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2 avril 2014 3 02 /04 /avril /2014 15:58

En remportant 61 sièges sur 101 contre 20 à la gauche et autant au Front National, les listes du maire sortant de droite Jean-Claude Gaudin ont enregistré à Marseille les 23 et 30 mars un succès éclatant sur le socialiste Patrick Mennucci. Gaudin continuera en conséquence à gouverner la cité phocéenne. Ses coéquipiers géreront en outre six secteurs sur huit (les mairies de secteur ont des compétences réduites mais elles contribuent à l’implantation d’un parti), le Front National (ce qui est nouveau) et les Socialistes se partageant les deux autres.   

Si le PS a subi une lourde défaite sur le plan national (voir mon article sur ce même blog : « élections municipales en France : le syndrome Zapatero »), c’est à un naufrage qu’on a assisté à Marseille. Ce parti, qui a dirigé la deuxième ville de France pendant des décennies (Gaston Defferre, forte personnalité d’envergure nationale, en a été maire pendant plus de trente ans et, à cette époque, la seconde force politique était le Parti Communiste tandis que la droite et le centre se partageaient entre une opposition municipale ultra minoritaire et une force d’appoint à Defferre, avec notamment Jean-Claude Gaudin, l’actuel maire), sort laminé et divisé de ce scrutin au point que tous les scénarios sont possibles sur son avenir (reconstruction, mais avec qui ? ou éclatement).     

1/ La partie n’était pourtant pas gagnée d’avance pour Jean-Claude Gaudin, âgé de 75 ans, à la tête de la municipalité de la cité phocéenne depuis dix-neuf ans et que l’on disait « usé ». Les sondages menés au cours de 2013 mettaient au coude à coude la droite sortante et ses « challengers » de gauche pour diriger la deuxième ville de France, longtemps ancrée à gauche et fortement touché par le chômage, la pauvreté et la violence. Ce ne sont pas les sondages qui se sont trompés, mais les électeurs qui ont changé leurs intentions dans les dernières semaines de la campagne.  

La campagne de Gaudin, fort du succès de l’opération « Marseille, capitale européenne de la culture », qui a vu se succéder d’importantes manifestations artistiques et festives tout au long de 2013 et qui a été marquée par plusieurs réalisations de prestige comme le MUCEM (musée des cultures européennes et méditerranéennes) qui ont permis à la cité d’améliorer son image, de mieux se faire connaitre à l’étranger et aux Marseillais de quelque peu reprendre confiance en eux-mêmes et en leur ville, a été tranquille et consensuelle.

Le maire sortant, à l‘image de patriarche bienveillant pour sa ville, jugé par presque tous comme sympathique et représentatif de la personnalité marseillaise (Gaudin, né à Marseille, y ayant toujours vécu, s’exprimant comme tout le monde avec un savoureux accent local, a une image qui est tout le contraire du technocrate parisien, ce qui plait aux Marseillais) a habilement joué de son image rassurante et surtout des erreurs de son adversaire et de l’impopularité du gouvernement de Hollande.

Gaudin, en politicien expérimenté, a encore accentué son avance entre les deux tours (pour sa part, il a été élu, de justesse, dès le premier tour dans les quartiers sud) en ralliant la radicale de gauche guériniste Lisette Narducci et le dissident de droite Robert Assante, lui évitant ainsi toute mauvaise surprise (d’autant que Pape Diouf, ancien président de l’Olympique de Marseille - une institution ici – qui avait monté au dernier moment une liste qui n’a recueilli que 6% des voix a refusé de se désister pour les socialistes, ce qui était pourtant attendu).

2/ La campagne de Patrick Mennucci, lui aussi Marseillais de toujours, au profil finalement assez proche de Gaudin (même corpulence, même façon de parler, même goût pour les formules), avait pourtant plutôt bien commencé. Maire du premier secteur de la ville (Marseille est divisée en 16 arrondissements, regroupés deux par deux en mairies de secteurs) et député bien élu en 2012, bien préparé, pensait-on, à la fonction de maire dont il rêvait depuis longtemps, Mennucci avait remporté assez brillamment la primaire socialiste d’octobre 2013. Il s’était en particulier imposé face à Marie-Arlette Carlotti, pourtant ministre du gouvernement, éliminée dès le premier tour, et face à Samia Ghali, maire du secteur des « quartiers nord », la seule avec une base populaire réelle.

Il est vrai que cette primaire avait laissé des traces. Le divorce avec Carlotti était évident, celui avec Ghali, à peine mieux surmonté, et les inimitiés avec Caselli, président de la Communauté urbaine (conseil d’agglomération) ou avec Christophe Masse surmontées seulement en apparence. Cette division des socialistes marseillais n’avait pas été du meilleur effet. Mais, sur les rives du Vieux-Port, on est habitué, dans tous les partis, aux affrontements et aux divisions. Elles ont peut-être laissé des traces plus fortes que ce qu’on pensait. La réputation d’être « clivant », qui collait déjà à la peau de Mennucci, en est sortie renforcée. Elle contraste, évidemment, avec celle de consensuel de Gaudin. Or, à Marseille, ville qui souffre d’un certain complexe de persécution face aux préjugés extérieurs, on préfère les rassembleurs, surtout lorsqu’il s’agit de faire front face aux attaques supposées de Paris.

Au-delà de ce « péché originel », Patrick Mennucci et les socialistes marseillais ont multiplié les erreurs dont en voici quelques-unes :

a/ Mennucci a axé sa campagne sur ce qui a été ressenti par les Marseillais comme des attaques personnelles injustes à l’encontre de Jean-Claude Gaudin, dont l’âge, la « fatigue » et l’ « immobilisme » ont été mis en exergue. Plutôt que de mettre l’accent sur le bilan, contestable sur bien des points (par exemple, la réalisation d’un tramway fort coûteux qui est souvent parallèle au tracé du métro alors que de nombreux quartiers ne sont pas desservis), le PS a prétendu que la municipalité sortante n’avait rien fait.

Le pire a été d’imputer les nombreux problèmes de la ville à la seule municipalité Gaudin alors que, les pouvoirs d’un maire n’étant pas universels, il n’a pas la maîtrise de tout. Ainsi, on a reproché à Gaudin le chômage, la pauvreté, la qualité insuffisante de l’enseignement, la saleté de la ville et, plus encore, l’insécurité et la violence. Or, ces insuffisances ne sont-elles pas au moins autant imputables aux carences du gouvernement (l’actuel, mais aussi les précédents) qu’à la municipalité ? Quant à la saleté des rues, la critique est tombée à plat car le ramassage des ordures est de la compétence de la communauté urbaine (un regroupement tout à fait artificiel de Marseille, commune trois fois plus vaste que celle de Paris, qui inclue presque toutes ses banlieues, avec des villes de sa périphérie, mais pas toutes et souvent les plus éloignées – Aix-en-Provence et Aubagne n’en font pas partie), organe bureaucratique dirigé par un socialiste!

b/ Alors que l’emploi et l’insécurité étaient, selon les sondages, les problèmes qui préoccupaient le plus les Marseillais, les socialistes ont axé leur campagne sur les méfaits du clientélisme et la nécessité de faire de la politique « autrement ». Fort bien, mais le problème est que les socialistes ont donné l’impression de s’enfoncer dans le clientélisme et de se vautrer dans des magouilles dignes des pires époques du passé.

La constitution des listes a été, à cet égard, un modèle, si l’on peut dire, de ce que les gens ne veulent plus. Toutes les baronnies locales (qui correspondent souvent aux candidats retenus pour la primaire, dont toute personnalité nouvelle a été écartée par le parti) ont pu constituer leurs listes de secteurs avec les sortants, leurs amis et leurs clients avec tout ce qu’il faut de touches communautaristes et de magouilles politiciennes. Mennucci a fait le grand rassemblement de politiciens de peu d’envergure issus des Verts (dont le chef de file, Karim Zéribi, ancien footballeur et passé par diverses formations politiques, est de toutes les compromissions) et du MODEM (dirigé localement par un ancien écologiste spécialiste des slaloms politiques) auxquels on a ajouté quelques « fils de » ou « copains de ». Ainsi Christophe Masse (ridiculisé dans le 6ème secteur où il est arrivé loin derrière la droite et le FN), fils et petit-fils d’une lignée de dirigeants socialistes (populaires et compétents du temps de Defferre) a réussi à placer sa sœur sur sa liste, au grand dam de militants exclus. La ministre Marie-Arlette Carlotti, l’ « égérie » (elle peut faire penser à l’ukrainienne Timochenko, championne de l’hypocrisie) de la lutte contre le clientélisme et pour une politique « propre » (ce qui ne l’empêche pas, en dépit du vide sidéral de son action au gouvernement, d’être parmi les trois membres du gouvernement cumulant les plus fortes indemnités, grâce à d’autres mandats où elle est tout aussi inactive), a écarté de sa liste toute personnalité qui aurait pu lui porter ombrage pour mettre sa secrétaire, un membre de son cabinet ministériel et quelques autres personnages parfaitement inconnus des électeurs, et même des militants socialistes de son secteur.

Patrick Mennucci a fait encore plus fort. Il a cru trouver l’argument choc pour l’emporter,  non seulement en plaçant sur sa liste la magistrate parisienne Laurence Vichnievski, « verte » proche d’Eva Joly (dont on se souvient du score dérisoire à la présidentielle de 2012), sur sa liste, mais en ajoutant une semaine avant le scrutin, qu’il en ferait sa première adjointe s’il était élu. Or, cette personne, non seulement ne représente rien au niveau national, mais elle n’a jamais vécu à Marseille (elle ne s’intéresse à la Provence que parce qu’elle a une résidence secondaire sur la Côte d’Azur) dont elle serait probablement en peine de citer dix noms de quartiers (il y en a 111). Ce « coup » est complètement tombé à plat. Il a même sans doute contribué à éloigner encore davantage de Marseillais des listes socialistes.

c/ En cohérence avec la posture anti-clientéliste et en faveur du renouveau, Patrick Mennucci, et plus encore Marie-Arlette Carlotti, étaient parti en guerre contre le puissant Jean-Noël Guérini, président du Conseil Général (assemblée départementale) des Bouches-du-Rhône et ancien « patron » des socialistes marseillais, actuellement sous la menace d’une procédure judiciaire pour détournement de fonds.

S’il était légitime, et prudent, de prendre ses distances avec ce personnage sulfureux dont Mennucci et Carlotti avaient pourtant été proches dans le passé (Carlotti avait été sa porte-parole), cette posture va-t-en guerre a été mal comprise par les électeurs marseillais et même par beaucoup de militants socialistes. L’ombre de Guérini avait plané sur la campagne des primaires, pour le plus grand bonheur de la droite. Plusieurs des candidats à cette primaire s’accusaient mutuellement d’être de mèche avec lui. On l’a en particulier dit pour Samia Ghali et Eugène Caselli, mais aussi pour Christophe Masse. Mennucci aurait certainement mieux été inspiré d’éviter de parler de Guérini (attendons sa condamnation, si elle intervient !), même pas encore exclu du parti par la direction nationale du PS. Le mettre en avant a jeté la suspicion sur l’ensemble des candidats, y compris Mennucci et Carlotti (« tous pareils »). De plus, Guérini a encore quelques amis et ses « réseaux » (dont le poids est sujet à caution) n’ont pas été les derniers pour saper la campagne de Mennucci.

d/ Une autre erreur de Patrick Mennucci a été, toujours dans son souci affiché de rompre avec les pratiques du passé, de s’attaquer au syndicat Force Ouvrière, largement majoritaire chez les fonctionnaires municipaux, y compris les agents du ramassage des ordures et y compris le personnel des hôpitaux de l’assistance publique et des maisons de retraite. Or, il faut savoir que dans cette ville, où l’emploi industriel a été décimé par la crise, les administrations sont le principal employeur. Etre fonctionnaire municipal est, pour beaucoup de Marseillais, un rêve et ceux qui le sont jouissent d’une considération certaine, même si leurs salaires sont plutôt faibles. Devenir agent d’entretien dans une école ou un hôpital, être employé au service d’enlèvement des ordures ménagères est souvent une promotion sociale. Tous les maires successifs de Marseille avaient parfaitement compris cela. Gaston Defferre, comme Jean-Claude Gaudin ont accepté de cogérer de fait la fonction publique locale avec FO (ce syndicat est classé à gauche, ce qui ne l’a pas empêché de décerner à Gaudin une carte de « membre d’honneur »). Partir en guerre contre FO, cela a  été suicidaire et cela a irrémédiablement éloigné le « petit peuple » marseillais du PS, plus que jamais vu comme un parti de « bobos ».

e/ Enfin une autre erreur grossière de Mennucci a été de s’appuyer sur l’ « action » gouvernementale en faveur de Marseille, censée compenser l’ « immobilisme » de Gaudin. Toutes les occasions ont été trouvées pour organiser des visites ministérielles (y compris celle du Premier Ministre) à Marseille à répétition, alors que les candidats socialistes ailleurs en France se démarquaient tous d’un pouvoir battant les records d’impopularité. Samia Ghali, pourtant sénatrice, a été la seule à critiquer sans nuance l’action de Hollande et de Ayrault. Elle a été la seule à sauver son secteur de la déroute.

3/ Le Front National fait un retour remarqué sur la scène marseillaise. Son effacement sous l’ère Sarkozy est oublié. Avec plus du quart des suffrages sur l’ensemble de la ville et des scores dépassant 30% dans les quartiers populaires, il s’impose d’autant plus durablement que le PS est coulé.

Autrefois, le FN faisait ses meilleurs scores chez les anciens Français d’Algérie, dont une partie était nostalgique de temps fort heureusement révolus, chez quelques résidus du pétainisme et chez un grand nombre d’artisans et de petits patrons déclassé.

Désormais, le FN est le parti des classes populaires et moyennes et de ceux qui souffrent tous les jours non seulement du chômage mais aussi de la montée de la délinquance et de l’insécurité. Dans ce que les commentateurs appellent les « quartiers nord », en fait tous les quartiers peuplés de personnes majoritairement aux ressources modestes (les « riches » sont concentrés dans une zone assez limitée au sud de la ville, mais, même là, il y a de nombreux quartiers populaires. Gaudin est issu de l’un de ceux-là), la population ressent chaque jour davantage la montée de l’insécurité, des incivilités, du trafic de drogue, mais aussi d’un islamisme militant et provocant. Fait nouveau, le vote FN n’est plus seulement celui des « petits blancs » effrayés par la vague « musulmane » (alors que traditionnellement les personnes d’origine maghrébine étaient beaucoup mieux intégrées à Marseille qu’ailleurs en France : la preuve, elles ont l’accent marseillais), mais il mord désormais sur les cités. Plusieurs reportages à la TV ont montré que les candidats du FN qui autrefois n’auraient même pas pu mettre les pieds dans les cités HLM, y sont désormais mieux accueillis, ce qu’une étude fine des résultats par bureau de vote atteste. Cela est une nouveauté : des Franco-maghrébins, soucieux d’intégration et premières victimes du chômage et du prosélytisme islamiste, se mobilisent contre ce dernier. Autrefois, ils votaient PS ou PC. Certains franchissent le pas et vont au FN.

4/ Quel avenir politique à Marseille ? Pour le moment la droite gaudiniste est hégémonique. Elle conserve non seulement Marseille, mais s’empare de plusieurs localités environnantes (le PC s’y maintient assez bien, conserve par exemple Martigues mais perd Aubagne), ce qui va lui assurer la majorité à la communauté urbaine. Si le gouvernement poursuit son projet absurde de « métropole » (en fait les trois-quarts des Bouches-du-Rhône, sans qu’on supprime pour autant le département), la droite y sera aussi majoritaire (elle a gagné à Aix-en-Provence, à Salon ou à La Ciotat).

Le département des Bouches-du-Rhône a toujours eu une majorité absolue socialiste. Mais la guerre est déclarée entre le PS et Guérini qui, en revanche, a de bonnes relations avec Gaudin. Le ralliement de la maire du 2ème secteur entre les deux tours est sans doute un avant-goût de ce qui va se passer au département où on peut s’attendre à une nouvelle majorité Guérini-Gaudin dont les socialistes non ralliés seront exclus. La région Provence, encore dirigée par le PS, sera certainement la dernière étape du « ménage » : en quelques mois, quelques années au maximum, les socialistes, qui avaient tout il n’y a pas si longtemps, n’auront plus rien.

Subsisteront d’un côté la droite renforcée de guérinistes et autres socialistes ralliés et de l’autre le Front National.

5/ Je termine par ce que nombre de lecteurs de ce blog attendent : ma position.

Je m’étais personnellement investi dans la préparation des élections municipales. Je pensais que, moi et quelques autres, nous avions quelque chose à apporter à cette ville en crise. Ayant maintenant davantage de temps, une expérience de l’administration, quelques compétences en économie et une carrière internationale derrière moi, je pensais pouvoir contribuer à une bonne campagne socialiste, puis au redressement de la cité.

Sans sectarisme. J’ai toujours dit que j’avais de l’estime pour Jean-Claude Gaudin qui a été mon professeur d’histoire-géographie au lycée et avec lequel j’ai eu l’occasion de travailler ou de coopérer dans la carrière diplomatique (j’ai toujours été un ambassadeur de la Provence partout où je suis passé, notamment au Maroc et en Algérie) et lorsque j’ai été détaché par mon ministère auprès du Conseil Général des Bouches-du-Rhône. J’aurais pu, cette fois encore, travailler avec lui.

Si j’ai choisi de m’engager dans la campagne socialiste (bien que je ne sois pas membre de ce parti), c’est par conviction de gauche et parce que je connaissais depuis longtemps, aussi,  les dirigeants locaux du PS, notamment Patrick Mennucci et Marie-Arlette Carlotti. Je les croyais capables de mieux que la piètre prestation qu’ils viennent de produite.   

J’ai cherché, au sein de ce parti, des personnalités incarnant le renouveau. J’en ai trouvé un en la personne de Hacen Boukhelifa, membre du PS, avocat engagé dans la vie de la cité. Il a fait acte de candidature pour la primaire. Je lui ai alors apporté mon plein soutien et avons présenté ensemble un programme qui tenait la route.  Mais, ne faisant pas partie du sérail, Hacen a été écarté de la primaire (voir mon article du 26 juin 2013 : « Hacen Boukhelifa, une nouvelle voix pour Marseille »). Nous sommes alors allés voir les six candidats retenus pour cette primaire. Il nous a semblé que Marie-Arlette Carlotti avait le plus de convergences avec nos propres propositions. De plus, étant candidate dans le quartier où je réside, cela me semblait encore plus naturel de la soutenir.

C’était une erreur. Madame Carlotti n’a tenu aucun de ses engagements. Pas seulement de nous prendre sur sa liste (cela était secondaire ; on peut être utile sans être nécessairement élu), mais, surtout, de reprendre pour sa propre campagne nos principales propositions.

On sait ce qu’il est advenu. La composition de sa liste a été lamentable : que des copains et des coquins, comme on dit. Incapable de faire de vraies propositions, elle s’est contentée de mettre en avant sa fonction de ministre (où pourtant elle n’est pas spécialement brillante, c’est un euphémisme !) et de mener une campagne que je n’hésite pas à qualifier de débile : anti-Gaudin, anti-Guérini, anti-clientélisme (alors qu’elle y nage), anti-FO, anti-Front National.

Cette dernière posture est la plus absurde : alors que son adversaire de droite (maire sortant du secteur) était largement en tête à l’issue du premier tour et presque sûr d’être élu au second, elle a encore mis sur ses affiches de l’entre-deux tours qu’il fallait « faire barrage » au FN (qui, avec 18% de voix, n’était pourtant pas dangereux). Une telle obstination, un tel aveuglement relève, je crois, de la pathologie. Son bref passage sous les ors de l’Elysée l’a complètement éloignée des réalités. Avec sa défaite cuisante, son éviction sans honneur du nouveau gouvernement, Madame Carlotti redevient une citoyenne de base. On peut espérer qu’elle prendra enfin sa retraite (elle en a l’âge).

Cela ne serait encore rien si Madame Carlotti n’avait ajouté l’injure à l’incompétence. Lors de l’inauguration de son local de campagne (à laquelle je n’ai pas assisté), elle est allée jusqu’à dire à Hacen Boukhelifa qui lui rappelait ses engagements non tenus que « j’ai déjà un Arabe sur ma liste, j’ai pas besoin de toi, va donc voir chez Samia Ghali ». Se faire ainsi rappeler les origines ethniques supposées de ses parents (qui, d’ailleurs, étant Kabyles, sont Berbères et non Arabes, mais Madame la Ministre ne semble pas faire la différence), a été ressenti par l’intéressé comme un affront, alors que lui est le prototype du Français se sentant parfaitement Français tout en étant issu de l’immigration, comme on dit (mais les gens comme Carlotti vont-ils le leur rappeler pour combien de générations encore ?). Aussi, a-t-il déposé plainte pour injure à caractère racial. Je lui apporte mon soutien dans cette procédure et témoignerai, si nécessaire, devant le tribunal.

Ainsi se termine cette aventure électorale marseillaise. Le PS était autrefois un parti de gauche. A Paris, il fait hélas une politique de droite. Mais à Marseille, il est devenu une clique dont certains de ses membres sont sans foi ni loi.

Je suis soulagé de ne pas m’être embarqué dans ce bateau qui a coulé. Cela me laisse toutefois le regret de n’avoir pas pu m’investir pour ma ville. Au moins ai-je essayé…  

Il est temps de faire le ménage et construire autre chose à la place. J’espère que des plus jeunes que moi s’y emploieront.

Marseille mérite mieux.

                                                                      Yves Barelli, 2 avril 2014     

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