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7 décembre 2015 1 07 /12 /décembre /2015 15:15

Après le « raz-de-marée » Front National du premier tour des régionales françaises du 6 décembre, tous les partis fourbissent leurs armes en prévision de la présidentielle de 2017. C’est le règne du poker-menteur où, au-delà des postures, il faut savoir interpréter les positions.

1/ On ne sait encore combien de régions le FN emportera dimanche prochain. Peut-être trois ou quatre, peut-être aucune. Les « jeux » sont ouverts.

En cas de défaite partout, Marine Le Pen pourra s’arc-bouter dans sa position de seule contre tous. Elle incarnera le peuple contre les soit disant élites, l’avenir contre le passé et le sauvetage de la France face à ses fossoyeurs. Sa ligne ne bougera pas d’ici 2017. Mais elle risque de ne pas donner de meilleurs résultats qu’aujourd’hui. Rendez-vous sera alors pris pour 2022, échéance encore lointaine.

Si le FN emporte au moins une région, il pourra administrer la preuve qu’il est capable de gagner et de gouverner. La gestion des villes conquises en 2014 par le FN est un succès. Dans ces localités, le FN est en progrès spectaculaires : 59% à Hénin-Beaumont (Nord), 51% à Fréjus (Provence), 46% à Béziers (Languedoc), autant à Hayange (Lorraine). D’évidence, il ne s’agit pas de votes de protestation mais d’adhésion. Mais ces localités sont des villes moyennes. Gouverner le Nord ou la Provence donnerait une autre crédibilité.

2/ Sarkozy a choisi une posture de « ni-ni », ni FN, ni PS. Il veut apparaitre comme la seule alternance possible au désastre de Hollande. Il rêve déjà d’être présent au second tour de la présidentielle et de rééditer le « coup » de Chirac qui en 2002 avait pu battre facilement Jean-Marie Le Pen. Ce n’est donc pas le moment de donner l’impression de pactiser avec le FN. Tant pis donc si, par le maintien des listes de droite, le FN l’emporte dans certaines régions comme le Languedoc.

La stratégie de Sarkozy est à deux coups. Etre d’abord l’anti-Hollande le plus ferme pour rassembler large au premier tour de la présidentielle. C’est ce qui explique son refus obstiné de tout accord avec le PS pour « faire barrage » au FN. Rassembler ensuite les « républicains » au deuxième tour et l’emporter in fine.

Mais Sarkozy a trois handicaps.

Le premier est que nul n’a oublié sa gestion que d’aucuns jugent « catastrophique » entre 2007 et 2012 ; il a le handicap du battu que beaucoup de Français ne veulent plus voir aux affaires.

Le second handicap est le mauvais score des listes de droite le 6 décembre : moins qu’en 2010 où, pourtant elles avaient été battues partout par la gauche. Sarkozy pensait tirer parti du rejet de Hollande pour gagner facilement dans les régions. Mais l’effondrement du PS a profité au FN, pas à lui. Si la gauche conserve l'Ile de France, la défaite de la droite n'en sera que plus spectaculaire.

Le troisième handicap est qu’il a de nombreux ennemis au sein de son parti, à commencer par Juppé, Fillon, Le Maire et quelques autres, qui l’affronteront lors de la « primaire » prévue en 2016. En outre, le centriste Bayrou a clairement dit que, en cas où Sarkozy serait candidat, il le serait aussi. Bayrou « pèse » de l’ordre de 10% des voix. C’est suffisant pour faire chuter Sarkozy.

Avant le traumatisme des attentats du 13 novembre et des régionales, on pensait généralement que Sarkozy, véritable « animal » politique, l’emporterait à la primaire. Il n’est pas populaire chez les Français, mais il l’était chez les sympathisants de la droite. Ce sont ceux-là qui participeront à la primaire.

La donne a changé. Du coup, Juppé mais aussi Fillon conservent toutes leurs chances.

3/ On donnait Hollande politiquement fini. Jamais un président n’avait été aussi impopulaire. Les attentats de novembre l’ont fait remonter dans les sondages.

Mais ce n’est pas l’essentiel. La division de la droite et la montée du FN devraient jouer pour lui.

Hollande veut apparaitre comme le seul rempart possible à l’inexorable montée de Marine Le Pen. D’où le « sacrifice » des listes socialistes dans les régions où il y a un « danger » FN.

Lui aussi sait que tout va se jouer au premier tour de la présidentielle. S’il devance le candidat de la droite, il est convaincu qu’il battra Marine Le Pen au second tour.

Dans cette perspective il a plusieurs atouts.

Le premier est que Sarkozy est au moins aussi impopulaire que lui, peut-être même plus.

Le second est que, président sortant, il n’y aura pas de primaire à gauche. De plus, il « tient » le vote du Front de Gauche et celui des écologistes. Chez les électeurs de ces formations, le rejet de Le Pen est tel qu’il est de nature à surmonter les préventions anti-Hollande. Cela est vrai aussi chez les contestataires du PS, les « frondeurs ».

Il y a un autre atout, le vote « musulman », soit plusieurs millions d’électeurs. Les enquêtes montrent que cet électorat a assuré la victoire de Hollande sur Sarkozy en 2012 en votant à 80% pour l’actuel président. Cet électorat ne se dérange pas, en général, pour les élections régionales, départementales ou intermédiaires. L’abstention a été ainsi considérable dans la banlieue « verte » de Paris. Il est à prévoir que face à la montée du FN, les « musulmans » se mobiliseront en 2017.

Une compétition Hollande-Sarkozy-Le Pen serait idéale pour Hollande.

Est-ce l’hypothèse la plus probable ?

Rien n’est moins sûr. Juppé peut l’emporter sur Sarkozy. Ce n’est pas non plus impossible pour le troisième larron, Fillon, qui pourrait les départager.

4/ Quelles sont les probabilités des divers scénarios ?

Impossible à dire. Beaucoup de choses peuvent se passer d’ici 2017.

La tendance est à la montée du FN. Sauf évènements tragiques, elle ne sera sans doute pas suffisante cette fois.

Sarkozy est mal en point. Il peut se redresser. Mais, si la primaire est honnête, il risque de ne pas l’emporter. Si les « magouilles » entachent celle-ci, on risque d’avoir un « remake » de l’opposition Fillon-Copé de fin 2012. Ce serait catastrophique pour la droite et cela assurerait la victoire de Hollande.

Dans le cas d’un affrontement Hollande-Juppé, l’issue est beaucoup plus incertaine. Juppé, champion d’une droite « modérée » a un électorat assez semblable à celui du PS. Ce serait en quelque sorte « gauche-caviar » contre « droite foie gras ». Juppé pourrait alors l’emporter. C’est un « cheval de retour », mais son âge le rend plus sympathique et les Français ont assez vu Hollande.

Toutefois, cette droite molle ferait le jeu à long terme du Front National en accentuant l’identité du système « UMPS ». Une partie non négligeable de la droite plus « dure » pourrait passer au FN.

5/ Dans tous les cas, les choses sérieuses seraient renvoyées à après 2017.

En cas de victoire de Hollande, la crise actuelle et le manque de confiance des Français ne peuvent que s’accentuer.

Si c’est Juppé qui l’emporte, Hollande prendra sa retraite (Sarkozy aussi) et il y a une forte probabilité de gouvernement d’union nationale : Juppé président, Bayrou premier ministre et Valls « vice-président » du gouvernement. L’UMPS officialisée.

Ce serait la certitude d’un mouvement social de grande ampleur : les ouvriers, employés, agriculteurs et autres « petits » votent Le Pen. Le Front National apparaitrait alors pour ce qu’il est, le parti du peuple, le véritable parti de gauche. Les aparatchiki des syndicats pourraient alors être balayés par des proches du FN.

L’alternance jouerait alors pour Marine Le Pen en 2022.

A moins que la crise, inévitable, du « système » n’intervienne avant. Crise intérieure à facettes sociales et « ethniques » (avec la « communauté » musulmane on pourrait être à l’aube d’une guerre civile de fait). Crise internationale aussi avec non seulement les répercussions de la situation au Moyen Orient et les méfaits d’un islam de plus en plus conquérant, mais aussi d’un éclatement, qui me parait inéluctable, de l’Union européenne.

Philippe de Villiers estime que le salut viendra alors de la Russie et de la réémergence de nos valeurs. Je partage cette analyse.

Yves Barelli, 7 décembre 2015

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commentaires

C
Juppé il traîne des casseroles - sarko : qu'il s'engage dans l'OTAN pour finir sa carrière ou qu'il prenne sa retraite en Libye<br /> Philippe de Villiers a raison - et le suivant, c'est François ASSELINEAU -<br /> <br /> quand même, abstentions plus votes blancs, c'est beaucoup - mais personne n'a demande aux citoyens leur avis sur le regroupement des régions - <br /> <br /> il faudra bien un jour une démocratie participative et non représentative
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