trop duré et qui n’honorent ni ceux qui commettent le crime ni ceux qui laissent faire. Un comportement honteux qui, malheureusement, est de nature à alimenter l’ « antisémitisme » dans le monde en dépit de la dénonciation de cette politique israélienne abjecte par des Juifs plus courageux et plus responsables que ceux qui confondent bêtement judaïsme, religion et culture multimillénaires estimables, et l’entité étatique sioniste qui en est la perversion.

1/ Israël n’est pas un Etat comme un autre. Un rappel historique n’est pas inutile pour ceux qui ne sont pas familiers de la problématique arabo-juive de la Palestine.

Le « mouvement sioniste » (qui tire son nom de l’aspiration de retour à « Sion », l’une des collines de Jérusalem) est né à la fin du 19ème siècle en Europe à la suite des nombreuses persécutions contre les Juifs en Europe Orientale (Russie notamment), mais aussi du sentiment d’injustice souvent ressenti par les Juifs en Europe Occidentale (« affaire Dreyfus » notamment qui vit l’accusation mensongère et la condamnation injuste d’un capitaine de l’armée française – réhabilité ensuite grâce, notamment à Emile Zola -). Ce mouvement organisa une émigration juive en Palestine, alors territoire britannique sous mandat.

Cette idée de retour vers un territoire biblique de grande valeur sentimentale pour donner au « peuple » juif (le mot peuple étant ici pris dans son acception la plus neutre possible tant il est difficile de le nommer plus précisément : « nation », « nationalité », « religion » ou « collectivité » culturelle pouvant appartement à des nations diverses ; aujourd’hui, et c’est une partie du problème, certains Juifs de France, par exemple, se définissent comme Français accessoirement de confession ou de tradition juive et ne voient en Israël qu’un Etat étranger, pour les citoyens desquels ils peuvent avoir une sympathie particulière, alors que, pour d’autres, leur appartenance à la « Nation » juive, qui implique un soutien inconditionnel à Israël, passe avant leur nationalité française. Idem pour d’autres pays) un foyer national à base territoriale peut se comprendre. Et on ne peut que le comprendre encore davantage après le drame de la « Shoah » durant la seconde guerre mondiale.

L’ennui, c’est que depuis l’Antiquité et la destruction du Temple de Jérusalem en l’an 70, prélude à la « diaspora » vers d’autres terres, le destin de la Palestine a évolué sans les Juifs : il n’y avait à la veille de la seconde guerre mondiale que 6% de Juifs en Palestine contre 94% d’Arabes (les « Palestiniens »). Par une politique d’achat de terres et de logements financée par des fonds importants (destinés aussi aux voyages et à l’installation des immigrants) doublée, lorsque les Juifs sont devenus plus nombreux, de mesures d’intimidation et de spoliation envers les Arabes non vendeurs, l’immigration juive est rapidement devenue massive : moins de 80 000 Juifs en Palestine en 1918, 650 000 en 1948.

La politique britannique (rappelons que la Palestine était sous leur administration) a été hésitante et donc fluctuante, tantôt favorisant l’implantation sioniste, tantôt essayant de la décourager, tant et si bien que, face à une situation devenue incontrôlable du double fait qu’il était délicat de s’opposer au mouvement juif après ce qui s’était passé pendant la seconde guerre mondiale, et que les frictions entre Juifs et Arabes sur place firent rapidement place à une confrontation, le gouvernement de Londres préféra renoncer à son mandat sur la Palestine. L’ONU proposa alors (1947) le partage du territoire (quasiment moitié moitié) entre une entité juive et une entité arabe avec internationalisation de la ville de Jérusalem avec statut particulier. La partie juive (sauf la minorité la plus extrémiste) aurait pu se satisfaire du partage mais la partie arabe la refusa et les pays arabes prirent l’initiative de partir en guerre contre l’Etat d’Israël proclamé en 1948 dans la partie juive de la Palestine (on ne soulignera jamais assez combien la politique des gouvernements arabes a été souvent stupide et contreproductive, et même parfois criminelle, dans cette affaire).

Le conflit de 1948 se termina par une victoire israélienne qui se concrétisa par l’agrandissement d’Israël aux dépens de la partie arabe et l’expulsion de plus de 500 000 Palestiniens arabes vers les pays voisins.

Trois autres conflits arabo-israéliens suivirent : 1956 (en complément de la tentative franco-anglaise de s’emparer du canal de Suez nationalisé par l’Egypte), 1967 (victoire écrasante d’Israël qui occupa l’ensemble de ce qui restait de Palestine arabe - qui avait été rattachée à la Jordanie – « Cisjordanie », sur la ,rive droite du Jourdain – et à l’Egypte – Gaza - , ainsi que toute la péninsule égyptienne du Sinaï jusqu’au canal de Suez, et le plateau syrien du Golan) et, enfin, 1973 (récupération arabe d’une petite partie des territoires perdus mais, surtout, devant l’impasse militaire, reconnaissance de droit ou de fait d’Israël par les pays arabes et premières tentatives de règlement négocié, jamais vraiment suivi d’effet de la part d’Israël).

2/ On peut analyser ce qui précède comme une justice vis-à-vis des Juifs (la création d’un foyer national à base territoriale vue comme la garantie que désormais les Juifs avaient l’organisation, la force et la voix de nature à éviter que se reproduise un jour le drame de la Shoah – génocide d’un peuple sans existence légale - ; j’aurais compris qu’on leur donna une portion de territoire allemand en compensation des crimes nazis) au prix d’une injustice vis-à-vis du peuple palestinien chassé par la force de son propre foyer national, peuple lui aussi sans voix (car même pas défendu par les autres Arabes, notamment la Jordanie et l’Egypte qui se sont empressés de s’emparer de ce qui restait de son territoire) et aspirant notamment pour cela à avoir son propre Etat.

Certains objectent, pour s’opposer aux droits légitimes des Palestiniens, des arguments d’ordre biblique (la Palestine serait la « terre promise » par Dieu au Peuple juif) ou encore parce que la Palestine aurait été peuplée de Juifs dans l’Antiquité avant qu’ils ne soient contraints à l’exil par l’occupation romaine.

On voit les conséquences de tels arguments s’ils étaient extrapolés à d’autres situations historiques : faudrait-il rendre la Turquie à la Grèce, dépossédée au 15ème siècle ? Et la Turquie orientale aux Arméniens, victimes du génocide de 1915 ? Faudrait-il donner la Camargue et l’Andalousie aux Tsiganes, autre peuple sans Etat, sous prétexte que les Saintes-Maries-de-la-Mer et Grenade sont pour eux des lieux sacrés de pèlerinage ? Ou le Vietnam aux Cambodgiens, la Hongrie, créée par les Huns, aux Slaves, et, pourquoi pas, les Etats-Unis aux Amérindiens, peuple aux dépens duquel ils se sont formés ? Ou encore une Occitanie indépendante car colonisée au 13ème siècle par les Français sur fond de génocide des Cathares ? Et il y a bien d’autres exemples analogues.

3/ Sauf à créer ou recréer des conflits perpétuels en voulant refaire l’histoire, la sagesse veut qu’on s’en accommode.

Qu’Israël soit un juste retour pour un peuple dispersé qui a failli disparaitre par génocide ou que ce ne soit qu’une implantation étrangère par conquête coloniale, c’est une question importante mais qui ne fait pas avancer la recherche d’une solution. Israël est une réalité incontournable, garantie par l’une des plus fortes armées au monde, la bombe atomique et la protection inconditionnelle des Etats-Unis (au moins aussi longtemps que la majorité des Américains s’accommodera de l’omnipuissance du « lobby » juif local. Cela pourrait ne pas être éternel). Le réalisme conduit à le reconnaitre, ce qui est aujourd’hui le cas de tout le monde (même la non-reconnaissance de l’Iran est purement rhétorique). Admettre que les Arabes qui en ont été expulsés en 1948 ne reviendront jamais est également réaliste (après tout, les Etats arabes ont assez d’argent et de terres pour les intégrer, ce qui est, de toute façon, le cas de la majorité d’entre eux).

Il conviendrait, en revanche, qu’Israël accepte une bonne fois pour toutes de se conformer à la résolution 242 du Conseil de Sécurité (une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU a un caractère obligatoire pour tous ; sa force vient notamment qu’aucun membre permanent ne s’y est opposé) votée en 1967 à l’unanimité des membres du CSNU, y compris les Etats-Unis, et demandant l’évacuation des territoires occupés en 1967 par Israël, y compris Jérusalem-Est. Or, Israël non seulement refuse de se conformer à cette injonction internationale mais a, en outre, annexé unilatéralement Jérusalem (la « communauté internationale, non seulement demande l’évacuation de Jérusalem-Est mais n’a jamais reconnu la souveraineté israélienne sur l’autre partie de la ville : c’est pourquoi, les ambassades sont à Tel-Aviv et non à Jérusalem – la récente décision américaine d’y transférer l’ambassade est un sérieux accro à ce consensus) et le plateau syrien du Golan et, plus grave encore, a installé des colons juifs (plus de 500 000 à ce jour) en Cisjordanie occupée.

Il conviendrait aussi qu’Israël reconnaisse l’Etat de Palestine arabe (désormais reconnu par la majorité des Etats dans le monde et admis à l’UNESCO et dans d’autres organisations internationales) et lui permette de fonctionner. Non seulement Israël ne le fait pas mais il mine le peu de consistance de l’ « autorité palestinienne », sorte d’Etat-croupion dont la plus grande partie du territoire (pas seulement les « colonies »), y compris toutes ses frontières, est directement sous administration militaire israélienne, tandis que la « bande de Gaza », évacuée par Israël mais soumise périodiquement à des incursions militaires meurtrières (plus de 1000 morts la dernière fois), est une prison à ciel ouvert, Israël en faisant le blocus terrestre et maritime (tout navire s’en approchant est immédiatement arraisonné selon les « lois » de la piraterie maritime).

Il conviendrait enfin qu’Israël accepte d’entamer des négociations sérieuses avec la partie palestinienne, ce qui n’a jamais vraiment été le cas (le soit disant « processus de paix » est, de fait, une mise en scène dans laquelle chacun trouve son compte : Israël qui « fait semblant » tout en aggravant son occupation, les Etats-Unis et le reste de la « communauté internationale » qui se donnent le beau rôle en « facilitant » le rapprochement des « parties » sans rien faire de sérieux pour obliger la partie israélienne à enfin se comporter de manière civilisée, mais aussi le « gouvernement » de la soit disant « autorité palestinienne », de fait sans aucune autorité et qui continue son ronron dans un contexte de corruption généralisée et de division entre factions rivales).

4/ Il est évident que les conditions d’un règlement « juste et durable », comme on dit, ne sont en aucune façon réunies. Le cynisme d’Israël est évident. La complicité, active ou passive, de tous les autres aussi : les Etats-Unis « couvrent » Israël pour la raison évidente que le lobby juif y est omnipuissant (le Congrès en est l’otage et le Président aussi par voie de conséquence : on peut même dire que si Trump a décidé le transfert de l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, c’est pour s’attirer les bonnes grâces du lobby juif, ce qui lui assure l’impunité au Congrès où certains avaient des velléités d’ « impeachment » en relation avec les conditions de son élection) ; les pays membres de l’Union européenne sont certes moins partiaux (ils souhaitent la création d’un Etat palestinien) mais ne font rien de sérieux vis-à-vis d’Israël (qui a un accord d’association avec l’UE très favorable) ; souvent les lobbies juifs y sont influents (voir ainsi l’empressement de tous les partis français à manifester sous le moindre prétexte un soutien à la « communauté » juive qui, souvent, se confond avec un soutien sans nuance à l’Etat d’Israël) ; l’Arabie Saoudite a conclu de fait un pacte stratégique avec Israël pour combattre conjointement l’Iran et l’ « arc chiite » (ce qui n’empêche pas Israël de ménager la Syrie de Bachar car un Etat islamique à Damas serait pire) ; la Russie et la Chine soutiennent certes les Palestiniens mais, surtout la Russie, entretiennent des relations étroites avec Israël ; bref, quand il y a soutien aux Palestiniens, cela est purement rhétorique comme sont aussi rhétoriques les critiques, prudentes, quand il y en a, vis-à-vis d’Israël, même lorsque cet Etat voyou est coupable des pires crimes.

5/ Il ne faudrait pourtant pas se tromper de priorités.

La priorité des priorités doit être la lutte contre l’islamisme, au Moyen-Orient comme ailleurs. Nous sommes face à une idéologie foncièrement mauvaise qui a déclaré la guerre au monde civilisé (contre l’Occident mais, de fait et paradoxalement, fort peu contre l’ « entité sioniste »). Elle nous frappe au cœur même de nos nations.

Le Moyen-Orient est suffisamment déstabilisé comme cela sans qu’on en rajoute. Non seulement la destruction de ce qu’il ne me gêne pas qu’on appelle encore l’ « entité sioniste » jusqu’à ce qu’elle devienne un Etat civilisé, relève du rêve fou, mais ce n’est plus dans l’intérêt bien compris de la communauté internationale. Il faut au contraire œuvrer à une bonne insertion d’Israël dans la région. Il en est l’un des rares Etats stables. Inutile de le déstabiliser. Cet Etat a des défauts, à commencer par son comportement criminel. Mais, objectivement, il n’est pas pire que bien d’autres, notamment les monarchies wahhabites.

On peut même comprendre, vu la poudrière et les dangers de dérive islamiste que sont en fait les Etats arabes qui entourent Israël, que ce pays soit prudent et qu’il hésite à laisser se créer une Palestine arabe indépendante qui risquerait d’être aussi anarchique et aussi islamiste que les autres. Il est sans doute irréaliste d’espérer un règlement définitif du contentieux israélo-palestinien avent que la question générale de la stabilité de l’ensemble du Moyen-Orient soit résolue (ce qui signifie notamment l’éradication de l’idéologie islamiste en tant que telle et la volonté, enfin, des Arabes de vivre comme les autres peuples de la terre ; à cet égard, tant que les Arabes ne renonceront pas à leur soubassement religieux, il sera difficile de demander aux Israéliens de le faire, ce qui, pourtant, à terme, est indispensable : tant qu’Israël s’autoproclamera « Etat hébreux », ce sera la matérialisation d’une forme de racisme à l’encontre de ceux qui ne sont pas juifs).

Mais en attendant un règlement définitif, actuellement utopique, de la question israélo-palestinienne, au moins les « amis » et « affidés » d’Israël  (à commencer par Trump) pourraient-ils demander, voire exiger, de son gouvernement, qu’il arrête de donner l’ordre de tirer sur des innocents, d’implanter de nouvelles colonies de peuplement en chassant les autochtones et de mettre en veilleuse les humiliations quotidiennes auxquelles sont soumis les Palestiniens.

Quant aux Juifs de France (pour m’en tenir à ce pays qui est le mien), je crois que ce n’est pas dans leur intérêt et encore moins leur honneur de donner l’impression qu’ils sont complices des crimes israéliens.

Il y a parmi eux des fanatiques, à commencer par les dirigeant d’organisations soit disant représentatives (mais auto-proclamées) des Juifs de France, qui ne sont que des courroies de transmission du sionisme. Je demande aux dirigeants politiques français d’éviter de s’afficher à leurs côtés dans leurs manifestations agressives qui, hélas, se servent souvent du drame de la Shoah, ou d’actes plus contemporains dont sont victimes des Juifs, pour alimenter leur propagande nauséabonde.

Mais il y a, heureusement, de nombreux Juifs en France (j’en connais un certain nombre) qui se veulent Français avant tout et qui sont souvent critiques vis-à-vis d’Israël tant pour son fondement religieux (parce qu’ils sont laïques) que pour sa politique (parce qu’ils sont attachés aux droits de l’homme et parce qu’ils ont une vision plus intelligente et à plus long terme que les sionistes). On ne va certes pas leur demander de se désolidariser totalement d’Israël dont l’existence est vue comme un corollaire de leur judaïté. Il faut les aider en évitant les complicités tacites et en appelant un chat un chat : un crime est un crime, que son auteur soit juif ou non. Cela n’a rigoureusement rien à voir avec la Shoah. On peut, et on doit, condamner toute forme d’antisémitisme. Cela n’a rien à voir et n’est en aucune façon contradictoire avec la dénonciation, qui ne devrait même pas se discuter, des crimes de l’Etat-voyou d’Israël.

Mais notre critique envers Israël serait sans doute mieux comprise si notre condamnation des actes antisémites était assortie d’une lutte implacable contre ceux qui les commettent et contre leurs inspirateurs. Aujourd’hui, l’antisémitisme en France n’a plus rien à voir avec un triste passé heureusement révolu. Il s’est banalisé dans toute la frange de la société qui, dans certaines de nos banlieues, est sous l’emprise de l’islamisme. Dans ces banlieues, par exemple en Seine-Saint-Denis, nos compatriotes juifs sont contraints de partir ou de se cacher et un prof d’histoire hésite désormais à parler de la Shoah. Cela est inadmissible. Il faut reconquérir d’urgence les territoires perdus par la République. C’est la priorité. Avant même l’édification d’un Etat palestinien./.           

Yves Barelli, 31 mars 2018                                                                                               

 

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2 octobre 2011 7 02 /10 /octobre /2011 23:05

onu.jpgLe président de l’autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a formellement déposé le 23 septembre 2011 une demande d’admission de l’Etat palestinien à l’ONU. Ce geste ne mettra évidemment pas fin à l’occupation israélienne qui perdure depuis 1967. On sait aussi que cette demande n’aboutira pas puisque les Etats-Unis ont d’ores et déjà annoncé qu’ils mettront leur véto lorsque la demande sera soumise au vote du Conseil de Sécurité. Cette démarche, inutile en apparence, va pourtant dans le bon sens.


1/ Le « processus de paix » est bloqué depuis de longs mois du fait de l’intransigeance du gouvernement israélien de M. Netanyahou. Pendant ce temps, les implantations de colons s’intensifient en Cisjordanie ; elles violent les règles générales du droit international (qui interdit de modifier la composition démographique d’un territoire occupé), les résolutions de l’ONU, tant du Conseil de Sécurité que de l’Assemblée Générale, et les engagements israéliens antérieurs. L’occupation reste très dure avec des contrôles incessants et humiliants de l’armée israélienne. Un « mur de sécurité » a été construit par les Israéliens bien au-delà de l’ancienne ligne de démarcation. Le blocus de Gaza se poursuit.


On se heurte au cynisme de l’Etat « hébreu » qui feint de vouloir discuter pendant qu’il poursuit sa politique de fait accompli d’annexion pure et simple de l’ensemble de la Palestine. Dans ces conditions, reprendre les discussions pour la énième fois comme si rien ne se passait, serait, pour les Palestiniens, non seulement inutile, mais contreproductif. Depuis 1967, et plus encore depuis les accords d’Oslo de 1993, tout a été dit. Il faudrait enfin passer aux actes ! Les rares « gestes » israéliens n’ont eu aucune portée pratique : Gaza évacuée reste sous embargo et les incursions et raids israéliens n’y ont jamais cessé ; en Cisjordanie, c’est sur un patchwork de territoires épars et encerclés que règne l’ « Autorité Palestinienne ».

 

La démarche d’admission à l’ONU prend donc tout son sens : ce qui n’a pu être obtenu par le bilatéral et par la médiation partiale des Etats-Unis et de leurs alliés, le sera peut-être par l’implication de l’ensemble de la communauté internationale.

 

2/ Cette démarche est-elle suffisante ? Evidemment non. La légitimité de l’Autorité Palestinienne de Ramallah était encore, il y a peu, précaire. A l’heure des « révolutions arabes », le régime de Mahmoud Abbas n’a pas montré, jusqu’ici, un grand allant en matière de respect des droits de l’homme et de probité ; la corruption de nombre de ses dirigeants est de notoriété publique. De plus, son attitude a souvent donné quelques raisons à ceux qui l’accusent de complaisance excessive vis-à-vis des occupants israéliens et de leurs protecteurs américains. Le fait que les Occidentaux se soient appuyés sur lui pour contrer le Hamas pourtant démocratiquement élu à Gaza a encore renforcé cette mauvaise image.


Sans doute M. Abbas l’a-t-il compris. La « réconciliation », quoique encore fragile, du printemps avec le Hamas a été un premier pas sur la voie d’une plus grande légitimité. La demande d’admission à l’ONU avec le discours très applaudi, par les diplomates onusiens mais aussi par la rue arabe, d’Abbas devant l’Assemblée Générale en a été un second. Désormais, Abbas n’est plus la marionnette aux mains de Washington qu’il semblait être. Il s’est réapproprié le droit de parler au nom des Palestiniens, y compris ceux de Gaza en dépit de la mauvaise humeur que sa prestation new-yorkaise a suscité chez les dirigeants islamistes gazaouis, eux-mêmes en perte de vitesse.

 

3/ Cette légitimité reconquise par l’Autorité palestinienne affaiblit en sens inverse celles du gouvernement israélien, plus isolé que jamais dans la région, et celle de Barack Obama qui, par son absurde véto, ruine les efforts qu’il n’a cessé de déployer depuis son élection pour reconquérir l’opinion arabe.


4/ Une fois de plus, l’Europe a été incapable de présenter une position commune. Comme d’habitude, une partie des membres de l’UE va s’aligner sur Washington, probablement une majorité. Il sera intéressant de voir lesquels. On feindra, cette fois encore, de prononcer quelques paroles convergentes : appel aux parties à reprendre la discussion, veux pieux en matière de paix, de démocratie et de coopération. Dérisoire ! Plus que jamais la soit disant « politique étrangère et de défense commune » européenne n’a aucune consistance.


5/ Si les Européens veulent exister, il appartient aux Etats de ce continent de définir à nouveau des politiques nationales conformes à leurs traditions et à leurs intérêts. L’intervention en Libye a montré que la France et le Royaume-Uni étaient capables d’initiatives hors du cadre de l’Union européenne. On les attend désormais sur le dossier israélo-palestinien.


La proposition française d’Etat palestinien « observateur » est astucieuse à défaut d’être originale. Elle peut être politiquement utile, à condition toutefois que Paris vote au préalable au Conseil de Sécurité en faveur de l’admission, sinon elle ne sera reçue que comme une manœuvre de plus.


6/ D’ores et déjà, la démarche d’admission palestinienne peut compter sur le soutien d’au moins 140 Etats sur les 193 que compte l’ONU (largement plus que les deux-tiers). Si les Palestiniens obtiennent la majorité qualifiée au Conseil de Sécurité, l’admission en tant qu’Etat membre de l’ONU ne sera pas acquise puisque les Etats-Unis opposeront, leur véto (rappelons qu’il faut 9 voix sur 15 en l’absence d’un vote négatif d’un membre permanent pour que le CS recommande à l’AG l’admission ; celle-ci doit alors être acquise avec une majorité des deux-tiers mais le vote n’a pas lieu si le CS n’a pas pris de décision), mais ils auront remporté une victoire diplomatique décisive et désigné Washington comme responsable du blocage.


La voie sera alors ouverte à la décision de l’Assemblée Générale d’admettre la Palestine en tant qu’ « Etat observateur », en fait acte international de reconnaissance de l’Etat prélude à une cascade de reconnaissances bilatérales (ce qui obligera notamment les Européens à prendre leurs responsabilités : soit reconnaitre, soit apparaitre comme complices de l’occupation persistante). Le processus avait été initié avec le statut d’observateur conféré en 1974 à l’OLP, puis en 1988 à la « Palestine » (sans que le mot Etat soit mentionné), enfin en 1998 en conférant à cette entité toujours pas qualifiée pratiquement toutes les prérogatives d’un Etat membre à l’exception du droit de vote. Le statut d’Etat observateur (seul le Vatican, qui n’a jamais demandé à être admis comme Etat-membre, a actuellement ce titre) sera donc un aboutissement logique qui n’avait certes pas besoin de la « proposition » française pour intervenir.

 

7/ Sur le terrain, la situation ne sera pas fondamentalement changée mais les Palestiniens, s’ils sont capables de s’unir, tant à Ramallah qu’à Gaza, seront renforcés. Les Israéliens n’ont certes que faire de l’opinion internationale mais leur position en sera un peu plus fragilisée. On peut raisonnablement penser qu’ils réfléchiront à deux fois avant de prendre les mesures concrètes de rétorsion (bouclage des territoires, interdiction faite aux dirigeants de voyager, comme ils l’avaient fait pour Arafat) dont ils n’avaient jamais fait mystère en cas de proclamation d’un Etat palestinien. C’est cette menace qui avait jusqu’à présent dissuadé les Palestiniens, trop faibles, de franchir le pas. Il y a désormais une nouvelle donne.


8/ Les Etats-Unis auront de plus en plus de mal à couvrir les agissements israéliens d’autant qu’ils risquent eux-mêmes d’être isolés sur la scène internationale et proche-orientale. La Turquie, puissance montante, a opéré un virage à 180°, rompant en pratique avec Israël ; l’Egypte prend ses distances ; nombre d’Européens prennent le même chemin. En France, la gauche, longtemps pro-israélienne, critique désormais vertement l’intransigeance de Tel-Aviv. A cet égard, l’évolution de Jean Daniel, éditorialiste de l’influent Nouvel Observateur, longtemps suspecté de bienveillance exagérée vis-à-vis du sionisme, est instructive ; il n’est pas le seul.


9/ Il serait bon que ceux des Européens qui ne l’ont pas encore fait (avant d’être imités, on peut rêver, par les Américains) réexaminent leurs positions. Il y a longtemps qu’Israël n’est plus menacé dans son existence. Au contraire, c’est lui qui menace ses voisins ; il dispose de la bombe atomique et de l’une des armées les plus puissantes au monde. Cela a été une erreur d’inscrire le Hamas et le Hezbollah sur la liste des mouvements « terroristes » : la résistance à l’agresseur et la lutte légitime, même sous des formes parfois condamnables, pour se libérer d’une occupation ne peuvent être assimilées au terrorisme. En revanche, Israël, qui bafoue toutes les résolutions du Conseil de Sécurité et qui procède à des assassinats prémédités, se comporte en Etat terroriste.


10/ L’unique solution à cette situation qui empoisonne le monde depuis cinquante ans est de se conformer aux résolutions du Conseil de Sécurité : évacuation sans condition de tous les territoires occupés depuis 1967, y compris Jérusalem-Est, démantèlement des colonies et expulsion des colons des territoires palestiniens, indemnisation, à défaut de retour, des réfugiés palestiniens dans les pays voisins, reconnaissance mutuelle d’Israël et de la Palestine, admission pleine de la Palestine à l’ONU, organisation, sous les auspices de la communauté internationale, de la cohabitation et de la coopération entre Israël et ses voisins, garantie internationale du libre accès aux lieux saints de Jérusalem, vaste « plan Marshall » en faveur de la Palestine. Le reste n’est que littérature et tergiversations hypocrites !


Yves Barelli, le 25 septembre 2011

 

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