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7 mai 2012 1 07 /05 /mai /2012 13:59

images.jpgLes Français ont donc choisi leur président. Comme le laissaient prévoir avec régularité tous les sondages depuis plus d’un an, le président sortant, Nicolas Sarkozy, a été battu, certes moins nettement que ne le laissaient prévoir les sondages. Le septième président de la Vème République sera donc le socialiste François Hollande, élu avec un peu plus de 51 % des suffrages exprimés (estimation 22h). Le taux de participation a été de 80,4 %, chiffre relativement élevé. Le pourcentage de blancs et nuls n’est pas encore comptabilisé.

 

Les enseignements suivants peuvent en être tirés :

 

1/ Toutes les enquêtes montraient depuis des mois un fort rejet dans l’opinion de Nicolas Sarkozy. Plus que son bilan, c’est la personne même du sortant et ce que beaucoup considèrent comme son immoralité qui ont été rejetées. Nul n’a oublié l’indécente fête du Fouquet’s, ce restaurant branché des Champs-Elysées, où le nouvel élu a célébré en 2007 sa victoire avec tout ce qui compte de grands patrons, de people « bling bling » portant montres Rolex à 50 000€ et lunettes Rayban, personnages comptant parmi les plus fortunés de France et comprenant, souvent, des « exilés fiscaux », tel un Johnny Halliday, ayant établi sa résidence officielle en Suisse pour payer moins d’impôts. Pendant ce temps, le petit peuple de partisans du nouvel homme fort de la droite, qui avaient cru à ses promesses qu’on gagnerait plus en travaillant plus et que les cités seraient débarrassées de leurs malfrats en les passant au « kärcher », attendaient sous la pluie place de la Concorde que leur champion veuille bien se montrer…Et ce ne fut pas fini : la semaine suivante, le nouveau président partait en croisière sur un yacht prêté par Bolloré, un milliardaire ami (ses frais de l’escapade ont été largement compensés par les économies d’impôts occasionnées par le « bouclier fiscal » voté dans la foulée de l’élection et qui se traduisait par des cadeaux fiscaux, souvent considérables, aux plus riches).

 

L’état de grâce ne dura même pas six mois. Les sondages commencèrent à virer au rouge dès janvier 2008 lorsque, au cours d’une conférence de presse, le président annonça que « Carla et moi, c’est du sérieux », ce dont une écrasante majorité de Français, déjà empêtrés dans la crise, se fichaient éperdument. Sarkozy prenait la France pour un mélange d’Amérique et de principauté de Monaco. Mais, lui qui n’avait jamais connu autre chose que la banlieue parisienne hyper huppée de Neuilly, ne comprenait décidément rien à la mentalité égalitariste et aux traditions françaises bien ancrées depuis la Révolution de 1789 : chez nous, la saga des milliardaires et les histoires de cœur de nos dirigeants n’intéressent pas grand monde. Non seulement, il se trompait de lieu, mais aussi d’époque. Son admiration pour l’Amérique n’était que pour une certaine Amérique, la pire, celle des Bush, père et fils. Une nouvelle Amérique, plus humaine, émergeait avec Obama. Ce dernier n’aura que mépris pour le jeune coq Sarko.

 

Jamais Sarkozy ne remonta la pente de sondages catastrophiques. Il perdit toutes les élections intermédiaires. Il s’enferma pourtant dans une posture hautaine et de plus en plus grotesque. Après avoir imposé des réformes impopulaires (retraites notamment) qui, toutes, allaient dans le même sens (toujours plus pour les privilégiés, régression sociale pour les autres), il s’imagina que ses qualités exceptionnelles, à défaut d’être comprises par ses compatriotes, le seraient dans le monde. Il se crut président de l’Europe, mais aussi, quasiment, du monde : G8, G20 (G vain comme l’a justement qualifié Jacques Attali), sommets européens à répétition demandés, et obtenus, par la France. Il cultiva l’illusion d’un directoire franco-allemand de l’Union européenne et de la zone euro, agaçant la plupart de nos partenaires et faisant sourire en aparté les Allemands, car donnant ainsi la pire image de la France : arrogante, ridicule à force de cocoricos. Pis, après avoir ignoré par méconnaissance crasse ce qui se passait en Tunisie (où sa ministre des affaires étrangères se promenait dans un avion privé d’un proche de Ben Ali pendant que la police tirait sur la foule), le président crut se racheter en montant une expédition de l’OTAN en Libye dont le Mali et l’ensemble de l’Afrique subissent aujourd’hui les effets déstabilisateurs. Pis encore, pour se donner l’illusion de compter parmi les « alliés » des Etats-Unis, la France envoya 3 000 hommes en Afghanistan jouer les supplétifs de l’Oncle Sam, engloutissant en pure perte des moyens qui auraient été plus utiles ailleurs mais, surtout, fauchant une centaine de vies de nos soldats.

 

Ces gesticulations extérieures étaient destinées, au-delà de soigner un égo démesuré, à redorer le blason du président à l’intérieur. En pure perte. Fiasco sur toute la ligne. Et au bout, la défaite à la présidentielle. Une défaite doublée d’une infamie. Jusqu’au bout, le candidat sortant aura tout fait pour tenter de l’emporter malgré tout : reniement de ses actions précédentes (ainsi, après avoir voulu créer un gouvernement de l’Europe, il n’hésita pas, entre les deux tours, à remettre en cause les accords de Schengen), langage indécent pour caresser les instincts les plus vils de certains de ses compatriotes (la faute aux intermédiaires, la faute aux étrangers, etc) et pour monter les Français les uns contre les autres. Certes le discours d’acceptation de sa défaite, en un style assez convenu, a été plus digne que sa campagne. Mais le sentiment de malaise à la vue du spectacle offert entre les deux tours n’est pas dissipé.

 

Une page est tournée. Reste à effacer cette période sinistre, à reconstruire la France. Ce ne sera pas facile, car en cinq ans, les problèmes se sont accumulés, le mécontentement a grandi. Hollande a habilement joué sur la vague, mais, si le rejet du Sarkozisme a été grand, cela ne signifie pas nécessairement une adhésion massive au projet social-démocrate de Hollande. Preuve en est fournie par le score étriqué de sa victoire : nombreux ont été, en définitive, ceux qui ont hésité jusqu’au bout entre l’envie de rejeter un personnage détestable (même chez beaucoup de gens de droite) et le rejet, ou la méfiance à son endroit (y compris chez des gens de gauche), d’un homme qui, bien que plus sympathique que son adversaire, symbolisait aux yeux de beaucoup les pires errements passés du PS.  

 

2/ La campagne électorale a mis en lumière les appréhensions, voire le rejet, d’une fraction non négligeable du corps électoral vis-à-vis de trois situations mal vécues par nombre de Français : la mondialisation avec son cortège de délocalisations, de désindustrialisation et de moins-disance sociale et fiscale qui l’accompagne, l’Union européenne telle qu’elle fonctionne, ou plutôt, telle qu’elle ne fonctionne pas, et la question identitaire, c’est-à-dire le sentiment de dépossession d’identité qui est ressenti, à tort ou à raison (et je pense plutôt à raison) par beaucoup tant du fait de la mondialisation, de l’ouverture unilatérale des frontières de l’union européenne que de l’attitude d’une frange importante de la population issue de l’immigration qui non seulement est mal ou pas intégrée mais qui donne le sentiment de ne pas le vouloir et qui est souvent ressentie comme majoritairement responsable de la montée des incivilités et de la délinquance.

 

Ces sentiments ne sont pas nouveaux. Ils avaient commencé à s’exprimer au moment du traité de Maastricht (1992), entériné de justesse par le corps électoral, s’étaient renforcés avec le traité constitutionnel européen (2005), rejeté par 53% des Français, de gauche comme de droite, en dépit de l’appel à l’adopter de la plus grande partie de la classe politique (Chirac et Sarkozy, mais aussi Hollande). Ces sentiments ont été portés cette fois, de manière plus ou moins claire, par une partie du PS (Montebourg) lors des primaires socialistes, par le Front de Gauche et par le Front National. C’est ce dernier qui a réussi le mieux à capitaliser l’état d’esprit d’une grande partie des Français par des propositions cohérentes (parce que prenant en compte l’ensemble des problèmes) de démondialisation, de sortie de l’union européenne et de l’euro et de défense de la laïcité face à la montée d’un islam conquérant.

 

Je constate, pour m’en réjouir, que le langage de la classe politique « institutionnelle » a commencé à évoluer au cours de la campagne électorale (l’évolution est visible aussi ailleurs en Europe). Alors qu’on traitait il y a encore peu d’archaïques, quasiment d’arriérés mentaux, ceux qui parlaient de protectionnisme, tous les candidats ont rivalisé de postures pour protéger notre industrie ou pour « acheter français ». Il était il y a peu de bon ton de réclamer « plus d’Europe » ; pendant la campagne, personne ne s’est avisé de le dire. Au contraire, pour l’un (Sarkozy), il fallait se protéger en modifiant Schengen, voire en en sortant ; pour l’autre (Hollande), il fallait revoir le traité budgétaire (encore décrit à l’automne par les économistes « sérieux » - en fait les porte-paroles de la pensée unique – comme un bon moyen d’aller vers ce gouvernement européen « nécessaire ») et, si la France devait abandonner des pans supplémentaires de souveraineté (ce que Hollande se garde de proposer), ce ne serait qu’après une approbation par référendum. Même Bayrou, considéré comme le plus « européen », a évité de parler d’Europe, préférant insister sur la nécessité d’acheter français. Quant à l’euro, je note que personne n’en a parlé. Sans doute pour ne pas avoir à défendre un système que les plus lucides considèrent comme condamné à brève échéance.

 

Certes, les réévaluations et les aggiornamenti nécessaires ne sont pas encore faits, loin s’en faut, mais j’ai l’impression qu’un début de prise de conscience est intervenu. Courage, Monsieur Hollande, continuez cette nécessaire réflexion. Je sais qu’elle heurte vos convictions assises sur des années de pratique, mais il n’est jamais trop tard pour commencer à regarder la réalité en face !

 

3/ Ce serait une erreur de la part de la gauche au pouvoir, comme de la droite dans l’opposition, de continuer de faire comme si le vote Marine Le Pen n’avait été que l’expression d’un ras-le-bol devant la montée du chômage et de l’insécurité et la baisse du pouvoir d’achat. Le vote Le Pen a été en grande partie un vote d’adhésion aux thèses du FN sur l’ouverture des frontières, sur l’Europe et sur la dépossession de l’identité nationale. Nier les problèmes, rejeter sans discussion les solutions proposées (qui ne sont peut-être pas toujours les meilleures mais qu’il est indécent de balayer d’un revers de main) et ne considérer les électeurs de Le Pen que comme des brebis égarées en terre extrémiste serait plus qu’une lourde erreur, ce serait une faute politique. N’en déplaise aux donneurs de leçons de morale et de bonne gestion économique et « républicaine », ceux qui ont choisi le vote Le Pen ne sont pas tous, loin de là, des fascistes, des racistes ou des idiots incapables de comprendre les mécanismes économiques. Le penser et le dire ne fera que les convaincre dans leurs choix et ne fera que renforcer dans un avenir proche le vote FN.

 

Continuer à diaboliser le Front National comme on continue encore majoritairement à le faire est tout aussi absurde. Ce parti a certes des racines suspectes, ses positions sur la peine de mort sont inacceptables et le manque de générosité qui le caractérise vis-à-vis par exemple des réfugiés fuyant la répression dans leur pays est choquant. Mais, en sens inverse, force est de constater que ce parti est devenu républicain, qu’il respecte le suffrage universel et qu’il n’essaie pas d’imposer ses idées par des procédés illégitimes. Y compris dans son attitude lors de la campagne, j’ai l’impression, finalement, que Marine Le Pen a été plus républicaine que Nicolas Sarkozy, manifestement prêt à tout pour conserver le pouvoir. Certains diront que cela n’est que tactique et que la « bête immonde » se cache sous les apparences de la respectabilité. Peut-être, mais cela, on pourrait le dire de n’importe quel homme politique ou parti. Jugeons les gens aux actes, pas à l’idée qu’on s’en fait ! Si on veut combattre le Front National, il faut débattre sur ses propositions et ne pas se contenter, comme le fait Mélenchon, de proférer des injures à son endroit. Nous sommes en France en 2012, pas en 1934, nous ne sommes pas non plus au Chili ou au Venezuela, pas même en Espagne où là existe encore un danger fascisant et cléricaliste chez certains ténors du parti actuellement au pouvoir.

 

En tout état de cause, certains diront qu’on fait à tort une fixation sur les électeurs de Marine Le Pen qui, après tout, n’ont été que 18%. Il me paraitrait objectif d’ajouter à ce chiffre, nombre de gens qui sont d’accord avec tout ou partie des positions du FN tout en ayant refusé, pour des raisons de principe, de voter pour la fille de Jean-Marie. Ceux-là ont voté Dupont-Aignan (il y en a peu), mais aussi Mélenchon ou même Hollande (tendance Montebourg et/ou vote « utile » dès le premier tour). Cela fait beaucoup de gens qui ne se reconnaissent pas dans les positions traditionnelles de la gauche « raisonnable » (au sens de la pensée unique) ou de la droite « civilisée ».

 

4/ La force de Hollande est qu’il n’a pas promis grand-chose et que les Français n’en attendent pas beaucoup plus. Cela évitera les déceptions. Sa faiblesse est son corolaire : il n’y a pas, à priori, d’adhésion à son programme. On se réjouira bien sûr de la fin des suppressions scandaleuses et absurdes de postes de fonctionnaires. On applaudira aux recrutements dans l’éducation, la police et la justice. On sympathisera aux velléités de réforme fiscale, tout en étant assez sceptique sur les chances d’en mener une sérieuse (si on conserve les règles européennes actuelles et si on ne contrôle pas les frontières, il est évident que plus de taxation se traduira pas plus de délocalisations). Quant aux « marchés », si on garde les règles actuellement en vigueur, on ne voit pas très bien comment on en viendra à bout. Et ne parlons même pas de la « réindustrialisation » de la France : pure rhétorique en l’absence d’une protection aux frontières. Cette protection, si on attend qu’elle soit établie aux frontières de l’Union européenne, on risque d’attendre longtemps, très longtemps, trop longtemps. Et comme le Front National est pour le moment le seul à proposer cette protection aux frontières de la France, on peut penser que son électorat gonflera au fur et à mesure des nouvelles fermetures d’usines.

 

Moralité : ou la gauche sera capable d’évoluer dans son programme économique et son attitude envers le carcan européen, ou elle ne fera pas mieux au pouvoir que la droite. La catastrophe n’est pas nécessairement pour demain matin. Tous les pays européens sont touchés et même l’Allemagne de Merkel devra évoluer, par exemple sur le rôle de la Banque Centrale Européenne. Mais, en l’absence de changement de fond sur l’organisation européenne (et je suis très pessimiste sur les chances de réformer ce monstre sans aucun équivalent sur les autres continents qu’on appelle l’Union européenne), on fera au mieux quelques replâtrages juste suffisants pour éviter un effondrement du système mais insuffisants pour permettre une réelle amélioration.

 

5/ Les législatives qui se dérouleront en juin devraient logiquement donner une majorité de gouvernement à François Hollande. Le nom du premier ministre qui sera choisi donnera une indication sur la politique qu’il entend mener. Avec Martine Aubry, ce serait un signal pour ceux qui attendent « plus de gauche ». Si Manuel Valls est nommé, ce sera un signe de désir de renouvellement et un message à ceux qui veulent plus de sécurité et d’identité. Si le président choisit Jean-Marc Hayrault, ce qui est actuellement l’hypothèse la plus probable, il ne faudra pas s’attendre à des revirements déchirants dans la pensée et l’action du nouveau chef de l’Etat.

 

La recomposition politique n’interviendra qu’après. Il est encore trop tôt pour l’envisager avec certitude. Beaucoup dépendra évidemment de la réussite ou non de la gauche au pouvoir, et, à cet égard, les premiers mois seront décisifs. Si c’est le cas (on peut rêver !), le PS consolidera un pouvoir hégémonique, plus ou moins renforcé ou rejoint par le Front de Gauche, ce qui reste des écologistes et les rescapés du MODEM.

 

Si l’évolution n’est pas à la hauteur de ce qui est espéré, la droite classique et le Front National seront en concurrence au sein de l’opposition (ou des oppositions). Une guerre de succession va se produire au sein de l’UMP dont il n’est pas exclu qu’elle éclate, surtout si ses résultats aux législatives sont très mauvais. On peut s’attendre, parallèlement, à une montée en puissance du Front National, qui pourrait être renforcé par une partie d’une UMP en dérive mais aussi par les déçus du Hollandisme. Mais, dans le parti de Madame Le Pen, tout reste à construire sur le socle du bon résultat du 22 avril. Le Front devra faire la preuve de sa capacité à gérer des collectivités locales (les expériences passées dans quatre villes provençales ont été des échecs) et à se doter d’élus locaux et nationaux crédibles. Bref, le FN devra être un parti comme les autres (et il devra gérer cela car en entrant dans le système, il peut perdre des électeurs simplement protestataires). Cela, normalement, prend du temps. Mais, en cas d’accélération de la crise économique, sociale et politique de l’Europe, qui se traduirait par une aggravation de la situation en France même, les choses pourraient aller plus vite. Si la droite comme la gauche « classiques » restent figées dans des positions devenues intenables, le Front National pourrait alors émerger comme une composante essentielle, voire principale, d’une opposition recomposée bien placée pour l’emporter au prochain scrutin présidentiel et, avant, aux élections locales intermédiaires.

 

Nous n’en sommes pas encore là. Jean-Luc Mélenchon, qui a lui aussi des doutes sur la capacité des socialistes à sortir de leurs vieux schémas, et donc à être à la hauteur de la situation, pense que l’aggravation de la crise lui réussira. Sa rhétorique révolutionnaire est sympathique. Son langage sur la dette me parait le bon. Sa référence à l’Amérique latine est souvent pertinente. Mais il minimise, et même nie, l’aspiration de beaucoup à retrouver une identité conforme aux traditions de la France. Non Monsieur Mélenchon, la France n’est pas devenue « métisse », ce qui signifierait que des populations diverses se seraient fondues en un creuset commun, synthèse d’Europe, d’Afrique et d’Orient. La France n’est pas métisse parce qu’une partie des Français attachés à la France y est réfractaire (la France n’est pas le Far West et on peut comprendre que beaucoup n’aient pas envie de devenir des « franco-quelque chose » et, parmi eux, beaucoup de personnes d’origine polonaise, italienne, arménienne mais aussi maghrébine qui sont devenues françaises par choix et qui entendent bien le rester !), mais aussi, et surtout, parce qu’il y a une partie de la population issue de l’immigration qui refuse de s’intégrer et, parmi elle, il y a ceux qui considèrent que la charia est supérieure aux lois de la République. Tant que le Front de Gauche (je note d’ailleurs que le PC ne suit pas vraiment les positions de Mélenchon sur la France soit-disant métisse) considérera que le problème des « banlieues » n’est qu’on problème social soluble en créant des emplois, il aura peu de chances d’attirer à lui le vote des Français qui se sentent dépossédés de leur identité (et, tout simplement, de leur sécurité).

 

J’ose espérer que la gauche réfléchira à cette évolution négative de notre pays et de notre société avant qu’il ne soit trop tard pour elle. Etant désormais au pouvoir, elle en sera tenue pour responsable.

 

Dans cette réflexion, elle devra notamment se demander pourquoi les plus défavorisés, les victimes de l’exploitation capitaliste, les laissés pour compte d’une organisation de l’économie et de la société dans laquelle ils ne se reconnaissent pas, mais aussi ceux qui, sans être forcément des victimes, attendent autre chose de leur pays, pourquoi, ces Français, pas nécessairement idiots ou égarés, pourquoi ces hommes et ces femmes que la gauche aurait vocation à rassembler et à représenter, pourquoi se résolvent-ils à voter FN, à l’unisson avec beaucoup d’Européens confrontés aux mêmes problèmes, aux mêmes dénis d’identité et qui émettent de plus en plus des votes comparables ?

 

Je livre ces réflexions à tous ceux qui, comme moi, rêvent encore d’une société juste et solidaire, libérée de l’exploitation de l’homme par l’homme, une société où il y a d’autres valeurs que celle du fric. Cette aspiration à cette société, depuis des lustres était portée par la gauche. Il serait dommage que désormais d’autres soient porteurs de l’espoir.

 

Quant aux personnes honnêtes moins à gauche que moi qui lisent ces lignes, je voudrais leur dire que cette réflexion les concerne aussi. On peut croire au mérite individuel et ne pas se reconnaitre dans une société qui sacrifie des emplois aux importations de produits fabriqués sans aucun respect des normes sociales et environnementales. On peut se sentir de droite et constater que l’Union européenne n’est même pas capable d’assurer la croissance économique, on peut même être capitaliste et en même temps attaché à son pays, à sa culture et à ses valeurs. C’était le sens du consensus du Conseil National de la Résistance.

 

Retrouvons-en l’esprit. Pour cela, essayons d’établir un dialogue constructif basé sur des échanges d’arguments et non sur des invectives, des tabous, des anathèmes et des ostracismes. Le nouveau président veut « rassembler » les Français. A lui de montrer que ce n’était pas seulement un slogan de campagne.

 

Bravo quand même à François Hollande. Et bon courage dans son action. Il en faudra.

 

Yves Barelli, 6 mai 2012

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