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6 juillet 2014 7 06 /07 /juillet /2014 16:56

Il y a quelques semaines, on ne donnait pas cher des chances de l’équipe de France de se qualifier pour le mondial de football qui se tient actuellement au Brésil.

Or, non seulement les « Bleus » ont obtenu in-extremis leur qualification, mais ils ont fait mieux que de la figuration puisqu’ils ont terminé en tête de leur groupe (où, par chance, ils n’ont pas été opposés aux favoris du tournoi), ont passé avec succès le barrage des huitièmes de finale (après un match difficile contre le Nigeria) et n’ont été « sortis » qu’en quart de finale, par l’Allemagne, sur le score étriqué de 1 à 0 (après un match insipide).

On ne va évidemment pas se plaindre de ce résultat inespéré.

Poussés par l’enthousiasme des belles prestations face au Honduras (adversaire pas bien méchant) et surtout à la Suisse (autrement plus coriace, sur le papier, mais battue par le score fleuve de 5 à 2), certains voyaient déjà l’équipe de France aller jusqu’en finale et, pourquoi pas, gagner la coupe, renouant ainsi avec l’exploit de 1998.

On peut aimer son pays sans être chauvin et sans coller au comportement primaire du  « supporter » bête et méchant pour lequel il faut gagner à tout prix, quitte à ce que « son » équipe s’impose par l’antijeu, le manque de fair-play et de respect pour l’adversaire et même par la « triche » (on se souvient que la France avait éliminé l’Irlande lors du match de préparation au mondial de 2010 grâce à une « main » de Thierry Henry que l’arbitre n’avait pas vu et que l’intéressé se garda bien de reconnaitre sur le champ, pas plus, malheureusement, que bien des supporters et commentateurs « franchouillards »).

Etre patriote, c’est vouloir gagner, mais pas n’importe comment. Au contraire, c’est être exigeant avec ceux qui ont l’honneur de représenter son pays. Porter le maillot de l’équipe de France (ou tout autre), impose des devoirs : se donner à fond, respecter l’adversaire, mais aussi respecter son public et respecter son pays, à commencer par ses symboles, le drapeau et l’hymne national. Ne pas chanter le Marseillaise ou déclarer, comme l’a fait Benzema, qu’on « ne se sent pas vraiment Français », est rédhibitoire. Pour moi, de tels individus n’ont pas la place dans l’équipe de France. Je me pose même la question sur leur droit à avoir une carte d’identité française.

Je trouve également insupportable ces joueurs, imbus d’eux-mêmes, en l’occurrence pas de leur savoir-faire, mais plutôt de leur bêtise, qui sortent d’un car et refusent ne serait-ce que d’adresser un geste amical aux supporters qui ont passé de longs moments, parfois des heures, à les attendre pour leur exprimer leur soutien. C’est hélas ce que viennent encore de faire les joueurs de l’équipe « de France » à leur retour à Riberão Preto (leur « base » au Brésil) après leur défaite de Rio.

Je préfère, dans ces conditions, une équipe qui brille moins sur le terrain, mais qui fait ce qu’elle peut avec la manière, à des joueurs qui friment et qui se comportent mal, tant sur le terrain qu’en dehors, même si leur équipe gagne. Et quand elle perd, comme les Bleus l’ont fait contre l’Allemagne sans donner l’impression de se « défoncer » pour essayer de gagner, alors, je n’ai aucun respect pour des individus qui ne sont pas dignes du maillot qu’ils portent.

C’est vrai que les Bleus revenaient de loin. Lors du dernier « mondial », en Afrique du Sud, non seulement ils avaient été chassés dans la honte dès le premier tour, mais ils s’étaient en outre comportés à l’extérieur comme des voyous.

Je faisais partie à l’époque de ceux qui pensaient qu’il fallait se séparer des mutins (les joueurs étaient allés jusqu’à faire une grève de l’entrainement pour une raison futile) et reconstruire avec des plus jeunes une équipe digne de ce nom, ce qui aurait pris dix ans, mais aurait permis de construire quelque chose de solide.

La solution adoptée a été intermédiaire. On a essayé de renouveler mais sans se séparer de tous. On a aussi changé d’entraineur, ce qui était la moindre des choses, tant le précédent avait un comportement du même style que les joueurs.

L’équipe sélectionnée pour le Brésil était meilleure. L’entraineur aussi : Didier Deschamps, ancien capitaine de l’équipe de France lorsqu’elle fut championne du monde, entraineur de clubs menés à la victoire, mais aussi, apparemment (je ne le connais pas personnellement et je me méfie toujours un peu des réputations parfois construites par des professionnels de la communication) irréprochable sur les plans non seulement du professionnalisme mais aussi du comportement et de la mentalité.

Apparemment donc, Deschamps a su redonner à l’équipe de France l’âme qu’elle avait perdue.

Les fortes têtes ont été éliminées, comme Nasri ou Ribéry (opportunément « malade »), ou « recadrées », comme Evra. Tous les joueurs ont été « chambrés ». On leur a inculqué des éléments communs de langage, faits de solidarité et de modestie, à tel points que leurs interviews ont été de remarquables morceaux de « langue de bois ».

Apparemment, toujours, le comportement sur le terrain a été meilleur et celui en dehors, disons, « moins pire ».

Mais avons-nous pour autant la « bonne » équipe qui peut laisser espérer une victoire dans l’euro de 2016, qui se tiendra, fait important, en France ?

A ce stade (c’est le cas de le dire lorsqu’on parle « foot »), je ne le crois pas. Mais je pense qu’il n’est pas impossible que Didier Deschamps parvienne à construire d’ici deux ans cette bonne équipe dont nous avons besoin.

Que manque-t-il encore à l’équipe de France ?

1/ Il faut parfaire le « redressement » comportemental des joueurs. C’est mieux, mais, chassez le naturel, il revient au galop. Des voyous (certains l’ont été d’évidence) ne deviennent pas des anges du jour au lendemain. Ne nous berçons pas d’illusions. Les « grosses têtes », bouffies de leur ego aussi ridicule que démesuré, ne filent le droit chemin que si elles sont bien « encadrées », ce qui signifie « recadrés » en permanence (notamment pas la menace implicite de la sanction suprême, être « viré » de l’équipe, quelles que soient les qualités athlétiques des individus). C’est une éducation de longue haleine à faire. Deschamps aura du travail et ce n’est pas gagné d’avance.

2/ Les plus jeunes, qui ont goûté à la compétition de ce niveau pour la première fois, seront sans doute mieux aguerris la prochaine fois. Qu’on les aide à progresser et, surtout, qu’on leur évite de prendre la « grosse tête ».   

3/ Pour les plus grandes « vedettes », il faudra veiller à ce que leur carrière au sein des clubs, certes sans doute légitime et, en tout cas, inévitable (et utile, s’ils n’y laissent pas trop de leurs forces et de leur « hargne » de gagner), ne se fasse pas au détriment de leur performances dans l’équipe nationale.

4/ Il faut dans cette équipe un vrai « patron » sur le terrain, tel que Deschamps le fut lorsqu’il était joueur. On ne le voit pas encore.

5/ Il faut un butteur fiable. Ce n’est pas Karim Benzema. Ce joueur est trop à éclipses. Il suffit de se pencher sur sa carrière pour le constater. Même au Real, où il eut beaucoup de difficultés à s’intégrer, il a souvent été sur le banc de touche. Dans ce mondial, il a certes brillé face au Honduras et à la Suisse, mais n’a pas été bon face à l’Equateur et carrément mauvais en face de l’Allemagne.

6/ Pour tous, il faudra une volonté de tous les instants de se battre, même et surtout dans les situations apparemment désespérées. Ce ne fut pas le cas face à l’Allemagne où on a eu la mauvaise impression (je crois que c’est plus qu’une impression, c’est une réalité) que, l’équipe de France, n’ayant pas été « programmée » cette fois pour gagner le mondial, s’est contentée d’accéder aux quarts de finale. « Contrat respecté » (c’est sans doute ce qu’on avait demandé aux joueurs), on a cru pouvoir se mettre en « roue libre ». A ce niveau, cela est inadmissible.

XXX

Cette équipe de France revient de loin. Le naufrage a été évité. Ce n’est pas pour autant qu’elle est arrivée à bon port. Plus les supporters et les médias se montreront exigeants avec elle, meilleures seront les chances de la voir gagner.

Un essai a sans doute été marqué. Reste à le transformer !

 

                                                        Yves Barelli, 6 juillet 2014   

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