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13 août 2018 1 13 /08 /août /2018 22:05

Je n’ai pas résisté à donner ce titre, digne des romans d’espionnage qui servaient autrefois à meubler les soirées d’été avant qu’on invente internet, au récit de l’un de mes voyages en Afrique, concrètement celui effectué en  novembre 2011 dans la région du Zambèze où se rejoignent quatre Etats : le Zimbabwe, la Zambie, la Namibie et le Botswana. J’y suis venu en avion depuis l’Afrique du Sud et ai parcouru la région en voiture, moyen le plus pratique de visite, à condition toutefois d’avoir un passeport diplomatique afin de minimiser un peu les bureaucraties tatillonnes et parfaitement inutiles qui caractérisent la quasi totalités des passages frontaliers sur le continent africain.

Le Zambèze est le plus grand fleuve de la partie australe de l’Afrique. Long de 2750 km, il prend sa source en Zambie, fait une petite incursion en Angola, revient en Zambie où il forme la frontière d’abord avec la Namibie, puis le Botswana et enfin le Zimbabwe avant de traverser le Mozambique pour aller se jeter dans l’océan indien. C’est le quatrième fleuve d’Afrique par la longueur (après le Nil, le Congo et le Niger). Son débit est loin de celui du Congo, bien qu’à l’occasion il se gonfle considérablement.

A la limite entre la Zambie et le Zimbabwe, le fleuve Zambèze renferme un trésor, les chutes Victoria par lesquelles il s’engouffre dans une faille spectaculaire. Avec celles du Niagara et d’Iguaçu (Brésil/Argentine), c’est l’une des trois cataractes les plus connues dans le monde. Même si je préfère celle d’Iguaçu, celle de Victoria, mérite le déplacement.  

La partie centrale du bassin du Zambèze est un vaste plateau à une altitude à peu près de 1000m, ce qui permet un climat, sinon tempéré, du moins, moins chaud que dans les parties plus basses du continent, d’autant que la région est assez bien arrosée. Ce plateau était une composante de l’empire colonial britannique qui constituait le territoire de « Rhodésie-Nyassaland », zone de passage entre l’Afrique du Sud et la région des grands lacs.

Il n’y a pas que les chutes Victoria à voir du côté du Zambèze. Les grands animaux, notamment les éléphants, y sont nombreux, pas seulement dans les parcs nationaux, mais aussi en dehors (le spectacle d’un groupe d’éléphants traversant une route est toujours impressionnant). L’habitat rural est également intéressant avec ses villages pittoresques formés de maisons rondes.

Les quatre pays visités sont tous de langue officielle anglaise et on y circule à gauche. Pas d’insécurité particulière et réseau routier acceptable eu égard aux standards africains moyens. Ci-après le compte-rendu du séjour zambézien.

L’aéroport de Victoria Falls est petit. Cette localité du Zimbabwe est minuscule (la capitale est à Harare) et l’aéroport n’a qu’une fonction touristique. Deux avions par jour depuis Johannesburg, quelques autres depuis d’autres villes de l’Afrique australe. On peut regretter que la Zambie et le Zimbabwe ne se soient pas mis d’accord pour construire un aéroport unique desservant les chutes (celui de Livingstone, de l’autre côté de la frontière, n’est qu’à quelques kilomètres), ce qui donnerait sans doute des horaires plus commodes. Ce n’est pas le seul manque de coopération entre les deux pays : les chutes Victoria sont sur la frontière, mais il faut un visa pour chacun des pays et, pour passer une voiture d’un pays à l’autre, il faut subir des formalités assez longues et, en outre, s’acquitter d’une taxe.

Pas mal de pagaille dans cet aéroport. On peut y recevoir le visa (ce qui est mieux que dans beaucoup d’autres pays africains, notamment les francophones, où il faut l’avoir avant le départ). Prise de possession de la voiture Ford Fiesta chez Avis. Ce véhicule semble avoir fait la guerre : plus de 135 000 km et des chocs et bosses partout. Il fait plutôt chaud, de l’ordre de 35°. Soleil. On roule à gauche au Zimbabwe, comme d’ailleurs dans tous les pays visités au cours de ce voyage. Ça ne me gêne pas. J’ai déjà conduit des milliers de kilomètres de ce côté de la route. 20 km jusqu’en ville. 

Installation à l’hôtel « A Zambezi Lodge » (le « a » doit être l’article dans la langue locale. Ça permet à l’établissement de figurer en bonne place dans l’ordre alphabétique). Cet hôtel a été repris par le groupe Accor. Ce n’est pas pour autant qu’on y trouve des inscriptions en français ou des programmes de TV francophones sur les chaînes satellites. Beaux jardins le long du Zambèze. Toits de chaume pittoresques. Des singes courent sur les toits lorsque j’y arrive. Plus tard je verrai des phacochères. Tarifs de l’ordre de 140$ la nuit et buffets à 25$ plus boissons. Au Zimbabwe, tout est affreusement cher.

Promenade dans le centre en voiture. Supermarché Spars. La bouteille de 2 litres de coca y coûte 2,50$. Le Zimbabwe a connu une période agitée ces dernières années avec une économie qui s’est effondrée. La monnaie nationale s’est elle aussi écroulée, tuée par une inflation galopante. L’année dernière, cette monnaie  a été abandonnée. Le Zimbabwe utilise désormais le dollar américain et, accessoirement, le rand sud-africain. Les prix sont indiqués en dollars, mais on rend la monnaie en pièces de rands.   

Après le supermarché pour y faire une provision de boissons, je vais voir la frontière avec la Zambie (un ou deux km depuis le centre de Victoria Falls ; on pourrait y aller à pied). Une bande de singes est au bord de la route avec des mères qui portent des bébés. Ce doit être la saison des naissances : les femelles ont presque toutes des bébés accrochés à leur ventre. Natalité galopante ! Pour passer la frontière à pied, les piétons reçoivent, sur présentation du passeport, un ticket qu’ils doivent rendre au retour. De l’autre côté, il faut se faire établir un visa. On n’y échappe au retour que si on a pris la précaution de se faire faire un visa à entrées multiples (plus cher). Sinon, re-visa. Je ne passerai cette frontière que demain. Sur une petite route latérale, belle surprise : un troupeau d’éléphants, en liberté évidemment (en Afrique, les éléphants ne sont jamais domestiqués ; seuls les asiatiques le sont). Magnifique. Repas à l’hôtel le soir. Leur musique locale est vraiment lancinante et monotone. J’aime bien en général les musiques africaines. Mais pas celle-là.

(le lendemain). Circuit en voiture de 450 km de part et d’autre du Zambèze sur cette vaste région de savanes plate et peu peuplée. Traversée des quatre pays : Zambie, Namibie, Botswana et retour au Zimbabwe. 

Départ vers 9 heures pour la Zambie. Temps couvert. Ce temps restera toute la journée, ce qui permet de voyager dans de bonnes conditions. Température agréable. Probablement autour de 30°. Cette voiture n’a pas de thermomètre, c’est dommage. En revanche, j’ai emporté mon altimètre : Je resterai autour de 1000 mètres d’altitude. Je roule sans clim. En roulant, aucune chaleur ressentie. Même à l’arrêt, c’est très supportable.

Traversée de la Zambie

Pour entrer en Zambie, on passe un grand pont métallique qui porte à la fois la route et la voie ferrée. Lorsqu’il a été construit en 1905 pour permettre le passage du chemin de fer qui devait ultérieurement relier Le Cap au Caire, ce fut un véritable tour de force. Le pont enjambe le Zambèze juste à la sortie des chutes Victoria. Le fleuve s’engouffre alors dans un canyon de 110 mètres sous le pont. Quelques casse-cous y font parfois des sauts à l’élastique. Il parait que c’est le record du monde pour ce type d’activité. 

Les formalités dans ce genre de pays prennent rarement moins d’une demi-heure, même pour un diplomate. Fiche de sortie du Zimbabwe, tampon pour le passeport et tampon supplémentaire pour la voiture, deuxième contrôle qui s’assure que tout a été fait, troisième contrôle avec barrière pour sortir du pays. Rebelote cinq cent mètres après, cette fois pour entrer en Zambie. Pour la voiture, il faut donner tout un tas d’indications du genre année de construction du véhicule, numéro de châssis et numéro de moteur. Je n’en ai pas la moindre idée. J’écris n’importe quoi et cela les satisfait totalement.

Je ne me ferai jamais à la bêtise de la bureaucratie, absurde et complètement inutile quand on laisse écrire n’importe quoi sans vérifier et on comprend qu’ils ne le fassent pas car ils s’en fichent et savent que jamais personne ne lira la fiche. Ubu roi de la Zambie et de bien d’autres terres de par le monde. D’ailleurs, c’est une règle que l’expérience m’a apprise : plus le pays est petit et merdique, plus ils font écrire n’importe quoi ! C’est à pleurer (il est vrai que pour les visas Schengen, c’est bien pire et plus cher, mais il y a au moins l’alibi de la lutte contre l’immigration clandestine. Qui voudra s’installer illégalement en Zambie ?).

Ces formalités ne servent à rien sauf à encaisser (mais ils pourraient simplement faire payer  comme pour un péage d’autoroute, ce serait plus rapide) : taxe pour la voiture : 30$. Visa 20$. Gratuit pour diplomate.

De Livingstone à Sesheke, sur le plateau zambien, à bonne distance du Zambèze

Passés le pont et les contrôles, me voilà en Zambie. Pour moi, c’est nouveau : un pays de plus à mon palmarès. Entre hier et aujourd’hui, ça va m’en faire trois de plus. Pas mal.

Route directe vers Sesheke qui évite Livingstone. Route de près de 200 km, en général toute droite à bonne distance du Zambèze qu’on ne voit jamais. Très peu de trafic. Bonne route. Pas mal de villages typiques avec des maisons rondes aux toits de chaume. En général, très propres. Savane avec de grands arbres clairsemés, la plupart des acacias.

Après Sesheke, petite capitale de province, on a récemment construit un nouveau pont sur le Zambèze. La frontière est immédiatement après, sur la gauche, mais il n’y a aucune indication. J’aurais dû s’en douter à cause des nombreux camions garés sur le côté. Plusieurs kilomètres de trop avant de revenir en arrière. Même genre de formalités que pour la frontière précédente. On est désormais en Namibie. Taxe pour la voiture 120R (12€). Pas de visa nécessaire. Formalités rapides. Ils sont un peu plus futés que dans les pays voisins.

La Namibie, un pays qui fait bonne impression

La première localité namibienne est Katima Mulilo. Lorsqu’on entre dans un pays, avec un peu d’habitude on voit tout de suite quel est son niveau économique. Ici, les gens sont habillés correctement, à l’européenne, la signalisation routière non seulement existe (ce qui n’est pas le cas partout en Afrique), mais en plus elle est bonne. Ce n’est même pas la peine de consulter les statistiques : manifestement, ce pays est un cran au dessus de la moyenne de la région. Il est vrai que la Namibie est bourrée de ressources dans son sous-sol, notamment des mines de diamants. Il est vrai aussi que les Namibiens ne sont pas nombreux, à peine deux millions pour plus d’un million de km2. Il y a de la place. Il est vrai aussi que, longtemps rattaché de fait à l’Afrique du Sud et dominée par une minorité blanche, même si celle-ci accaparait la plus grande partie des richesses, le niveau général était tout de même au dessus des standards africains.

Souvenirs, souvenirs…

Je ressens presque de l’émotion à être en Namibie. Pour ma modeste part, j’ai contribué à son indépendance. Dans mon premier poste diplomatique, à New-York, j’étais en charge à la mission française auprès de l’ONU des dossiers politiques africains et j’ai passé des heures et des heures en réunions consacrées à la Namibie qui était, finalement, mon dossier prioritaire. Il y avait notamment ce qu’on appelait un « groupe de contact » composé de cinq pays occidentaux (F, GB, USA, Allemagne et Canada) qui assuraient une sorte de médiation entre les Africains et l’Afrique du Sud. Je représentais la France dans ce groupe et les réunions étaient presque quotidiennes, notamment lorsque le Conseil de Sécurité était saisi de la question namibienne.

En dépit de cela, je n’avais jamais eu l’occasion de me rendre en Namibie, ni du temps de l’ « occupation illégale par le régime d’Apartheid », comme on disait à l’ONU, ni après l’indépendance obtenue en 1990. Lors de mon premier voyage en Afrique du Sud, en 1994, j’étais passé à moins de 200 km de la frontière, mais sans faire le détour au-delà du fleuve Orange. J’en étais resté frustré.

Me voilà donc en Namibie. Même si c’est pour quelques minutes, je suis satisfait. Cette incursion va en effet être courte, moins de 80 km dans l’extrême nord-est du pays. Les frontières issues de la colonisation sont souvent absurdes. Lorsqu’on regarde une carte de l’Afrique australe, on observe une longue bande de terre de près de 500 km de long sur à peine quelques dizaines de large qui s’enfonce comme un doigt entre l’Angola et le Botswana. Elle prolonge artificiellement la Namibie vers l’est jusqu’à toucher le fleuve Zambèze, précisément à Katima Mulilo. On appelle ce couloir la « bande de Caprivi », du nom d’un premier ministre allemand du 19ème siècle. Les ethnies présentes dans cette terre n’ont rien à voir avec le reste de la Namibie et sont au contraire communes avec les pays voisins.

Une curiosité historique : la bande de Caprivi

Il y a une explication historique à cette curiosité. La Namibie, alors Sud-Ouest Africain, était une colonie allemande, comme l’était, un peu plus haut sur la carte de l’Afrique, le Tanganyika. Alors que la présence britannique n’était pas encore bien consolidée sur l’actuelle Zambie, les Allemands avaient des visées sur la région. Les Anglais souhaitaient pour leur part établir un protectorat sur Zanzibar, au large du Tanganyika (à l’indépendance, ces deux territoires formeront la Tanzanie). Il y eut donc un échange : les Allemands laissèrent les Anglais s’installer sur le riche Zanzibar ; en échange, ils récupéraient Helgoland, une île au large de l’Allemagne occupée par l’Angleterre, et cette bande de Caprivi.

Après l’indépendance de la Namibie, une tentation séparatiste apparut dans la bande de Caprivi et pendant plusieurs années, ce territoire fut peu sûr pour des voyageurs étrangers. Le site du ministère des affaires étrangères, « conseil aux voyageurs », le déconseillait formellement. Aujourd’hui, la situation est normalisée et me voilà donc dans « ma » Namibie.

Excellente route de Katima Mulilo à Ngane à travers la « bande de Caprivi »

Une route secondaire mène de Katima Mulilo à Ngane, sur la frontière du Botswana. Elle est excellente, alors que je m’attendais à trouver une piste. Sans doute un programme d’aide internationale. Cela explique que, parfois, on trouve soudain une très bonne route déserte. Souvent en Afrique, on ne planifie pas vraiment les routes ; on attend l’aide internationale. C’est le cas ici.

Quelques villages traversés qui ressemblent à ceux de Zambie : des maisons rondes couvertes de toits de chaume. Des greniers à grain, des espaces publics, quelques personnes en général habillés à l’européenne. Comme en Zambie, c’est propre et d’un bon niveau apparent.

C’est un peu à l’image de la plus grande partie de l’Afrique anglophone qui, au premier coup d’œil parait le plus souvent plus propre, mieux organisée, plus disciplinée que l’Afrique francophone (il y a des exceptions, notamment le gigantesque et bordélique Nigeria). Cette discipline et bonne tenue est particulièrement spectaculaire sur les routes. Les usagers sont plus respectueux des règles, en général, que les francophones. Il faut reconnaitre que les Anglais ont mieux développé leurs colonies que les Français; cela se voit même en Afrique occidentale : j’ai visité le Ghana, d’un meilleur niveau que ses voisins francophones. 

Arrêt au bord de la route pour pique-niquer. Une grande termitière en face. Les termitières, en activité ou abandonnées, sont une caractéristique de l’Afrique. Dans la savane, il y en a partout. Ce sont des monticules de terre aux formes diverses, en général des cônes, qui peuvent atteindre plusieurs mètres de haut.

Le Botswana

Après la petite localité de Ngoma, on passe la frontière avec le Botswana. Ce pays ressemble un peu à la Namibie, avec un niveau de vie comparable. Lui aussi a moins de 2 millions d’habitants pour près d’1 million de kilomètres carré. Il est aussi riche en diamants. Le Botswana est l’un des rares pays africains à avoir eu une existence démocratique depuis l’indépendance, acquise dans les années 1960. Aujourd’hui, en plus des mines, ce pays vit du tourisme, sud-africain essentiellement, mais aussi d’ailleurs. Il y a plusieurs grands parcs nationaux. La nature sauvage est particulièrement belle dans le delta intérieur de l’Okavango. Il s’agit d’un fleuve qui se perd dans les sables du Kalahari. Vers la fin, ses bras alimentent des marécages où se concentre une faune très riche. Mais, c’est un peu difficile d’accès. Nicolas Hulot et Ushuaia y ont fait de beaux reportages.  

Comme pour la Namibie, le visa n’est pas nécessaire. Il y a en revanche une taxe de 160R (16€) à payer pour la voiture mais, comme c’est l’heure du déjeuner et que le préposé à cette taxe est allé se sustenter, le policier me laisse passer sans la payer. C’est pas fini. Il y a encore  un contrôle sanitaire, du type de ceux qui avaient été installés en Europe et ailleurs du temps de la grippe aviaire. Il faut descendre de voiture pour s’essuyer les pieds, passer sur un gué et ouvrir le coffre pour vérifier qu’on ne transporte aucun produit alimentaire. Curieux et anachronique. Mais sur ce continent (et sur les autres aussi), plus rien ne m’étonne en matière de règles absurdes et de bureaucratie hors du réel. 

Une petite rivière fait frontière. Des buffles et des zébus sont sur les bords de la rivière et dans les marécages qui la bordent. Près du poste-frontière, il y a aussi des singes qui semblent souhaiter la bienvenue au Botswana à l’ombre d’un baobab. 

Quelques kilomètres après la frontière, on traverse le parc national de Chobe, l’une des grandes réserves animales du pays. Belle route d’une soixantaine de kilomètres à travers la savane arborée. Nombreuses traces d’éléphants : bouses, troncs d’arbres lacérés. Arrêt pour observer une éléphante avec son petit à côté d’elle. Elle n’est pas effrayée. Magnifique. Quelques antilopes et gazelles. Beaux paysages.

Retour au Zimbabwe

Après cette petite incursion botswanaise, nouvelle frontière, la troisième de la journée. Cette fois, c’est pour revenir au Zimbabwe, quitté ce matin. Pas de visa à prendre, je l’ai déjà. Mais une taxe de 10$ à payer. La voiture est pourtant immatriculée au Zimbabwe, mais il faut quand même payer. Ne pas chercher à comprendre.

Traversée de la petite localité de Kazungula. Ensuite, route à travers le parc national du Zambèze sur près de 100 km. C’est la fin de l’après-midi, en principe l’heure la plus favorable pour voir les animaux, mais, là, aucun. Un parc national, c’est grand et c’est toujours imprévisible. Les animaux ne sont pas nécessairement là où on les attend. Ils bougent beaucoup. Ils sont libres. Tant mieux pour eux.

Toute la journée, le ciel a été couvert. Excellent. C’est plus confortable pour supporter les 35 ou 36°. Le soleil sort un peu. Retour à Victoria Falls vers 18 heures. Essence 1,50$ le litre, pizza 9$. On se demande comment les Zimbabwéens ordinaires peuvent vivre ! Comme les plus riches sont concentrés dans la capitale, on comprend que les routes soient dégagées. Il est vrai qu’aujourd’hui, quel que soit le pays, le trafic a été particulièrement fluide. C’est agréable de voyager quand la route vous appartient !  Route dans l’ensemble excellente. On peut tenir de bonnes moyennes, au moins sur les chaussées. Ce sont les postes-frontières qui la font baisser. Mais, pour aujourd’hui, peu importe, j’avais du temps et pas trop de kilomètres (450) à faire. 

Les chutes Victoria

(le troisième jour). Matinée au Parc National des chutes Victoria. Entrée 30$ valable pour une seule entrée. Les chutes Victoria, c’est un must dans un voyage en Afrique australe. Le site est le suivant : une grande faille pas très large mais longue de 1 600 mètres. En face, c'est-à-dire du côté zambien, le Zambèze s’élargit sur le rebord du plateau et se précipite dans la faille en une multitude de cascades. Cette cataracte est la plus longue du monde, davantage encore que les chutes d’Iguaçu, à la frontière entre le Brésil et l’Argentine, qui se présente un peu selon le même principe : l’eau s’y précipite dans la faille.

L’eau du Zambèze tombe de 108 mètres. A la saison des pluies, il y a tellement d’eau que l’ensemble de la chute est enrobée dans une sorte de brouillard avec un arc en ciel permanent. Nous sommes maintenant en saison sèche, plus précisément à la fin de la saison sèche, donc au niveau minimum. Il y a moins d’eau qu’à la saison des pluies et c’est donc probablement moins spectaculaire. Mais c’est peut-être mieux car on peut admirer les cascades sans se faire asperger et sans que la visibilité soit affectée par la vapeur d’eau.

De toute façon, c’est beau et impressionnant. Je mesure toujours la chance que j’ai lorsque je me trouve en face d’un tel spectacle de la nature. C’est tout simplement magnifique. Nous avons la chance d’habiter une belle planète. Espérons qu’on pourra la préserver. Elle a déjà été suffisamment malmenée comme cela. Arrêtons de tout soumettre aux impératifs de l’économie. Assez de cette dictature des marchés. Assez aussi de cette « mondialisation » absurde. Quelle logique y at-t-il d’importer de l’autre bout de la planète ce que l’on peut produire sur place ? D’autant que ce commerce mondial a un double coût, celui de la moins-disance sociale et celui de la pollution due aux transports. La nature est fragile, arrêtons de la maltraiter ! L’homme est fragile aussi, cessons de tirer sur la corde ! Quand je dis « cessons », je veux dire « cessez », vous les capitalistes qui voulez vous empiffrer de profits et vous les gouvernements complices. Je refuse d’être culpabilisé. Leur mondialisation et leur capitalisme, ce n’est pas mon choix, je n’en veux pas !      

Promenade le long de la faille du Zambèze en face des chutes le long d’un chemin aménagé. Les divers points d’observation portent des noms pittoresques comme souvent en pareil endroit : « cataracte du diable », « cataracte du fer à cheval », etc. Sur le chemin, de nombreux singes. Souvent des mères qui portent leur petit accroché sous leur ventre. Aujourd’hui, le soleil est sorti. Forte chaleur, probablement entre 36 et 38°.

Dans l’après-midi, le temps se couvre et une forte pluie avec tonnerres et éclairs tombe. La première de la saison humide. Dans le jardin de l’hôtel, toute une colonie de singes se promène. En fin d’après-midi, sur la route de l’hôtel au centre-ville, un troupeau d’éléphants traverse la route. Ils sont magnifiques, très grands. La vue des voitures ne les émeut pas outre mesure. On voit qu’ils ont l’habitude. Là où les éléphants passent, on le remarque tout de suite : énormes crottes, mais aussi arbres et branches cassés. Sur la route qui longe le parc national à proximité immédiate des chutes (cette route prend sur la gauche juste avant la frontière), belle végétation. Vue d’aigrettes et de babouins. Un vieux baobab (le « big tree ») a 23 m de haut et 18 m de circonférence. Il est vieux de 1500 ans. Magnifique. 

Le lendemain, dernier jour de ce rapide mais intéressant séjour zambézien, promenade le long du Zambèze en amont des chutes. Petit parc naturel (30$, bien qu’il n’y ait aucun aménagement : dans ce genre de pays, les étrangers sont des vaches à lait). Grosse chaleur (37 à 38°). Mauvaise piste sur 20 km avant de rebrousser chemin. Peu d’animaux si ce n’est quelques phacochères, des singes, des antilopes et des hippopotames qui se prélassent dans le fleuve. Belle savane arborée. Zone très sèche avec quelques parties un peu plus humide. Belles vues sur le fleuve.

Il ne reste plus qu’aller reprendre l’avion. Bye bye Zambèze.

Sur les Chutes Victoria, une plaque contient la citation d’un sage indien, Sri Chinmoy, « ambassadeur de bonne volonté de l’Unesco » : « Don’t stop dreaming. One day, your world-peace-dream will inundate the entire world!» (ne vous arrêtez-pas de rêver. Un jour, votre rêve de paix pour le monde inondera le monde entier).

Dans la beauté de l’immense savane, là où probablement l’Humanité est née, faisons nôtre cette affirmation. Même si le rêve ne devient pas toujours réalité, il faut savoir rêver à un monde meilleur. Ceux qui en sont incapables sont des moutons résignés. Ce n’est pas encore mon cas./.

Yves Barelli, 13 août 2018

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