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10 décembre 2018 1 10 /12 /décembre /2018 22:28

Service minimum mais service quand même ! Hausse du smic de 100€ net « sans coût pour l’employeur » (on peut donc penser que des baisses de charges compenseront la hausse), suppression de l’augmentation de la csg pour les retraites de moins de 2000€ mensuels, défiscalisation des heures supplémentaires. C’est loin de l’attente mais ce n’est pas rien (on parle d’un coût budgétaire de 10 milliards). C’est en tout cas plus que ce qu’on avait laissé entendre quelques heures avant l’allocution de ce soir. Est-ce de nature à « calmer » le mouvement des « gilets jaunes » ? Pas sûr ! La perte totale de confiance des Français dans Macron est telle que ces annonces, pourtant non négligeables même si elles sont en-deçà de l’attente, suscitent le plus grand scepticisme au vu des premières réactions.

A ces mesures s’ajoutent un catalogue de bonnes intentions quant à l’écoute des Français, à une meilleure représentation des citoyens (on peut penser qu’on ira vers une modification du système électoral en introduisant, enfin, au moins un peu de proportionnelle, mais combien?) et une marche vers un « nouveau pacte social ». Là-dessus, je serai, ainsi que l’immense majorité des Français, échaudés par le mépris et la duplicité de Macron, comme saint-Thomas : j’attends de voir, en espérant que le pouvoir ne tentera pas de reprendre d’une main ce qu’il a lâché de l’autre.

En résumé, le président a-t-il convaincu et a-t-il réussi à donner l’apparence de la sincérité ? La réponse est évidemment non. Nous n’avons plus confiance dans l’homme. Il peut toujours parler. Nous sommes bien obligés de l’écouter mais nous ne croyons ce qu’il dit que quand il en donne la preuve concrète. Son bla-bla ne nous intéresse pas. S’il lâche effectivement ses 100€ de plus pour le smic (qui devrait donc passer à peu près à 1250€ mensuel net), ce sera mieux que rien, mais qu’il n’attende pas des remerciements des intéressés qui vont certainement considérer que le président a reculé contraint et forcé.

Sera-ce suffisant ? Non. Il ne rétablit pas l’impôt sur la fortune, exigence-phare des gilets jaunes à la forte charge symbolique. Il ne touche pas aux hausses de csg pour les retraites moyennes et plus fortes. Pas non plus d’augmentation du minimum vieillesse ou de l’allocation d’handicapé. Rien pour les fonctionnaires, au « point d’indice » toujours bloqué. Pas d’indexation des retraites sur l’inflation. Etc.

Les gilets jaunes et ceux qui les soutiennent ne sont donc pas satisfaits. Sur les ronds-points, on décidera de la suite ou non du mouvement et de la « manif » de samedi prochain.

Je souhaite que les gilets jaunes décident collectivement et dans l’unité de lever les barrages dès cette semaine en fêtant la victoire obtenue dans la convivialité et en conservant une mobilisation d’après-mouvement (par exemple en posant les jalons de ce qui pourrait devenir une formation politique adéquate (style Cinq Etoiles italien), avec, peut-être, des candidats aux « européennes » du printemps.

Si les jusqu’au-boutistes devaient entrainer le maintien de barrages et de manifs, ce serait suicidaire : les ronds-points ne seraient alors encore occupés que par des poignées de gilets jaunes, délogés les uns après les autres par les CRS dans l’indifférence générale (les TV passeront à autre chose et la Noël n’est pas propice aux mobilisations). Et ceci, rappelons-le, parce que c’est malheureusement la réalité, en l’absence d’alternative politique immédiate (les leaders de l’opposition ne sont pas plus populaires que Macron). La victoire se transformerait alors en défaite. J’espère qu’il n’en sera pas ainsi.

En tout état de cause, je maintiens mon appréciation de ces derniers jours (y compris l’article que j’ai mis en ligne ce matin) : Macron a été contraint de reculer, il a enfin écouté ceux, dans son entourage, qui ont plus le sens politique que lui et il a enfin lâché du lest. Il n’empêche : je crois que la confiance ne sera jamais plus rétablie. Macron n’aura été qu’un météorite, déjà en train de s’éteindre. Politiquement, il est déjà mort. Le « système », lui, est toujours là. Sans doute a-t-il déjà commencé à rechercher quelqu’un de plus présentable que celui qu’il a porté au pouvoir l’année dernière (faute de mieux : ils avaient plutôt choisi au départ Juppé, que l’âge et l’allure un peu plus avenante rendaient moins antipathique que le Juppé antisocial « droit dans des ses bottes » d’il y a vingt ans).

Rien n’est évidemment fini et des rebondissements ne sont pas à exclure, mais, en tout état de cause, le président a dû manger son chapeau et la fin de son quinquenat (s’il le termine) n’aura rien à voir avec son début.

Je vois notamment deux faits intéressants :

a/ Macron se voulait le champion des « européistes » face aux « populistes ». Il doit maintenant ravaler sa morgue et sa prétention. L’effacement du Français arrogant est concomitante avec l’effacement du « pilier » de marbre désormais bien fêlé Merkel (dont le gouvernement de coalition n’est même pas assuré de passer le cap de l’hiver). L’heure est désormais à la reprise du pouvoir par les peuples, à ceux que les médias nomment encore « populistes », terme en passe désormais d’être une gloire et non une infamie. Salvini et Orban vont avoir le vent en poupe et je m’en réjouis. Le Pen pourra en tirer profit dans leur sillage.

b/ La « République en marche » désormais en marche arrière vers le néant dont elle n’aurait jamais dû sortir, va libérer un espace. J’appelle de mes vœux une union dans le cadre de ce que j’ai appelé dans un article précédent un « forum des citoyens » de tous ceux qui veulent sauver notre nation du déclin et de la soumission au capitalisme mondialisé concrétisé par l’Union européenne. J’espère que nos politiciens mettront enfin de côté leurs ostracismes respectifs ridicules et que nous pourrons avoir une solution de type autrichien (Wauquiez + Le Pen) ou italien (Le Pen + Mélenchon). Ce dernier cas de figure peut encore apparaitre utopique. Cela l’était aussi en Italie il y a un an. Qui aurait parié que la Ligue et Cinq Etoiles gouverneraient ensemble et que leur union serait pérenne (pour le moment elle l’est, avec de très bons sondages) ?

Il est vrai qu’il y a des désaccords, et même des philosophies différentes entre les uns et les autres, notamment sur l’Europe et l’immigration. Cela ne devrait pas empêcher de faire un bout de chemin ensemble. En Europe, il n’y a à peu près qu’en France, à cause du système électoral qui donne des majorités homogènes mais artificielles et intrinsèquement fragiles (ailleurs on a des crises gouvernementales, chez nous, c’est la rue qui doit arbitrer), qu’on a  des gouvernements monochromes. Notre pays a besoin de retrouver une vie publique plus civilisée et plus apaisée (même si elle ne peut jamais l’être totalement).

Merci en tout cas aux gilets jaunes d’avoir, grâce à leur abnégation (ces milliers de braves gens qui ont passé du temps sur les ronds-points rendent plus optimistes sur la nature humaine et sur la capacité des Français à redresser la tête quand tout semble perdu), permis de poser la problématique française en des termes nouveaux Tout n’est pas perdu. Tout dépend de nous tous.

Joyeuses fêtes à tous./.

Yves Barelli, 10 décembre 2018                    

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