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16 avril 2017 7 16 /04 /avril /2017 13:58

Donald Trump, plus fin politicien que ce que nos médias, juges et parties, présentent, aime surprendre. On l’attendait sur un repli protectionniste et voilà qu’il commence à intervenir aux quatre coins du monde : en moins d’une semaine, il a fait tirer 59 missiles sur une base aérienne syrienne, une méga-bombe sur une zone djihadiste d’Afghanistan et il a donné l’ordre à un porte-avion de se positionner à proximité des eaux territoriales nord-coréennes. Cette agitation, sans aucun intérêt militaire, est purement politique ; elle est destinée à son opinion publique interne pour lui montrer qu’il est à la hauteur de sa charge et qu’il n’est pas l’otage de Moscou et au monde pour rappeler que les Etats-Unis, dont les dépenses militaires représentent à elles seules 40% du total des budgets mondiaux d’armements, peuvent frapper quand et où ils le veulent. Mais même si le président américain sait certainement jusqu’où il peut aller et jusqu’où il ne le peut pas (s’il ne le sait pas, ses conseillers le savent), son jeu en Asie est dangereux. Moscou et Pékin le lui ont déjà dit. Plutôt que de s’en prendre maladroitement au mur envisagé à la frontière mexicaine où à la suspension de visas pour des pays dangereux, légitimes car ne relevant que de la seule souveraineté américaine, les alliés européens des Etats-Unis seraient bien avisés, eux aussi, d’alerter Washington sur les risques d’une confrontation en Asie.

1/ Les missiles tirés, avec précaution, sur la Syrie (on rappelle que Washington avait eu le soin de prévenir à l’avance les membres permanents du Conseil de sécurité et, via la Russie, la Syrie, voir mon article du 7 avril : « frappes américaine sur Syrie ») étaient certes destinés avant tout à l’opinion américaine pour couper l’herbe sous le pied d’une enquête du FBI, sans doute partiale car le président n’a pas encore eu le temps de « faire le ménage » à la tête de cette institution qui lui est jusque-là hostile, visant à exhumer des soit disant « preuves » de la collusion de son équipe avec les présumées interférences russes dans la campagne présidentielle de novembre dernier. Il n’empêche que les conséquences internationales sont mauvaises car elles jettent un froid sur les relations américano-russes à un moment où, au contraire, jamais une alliance internationale contre l’islamisme (dont les actions terroristes frappent partout) n’a été aussi nécessaire.

La méga-bombe lancée sur une zone montagneuse d’Afghanistan destinée, parait-il, à frapper les djihadistes jusque dans les grottes où ils trouvent refuge, en serait presque comique si des vies humaines n’étaient pas en jeu.

Elles accréditent en tout cas la conviction (ce n’est pas nouveau) que les Etats-Unis s’arrogent le droit de faire ce qu’ils veulent sans aucune considération pour le droit international. Envoyer des bombes sur un Etat souverain sans déclaration de guerre et sans même chercher à se couvrir par une résolution, même vague, du Conseil de Sécurité, ce n’est tout de même pas rien. Même Bush s’appuyait sur des résolutions de l’ONU ! On en est revenu à la politique de la « canonnière ». On est en pleine loi de la jungle et en plein cynisme. Nos médias, auxquels les gens sensés ne font plus confiance depuis longtemps, si prompts à dénoncer l’annexion « arbitraire » de la Crimée par la Russie alors que cette terre est évidemment russe et que sa population a été consultée par plébiscite et a approuvé à plus de 90% le rattachement à la Russie, n’ont jamais aucun état d’âme à couvrir les multiples violations du droit international et tout simplement du droit des gens dès lors qu’elles viennent de leurs maitres américains. Ces médias (et nos politiciens encore au pouvoir à Paris) du « système » ont certes été désarçonnés par l’entrée à la Maison Blanche d’un « populiste » présenté comme aussi dangereux que Le Pen ou les artisans du « Brexit ». Ils avaient évidemment tous misé sur Hilary Clinton, cette grande « démocrate » et « humaniste », pourtant vendue aux intérêts des grands groupes capitalistes américains du « complexe militaro-industriel ».

Soudain, à leurs yeux, Trump redevient fréquentable. Même Hollande, Merkel et Junker ne le critiquent plus. C’est dire ! Ils risquent néanmoins d’être déçus lorsque le président mettra en œuvre la politique interne pour laquelle il a été élu : protéger l’économie et les travailleurs américains de la concurrence extérieure déloyale et en finir avec l’accueil inconsidéré de « migrants », notamment musulmans, main d’œuvre et consommateurs qui nourrissent les bénéfices des capitalistes, exercent une pression à la baisse des salaires et empoisonnent le quotidien des Américains.

2/ La nouvelle politique va-t’en-guerre de Trump, si elle était poursuivie (les optimistes peuvent espérer qu’elle n’est que passagère pour les raisons intérieures indiquées plus haut ; mais les pessimistes ont toutes les raisons de craindre que lorsqu’on s’habitue à jouer les « durs » en toute impunité, il n’y a aucune raison de s’arrêter), risquerait de déboucher sur de graves tensions internationales, voire sur la guerre.

En Europe, le danger parait limité. Je ne crois pas que Trump sera assez fou pour faire entrer l’Ukraine ou la Géorgie dans l’OTAN. Ce serait un quasi casus-belli avec la Russie.

L’envie de « régler son compte » à l’Iran est, lui, une réalité. Le président américain y est fortement encouragé par son nouveau grand ami israélien Netanyahou et par les monarchies arabes les plus proches de l’islamisme sunnite radical. Taper sur Téhéran ne pourrait que plaire au « lobby » juif américain (qui fait la pluie et le beau temps au Congrès et dans les médias) et à une bonne partie de l’opinion américaine qui n’a pas oublié l’humiliation de la prise de l’ambassade américaine de Téhéran par les hommes de main de Khomeini. Il est clair que si Trump passait à l’acte, soit directement, soit en donnant son aval à une action israélienne, les conséquences risqueraient d’en être importantes. Les Iraniens sont capables de se défendre et de mener des actions de rétorsion et, surtout, une telle action ne laisserait pas Poutine sans réagir. Attention danger !

3/ Mais cela n’est rien comparé aux menaces qui pèsent sur la paix mondiale en Asie.

La Corée du Nord est un petit pays. On peut penser ce que l’on veut de son régime, sans doute moins épouvantable que ce qu’en disent nos médias (je ne connais pas suffisamment ce pays pour avoir une opinion personnelle définitive), mais certainement loin de l’idéal. Je note au passage que, écrivant cela, je suis moi-même conditionné par la propagande ambiante : lorsqu’on parle de Poutine, de Bachar, de Chavez et, évidemment, de Kim Jong Il, il faudrait sans cesse s’excuser de ne pas condamner sans appel ces « régimes », alors que les pires dictatures assassines (comme celle de Ryad) peuvent être ménagées dès lors qu’elles sont nos « amies » !

Toujours est-il que la Corée du Nord dispose de l’arme nucléaire et cela fait toute la différence avec l’Iran (dont j’ai toujours pensé qu’il a droit lui aussi à sa « bombe », ne serait-ce que pour le protéger des menaces d’Israël qui, lui, l’a. Pourquoi l’un et pas l’autre ?).

Puisque le leader du « régime » nord-coréen est présenté comme un fou sanguinaire pire que Néron, les Américains savent, ou devraient savoir, qu’il est susceptible d’utiliser l’arme nucléaire contre un éventuel agresseur. C’est le principe de la dissuasion : même avec une seule petite bombe atomique, on peut faire très mal à celui qui en possède des milliers. Cela devrait donner à réfléchir et inciter à la prudence.

4/ Mais il y a plus que la Corée du Nord, il y a la Chine (et sans doute aussi la Russie et d’autres puissances asiatiques, notamment l’Inde).

La Chine est la seconde puissance économique mondiale, en passe de rattraper les Etats-Unis, et la première masse démographique de la planète. L’ « empire du milieu » procède par étapes dans sa montée en puissance. D’abord, l’économie et le commerce. Ensuite, la conquête des hautes technologies, notamment le spatial.

La prochaine étape sera l’expansion territoriale et l’établissement d’une zone d’hégémonie exclusive. Cela a déjà commencé par le contrôle méthodique de tous les îlots inhabités et à la souveraineté contestée de la mer de Chine et par le renforcement des liens économiques et commerciaux avec un nombre croissant de pays d’Asie, au moins avec ceux qui ne sont pas directement contrôlés par les Etats-Unis.

A terme (et cela est proche), la Chine fera comme toutes les grandes puissances l’ont toujours fait : elle ne tolérera plus de régimes hostiles à ses portes.

Les Etats-Unis n’ont jamais admis que Cuba ait un régime hostile. Ils ont essayé de l’éliminer par divers moyens, notamment, mais pas seulement, par l’embargo. Ils se décident aujourd’hui à relâcher la pression pour l’unique raison que l’île castriste a abandonné toute posture agressive à l’égard de son puissant voisin et toute prétention hégémonique en Amérique latine.

Pourquoi la Chine accepterait à ses portes ce que les Etats-Unis ont refusé aux leurs ? Poser la question est y répondre.

Il y a 40 000 GI stationnés en Corée du Sud, des bases militaires américaines dans une dizaine de pays proches de la Chine (Philippines, Japon, Thaïlande, Singapour, etc).

Je prends le pari que cela ne pourra être éternel. D’une façon ou d’une autre, c’est-à-dire pacifiquement ou par la guerre, cela changera. Il vaudrait mieux pour tout le monde, y compris pour les Etats-Unis, que cela ne soit pas par la guerre.

Viendra, de toute façon, un jour où l’Asie sera un continent de suprématie chinoise, comme l’Amérique est de suprématie des Etats-Unis. Cette suprématie chinoise sera sans doute partagée avec l’Inde, hyperpuissance encore potentielle, avec un scénario optimiste d’alliance entre Pékin, Delhi et Moscou (voir mon article du 4 juin 2016 : « Chine-Inde : coopération et rivalité ») et un pessimiste de confrontation. Je pense que, au moins dans un premier temps, la coopération sera la plus probable car toutes ces puissances sont pareillement menacées par l’hégémonie américaine mondiale. 

Dans le jeu de go, populaire en Chine, mais aussi au Japon, le but d’une partie est de conquérir le territoire le plus vaste, non de tuer les pions de l’adversaire. Celui qui gagne est celui qui, à la fin du jeu, a le territoire le plus vaste, sachant que ses « prisonniers » viennent en déduction des territoires conquis. Un bon joueur de go évalue en permanence les rapports de force. Là où il est faible, il n’insiste pas et laisse l’adversaire s’établir, préférant pousser l’avantage là où il est déjà fort. Dans la nature, le processus est un peu comparable. Dans un combat entre mâles pour diriger un troupeau, la confrontation ne dure jamais très longtemps : le plus faible abandonne le terrain et il n’y a jamais de mort. Ce n’est peut-être pas « démocratique » ou « moral » mais c’est efficace et cela limite les dégâts. Si Napoléon et Hitler avaient été des joueurs de go, ils n’auraient jamais attaqué la Russie car le rapport de forces était en leur défaveur compte tenu du poids démographique russe (qui permet, cyniquement, de sacrifier beaucoup de soldats) et le « général hiver », allié des Russes. Si Fidel Castro avait, lui aussi, joué au go, il aurait certainement cherché un bon compromis avec Washington. La stratégie aux échecs est un peu différente mais, là aussi, il faut savoir sacrifier une pièce ou ne pas entamer une attaque suicidaire là on où n’est pas suffisamment fort en attendant de construite une meilleure attaque.

L’intelligence consisterait pour les Etats-Unis à rechercher un bon compromis tant avec Moscou que Pékin. « Titiller » la Russie sur ses marches ou Pékin en mer de Chine est un mauvais calcul. Mieux vaudrait accepter l’idée qu’il existe des zones d’influences « naturelles » et se résigner, à Washington, à ne pas être dominant partout et éternellement le gendarme du monde. Viendra un jour où l’Asie orientale, Japon compris, sera dans l’orbite chinoise. Les pays et les peuples de ce continent comprendront tôt ou tard que c’est dans leur intérêt et les Américains devront s’y résoudre.

Idem pour l’Ukraine et même les Pays baltes vis-à-vis de la Russie. Il serait bon aussi que les pays d’Europe occidentale et centrale se fassent à l’idée qu’un bon accord avec Moscou vaut mieux que la confrontation.

Toute autre considération, et en particulier nier les réalités, risque de mener à la guerre. 

Nos médias feraient mieux de l’expliquer à leurs lecteurs, auditeurs et spectateurs plutôt que de présenter les faits à travers le prisme déformé de leur dogmatisme sectaire, de jeter systématiquement l’opprobre sur les pays qui entendent rétablir leur indépendance et assurer leur sécurité et jeter en permanence de l’huile sur le feu.

Espérons que Donald Trump fera preuve de réalisme. Qu’il s’occupe de rendre les emplois promis à ses électeurs plutôt que d’envoyer des porte-avions en mer de Chine. Ce sera plus utile.

Yves Barelli, 16 avril 2017

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7 avril 2017 5 07 /04 /avril /2017 12:21

Les frappes américaines qui ont touché dans la nuit du 6 au 7 avril la base aérienne du centre de la Syrie d’où, selon des informations non vérifiées, seraient partie l’attaque possiblement chimique qui a tué 87 personnes dans le nord du pays, est un message de fermeté adressé à l’opinion américaine et au monde par le président Trump. Cette action, dont les Américains avaient informé les membres permanents du Conseil de Sécurité et, via la Russie, la Syrie, a été très ciblée et n’a occasionné aucun dégât collatéral (en particulier s’agissant de matériels et de personnels russes). Plus qu’une action militaire, il faut y voir, de la part des Américains, un signal diplomatique fort.

1/ En conformité avec la philosophie de Trump « America first », c’est avant tout à l’opinion américaine que ce message militaire s’est adressé. Le nouveau président était accusé par de nombreux secteurs de l’opinion américaine de faiblesse complaisante vis-à-vis de la Russie et de la Syrie dans un contexte de soupçons d’interventions russes pendant la campagne présidentielle de novembre dernier visant à empêcher l’élection d’Hillary Clinton. Par cette action, Donald Trump coupe l’herbe sous les pieds de ceux qui étaient en train de monter une campagne contre lui sur le thème de la collusion avec Moscou.

2/ C’est aussi un message adressé à la Russie et à la Chine selon lequel les Etats-Unis n’hésitent pas à agir comme ils l’entendent lorsqu’ils estiment leurs intérêts en jeu. Le message vaut aussi, évidemment, pour l’Iran et la Corée du Nord. Accessoirement, le message est aussi à destination des alliés traditionnels des Etats-Unis, ceux de l’OTAN et d’Asie, quelque peu déconcertés par l’attitude nouvelle de la Maison Blanche qui tendait à accréditer l’idée que, désormais, les Américains ne s’intéressaient plus qu’à eux-mêmes, au détriment, peut-être, de leurs alliés.

3/ Cela étant dit, il faut relativiser la portée de ces frappes américaines. Washington avait pris le soin de prévenir les membres permanents du Conseil de Sécurité et en premier lieu la Russie, très engagée comme on le sait aux côtés du gouvernement syrien. Non seulement les Russes ont pu évacuer leurs avions qui, selon des informations répercutées par les médias, se seraient trouvés sur la base, mais ils ont prévenu aussi leurs alliés syriens, ce qui explique que quasiment tout le personnel a pu être évacué (il n’y a eu que quatre morts syriens, ce qui est encore trop, mais ce qui est sans rapport avec les effectifs normalement présents sur une base aérienne). On a pu ainsi éviter un carnage et, surtout, un acte de guerre aux conséquences imprévisibles contre la Russie si, par malheur des victimes russes avaient été déplorées.

4/ Dans le dialogue que le président Trump a entamé avec la Russie et la Chine (le président chinois doit s’entretenir ces jours-ci avec son homologue américain en Floride), cette action le met en position de force. C’est bien joué.

5/ On peut évidemment déplorer que cette action unilatérale se soit produite, une fois de plus, en dehors du cadre des Nations-Unies. Sans doute cela peut-il se comprendre, à défaut, d’être approuvé, par le temps qu’aurait pris une concertation entre grandes puissances et par la perspective d’un véto russe envers un projet de résolution trop ouvertement anti-syrien (tentative que la France, comme d’habitude, était en train de maladroitement tenter de mettre sur pied). Il eut été évidemment souhaitable qu’on attende qu’une enquête internationale ait pu établir la réalité de l’attaque chimique et la responsabilité, éventuelle, de Damas. Mais cela aurait pris du temps et Donald Trump, notamment pour les raisons intérieures indiquées plus haut, a estimé qu’il vallait mieux agir tout de suite.

6/ Je n’ai aucun élément d’information autre que les médias, sur lesquels il y a lieu de toujours être circonspect compte tenu de leur partialité hélas avérée (et pas seulement sur la Syrie), pour savoir si l’attaque sur une ville du nord de la Syrie (où je n’ai, non plus, aucune information pour savoir qui était visé) était effectivement chimique ou si, comme le prétend le gouvernement syrien, la diffusion d’armes chimiques (à peu près la seule réalité établie), a été due à l’explosion d’un dépôt tenu par les terroristes islamistes.

Si l’utilisation de gaz chimiques est bien l’œuvre délibérée de l’armée syrienne, cela est évidemment un crime de guerre contraire à toutes les conventions internationales et contraire à l’engagement pris en 2013 par la Syrie de détruite son stock, engagement cautionné par la Russie. Une telle violation relèverait de la bêtise pure et dure car il était impossible qu’elle passe inaperçue. J’ai personnellement de la difficulté à le croire. Mais cette guerre, où la barbarie semble sans limite chez tous les belligérants, est susceptible de toutes les conséquences, y compris d’actions imbéciles.

7/ En l’absence, donc, d’informations suffisantes pour me faire une opinion définitive, je considère cette action militaire américaine comme un avertissement sans frais (quatre morts quand même, hélas !) à qui veut bien l’entendre. Il accrédite en tout cas, pour ceux qui en doutaient, la certitude que Donald Trump est un véritable homme d’état. Même si je déplore, par principe, l’unilatéralisme des grandes puissances, parfois montrer sa force n’est pas nécessairement négatif. Le monde est ce qu’il est, pas vraiment ce que l’on souhaiterait qu’il soit !

Yves Barelli, 7 avril 2017

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2 avril 2017 7 02 /04 /avril /2017 15:52

La condescendance de la plupart des médias français envers le Royaume-Uni est pathétique tant elle est synonyme d’ignorance, d’aveuglement dogmatique et de complexes révélateurs. Incapables de voir les réalités en dehors du prisme déformant de leur conformisme européiste, ils enterrent déjà l’Angleterre, dont, pensent-t-ils, l’Ecosse va se séparer, au fond du chaos et de la décadence qu’ils voient en rêve, sans se rendre compte que l’isolement, la crise, la décadence annonciatrice de chaos, est déjà le sort de « leur » Union européenne.

1/ Le parlement britannique vient, en conformité et application du vote populaire du 21 juin 2016, de décider la sortie définitive du Royaume-Uni de l’Union européenne. Dès le vote acquis, les autorités britanniques en ont transmis le résultat à la « présidence » de l’UE et ont demandé à ce que le processus de sortie soit engagé.

Je note que le gouvernement de Madame May a eu la sagesse de prendre son temps avant d’agir. La tension irrationnelle suscitée en Europe après le vote de l’an dernier a eu ainsi le temps de quelque peu retomber. L’exigence ridicule de François Hollande d’entamer « immédiatement » le processus et même de prendre des mesures « immédiates » de rétorsion n’a fait que décrédibiliser un peu plus le président français sortant qui a l’habitude de compenser sa faiblesse interne par des rodomontades extérieures vis-à-vis de la Russie, de la Syrie, de l’Iran et maintenant du Royaume-Uni. Les partenaires européens de la France, Madame Merkel en tête, ont, en l’occurrence, fait preuve de davantage de réalisme.

2/ Le réalisme conduit en effet à rechercher un bon accord avec le Royaume-Uni. Il est dans l’intérêt commun car le plus isolé n’est pas celui que l’on croit.

Sur le papier, il est tentant de considérer que le Royaume-Uni est quasiment un nain face au « géant » européen. Le PIB cumulé de l’UE hors RU est en effet environ cinq fois plus important que le PIB britannique.

Mais cela n’a pas beaucoup de signification. L’UE n’est pas un Etat mais une union d’Etats souverains qui ont des intérêts souvent divergents. Ils n’ont pas tous le même niveau de développement ni même la même monnaie (la plupart ont l’euro, mais pas tous, et cet euro va de crise en crise) et encore moins de politique étrangère commune. L’UE parle rarement d’une seule voix. C’est même la cacophonie qui y règne. De plus, l’enchevêtrement des compétences entre la Commission à la légitimité contestable, le « conseil européen » formé des chefs d’états et de gouvernements ou de leurs représentants, qui prennent leurs décisions à l’unanimité, le « parlement » européen et les Etats, de plus en plus réticents, du fait des opinions publiques, à abandonner des parts de souveraineté à des instances supranationales, paralyse cette « union », géant économique virtuel mais nain politique réel.

Face à ce conglomérat, il n’est pas difficile pour les Britanniques de jouer sur les divisions et l’indécision de leurs encore « partenaires ».

3/ Nos médias et tout ce qui compte de « politiquement correct » (hommes politiques mais aussi les soit disant experts économiques dont la plupart ne sont que les porte-voix de ceux qui les rémunèrent : gouvernements, instances européennes, banques, etc) avaient annoncé le chaos si d’aventure les Britanniques étaient assez « fous » pour voter le Brexit. Ils annonçaient l’effondrement de la livre, la fuite immédiate des banques de la « city », des entreprises et de nombre de cadres. Ils prédisaient une chute drastique du PIB britannique dès la première année. Bref, à les entendre, la Grande Bretagne allait se retrouver en moins de deux dans la situation au mieux de la Grèce au pire du Mali.

Rien de cela ne s’est produit. La livre a été dévaluée de façon contrôlée de 5 à 10%. Cela a permis de favoriser les exportations et la venue de touristes. Le coût de la vie à Londres se rapproche ainsi de celui du continent et c’est positif. Certes, les touristes anglais à l’étranger et ceux qui voulaient acheter une résidence secondaire en Périgord sont désavantagés mais la majorité des Britanniques y trouvent leur compte en matière d’emplois. La « city », quant à elle, reste la « city ». « In » ou « out » de l’UE, c’est la même chose.

4/ Dans le « match » entre UE et RU, si tant est qu’il ait « match », le perdant ne sera pas nécessairement celui que beaucoup croient.

La Grande Bretagne avait déjà sa propre monnaie et ses frontières nationales (elle n’est pas membre de Schengen). Le pays était déjà très ouvert sur le monde. Avec ou sans l’Europe, cela ne va pas changer beaucoup.

Le rôle de la « city », c’est-à-dire de la place financière de Londres, qui est l’un des leaders mondiaux en termes bancaires, d’assurances et de réassurances (notamment les « lloyds » qui assurent l’ensemble du commerce maritime mondial), ne va pas changer. Ceux qui croient que la sortie de la GB de l’UE va entrainer un transfert des activités financières de Londres vers Francfort, Paris ou Luxembourg prennent sans doute leurs désirs pour des réalités. Les place financières de Suisse, de Singapour ou de Jersey, toutes hors UE, font des affaires avec les pays de l’UE. Il en ira de même de Londres, avec ou sans appartenance à l’UE.

Sur le plan économique, le Royaume-Uni est un « marché » pour les produits de l’UE comme l’UE l’est pour les produits britanniques. Alors que l’Union européenne a aboli l’essentiel de ses barrières douanières avec le reste du monde, pourquoi les rétablirait-elle pour le seul Royaume-Uni ? Cela est absurde. Les produits chinois ou, plus près, suisses continuent à entrer librement dans l’UE et, soudain, les britanniques ne le pourraient plus ? Absurde : l’UE, ou ce qu’il en reste, n’a aucun intérêt à se couper du Royaume-Uni.

Le gouvernement de Londres a commencé à distiller certaines informations qui sont de nature à assagir les Européens qui pourraient être tentés de « faire payer » cher aux Britanniques leur désir d’indépendance. On a ainsi rappelé que la moitié des prises des bateaux de pêche européens se faisait dans les eaux britanniques. On a rappelé, dans un autre domaine, que les services de renseignement européens étaient dépendants des écoutes britanniques. Nul doute que d’autres exemples vont venir étayer le « dossier » britannique.

5/ Mais c’est surtout en matière géostratégique que Londres est le plus fort.

Comme c’est un secteur que, professionnellement, je connais un peu, cela m’a fait franchement rire lorsque j’ai entendu tous ces commentateurs sur les chaines de TV, aussi imbus de leur importance autoproclamée que ce qu’ils sont ignares sur le fond, nous parler doctement du dorénavant « isolement » britannique.

Le Royaume-Uni a des relations directes et privilégiées avec une bonne moitié de la population mondiale. Le Commonwealth reste une réalité pas seulement symbolique (c’est déjà important les symboles !). Cette organisation souple réunit 52 membres (dont 16, y compris le Canada ou l’Australie, qui sont des puissances économiques, ont la reine d’Angleterre comme chef d’état) qui s’étendent sur 30 millions de kilomètres carrés et ont une population de 2 milliards et demi d’habitants (dont plus d’un milliard pour l’Inde, deuxième pays le plus peuplé au monde et bientôt le premier).

Les Français devraient être ceux qui comprennent le mieux ce que signifie les relations « spéciales », informelles autant que formelles mais solides, entre l’Angleterre et son ancien empire colonial. La « Françafrique » lie les responsables français et africains à travers la langue, des études communes, un système juridique partagé et des références que nous avons en commun. Même opposés sur certains dossiers, il y a toujours une connivence entre les diplomates (je l’ai constaté aux Nations-Unies lorsque j’y ai servi et dans toutes les réunions internationales), les politiciens, les professionnels et même l’ensemble des populations de pays ayant en partage la langue, l’histoire et, souvent, le quotidien (on peut parler au fond de l’Afrique de l’OM ou de Fillon, pas ailleurs).

Ce qui est vrai pour l’Afrique francophone (d’où l’impérieuse nécessité pour la France de promouvoir sa langue dans le monde : lorsque je converse en anglais avec un étranger, il y a intercompréhension ; lorsque je peux le faire en français, il y a une sorte de complicité et de connivence ; c’est toute la différence), l’est pour le Commonwealth.

Les relations de l’Angleterre avec son ancien « empire » n’ont jamais cessé, même avec des pays qui ne font pas partie du Commonwealth. A titre d’exemple, les familles régnantes et les officiers supérieurs des Emirats Arabes Unis, du Qatar, de l’Oman ou de Jordanie sont tous passés par Oxford ou Cambridge et aucun d’entre eux ne considère Londres comme une terre étrangère. J’ai personnellement vécu en Inde, pays très fermé à toute influence étrangère, mais avec une exception, l’anglaise : là-bas aussi, l’Angleterre reste une référence et n’est pas vraiment un pays étranger ; on y joue ainsi au « criquet » (cela est vrai aussi dans l’autre sens : les ambassadeurs de « Sa Majesté » dans les pays du Commonwealth portent le titre de « haut-commissaire » et non d’ « ambassadeur » et, en l’occurrence la distinction n’est pas seulement de vocabulaire).

Parmi les anciens territoires britanniques non membres du Commonwealth, il y a les Etats-Unis. Américains et Britanniques peuvent se parler sans interprète et il y a plus qu’une connivence entre eux, il y a une communauté de destin. Depuis au moins la seconde guerre mondiale, il y a un « partenariat stratégique » entre Londres et Washington, ce qui signifie que, au-delà des changements de présidents ou de gouvernements, on considère qu’il existe des intérêts communs permanents qui se traduisent par des relations privilégiées. On le voit par exemple en matière d’échanges de renseignements. Les Britanniques bénéficient de certaines informations américaines que n’ont pas leurs alliés de l’OTAN. Et si le président Trump a rencontré Theresa May avant tout autre chef de gouvernement, ce n’est pas un hasard mais c’était dans l’ordre des choses.

L’Angleterre, avec sa langue hégémonique dans le monde, avec l’aéroport de Heathrow, l’une des plaque-tournantes mondiales, et son prestige dans tous les domaines, y compris dans celui du sport et de la musique, isolée ? Allons donc ! Un peu de décence et de modestie à défaut d’intelligence, s’il vous plait !

Dans l’avantage comparatif entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, il est un autre élément qui me parait de première importance. Les Britanniques sont considérés comme ayant la meilleure diplomatie au monde (on considérait que la française était la seconde ; sans doute l’est-elle restée mais elle est paralysée par le manque d’ambition de nos gouvernements et par l’abandon, volontaire, de souveraineté à l’Union européenne qui, elle, n’a pas de diplomatie du tout). Elle bénéficie de bonnes informations et d’une excellente réactivité (je me souviens encore du modèle de diplomatie et de gestion de crise qu’a été la guerre des Malouines au début des années 1980 ; la veille de l’invasion argentine des îles, l’ambassadeur britannique à l’ONU a demandé et obtenu la réunion en urgence, dans la nuit, du Conseil de Sécurité et a fait voter une résolution préventive condamnant, quelques heures avant, l’invasion argentine. Cela, à peu près seuls les diplomates britanniques et français savent le faire : nous, c’est sur l’Irak, en 2003, que nous avons magistralement joué).

Dans le dossier « brexit », les Britanniques ont encore une fois apporté la preuve de leur maitrise diplomatique. Ils ont pris leur temps, ignoré les demandes de lancer « immédiatement » la sortie, calmé le jeu et déposé enfin, la semaine dernière, la demande officielle de sortie, près d’un an après le vote populaire, exactement au moment choisi.

Les Britanniques ont une autre qualité. Ils sont attachés à leur Nation (ou plutôt leur quatre nations) et à leur identité, qu’ils placent au-dessus de toute autre considération. Ils savent collectivement ce qu’ils veulent et n’ont jamais peur, dans une réunion internationale, de mettre sur la table leurs positions, quitte à paraitre isolés. Dans tous les cas, ce sont les autres qui se rapprochent de leurs positions et le compromis final est toujours à l’avantage britannique. En son temps, Madame Thatcher a obtenu ce qu’elle voulait (le général de Gaulle, en adoptant la même position intransigeante vis-à-vis de l’UE avait obtenu le même succès : quand on sait ce que l’on veut face à des interlocuteurs indécis et divisés, on est toujours gagnant). Pour revenir aux Malouines, on disait alors les Anglais isolés, notamment face au continent latino-américain : ils ont tenu bon ; aujourd’hui, quarante ans après, ils sont toujours aux Malouines et les Argentins comme les autres Latinos ont pleinement renoué avec Londres.

Je n’ai aucun doute sur la capacité des Britanniques à obtenir un accord post-Brexit à leur avantage. Le capitalisme sait s’adapter à toutes les situations. Or l’UE n’est pas autre chose qu’une vaste zone de libre-échange dont la finalité est de maximiser les profits des intérêts économiques des « lobbies » qui y font la pluie et le beau temps. Comme ces intérêts veulent continuer à gagner de l’argent, il est évident qu’il y aura un bon accord avec le Royaume-Uni.

Cela m’amène à une incidente s’agissant de la France. Les « européistes » y tiennent le même langage dogmatique que pour la Grande Bretagne : si la France voulait « sortir » de l’UE et de l’UE, nous serions « isolés » et, évidemment, ce serait le « chaos ». Ils oublient que bien des peuples, y compris l’allemand, rêvent d’en finir, aussi, avec le carcan européen. Ils oublient en outre que, si la France décide d’en finir avec l’UE, nous n’aurions même pas en en « sortir » parce que, tout simplement, ce serait la fin de l’UE. Dans une « indivision » juridique ou commerciale, si l’un des partenaires décide d’en finir, il n’y a tout simplement plus d’indivision. Cela vaut pour l’UE comme pour l’euro. L’euro sans la France, ce n’est plus l’euro !

En conclusion, il est aussi faux de parler d’ « isolement » britannique vis-à-vis de l’UE que d’ « isolement » de l’Angleterre face à Napoléon. Le blocus continental a joué dans les deux sens et a affecté plus la France que l’Angleterre (toujours reliée au reste du monde grâce à sa marine). Au final, c’est Napoléon qui a perdu.

6/ Un mot, d’indignation, sur l’Ecosse. Les mêmes médias et politiciens qui n’ont pas de mot assez durs face aux « prétentions » de la Catalogne de recouvrer sa souveraineté, refusée, contre tout sens élémentaire de la démocratie, par le gouvernement de Madrid (cf les nombreux articles que j’ai écrit sur ce sujet dans ce blog), soudain se prennent de sympathie pour cette « pauvre » Ecosse, sous le « joug » anglais, qui, méritante et digne de notre sympathie et solidarité, veut rester dans l’Europe. On répète à satiété que les Ecossais ont majoritairement voté contre le Brexit (comme d’ailleurs, les gens « intelligents » et « ouverts » de Londres ; seuls les « ploucs primitifs » du « Black Country », à la fois égoïstes et mal informés, ont voté pour !).

Ils oublient deux choses. D’abord que le Royaume-Uni est un pays démocratique : les Ecossais, reconnus comme constituant une Nation, ont le droit de s’en séparer s’ils le souhaitent. On ne peut hélas en dire autant pour les Catalans mais aussi les Corses ou les Bretons. Mais comme nos médias sont de mauvaise foi ou, pire, aveuglés par leur dogmatisme, ils ne le disent pas.

La seconde chose est que les Ecossais ont déjà rejeté l’indépendance il y a deux ans à 55%. Le problème avec les médias du « système » est qu’ils ne tiennent pour légitimes que les votes qui leur conviennent. A leurs yeux, si les Ecossais (et les Britanniques s’agissant du Brexit) se sont trompés, il faut les faire revoter autant de fois que nécessaire jusqu’à ce qu’ils votent « bien ». C’est leur conception, curieuse, de la démocratie.

Les Ecossais revoteront certainement. Mais Madame May a fixé un délai d’au moins deux ans. Ce n’est pas déraisonnable et cela montre même une ouverture d’esprit que n’ont pas nos tenants du « politiquement correct ».

On verra alors ce que décident les Ecossais. Seuls nos rêveurs pensent qu’ils seront irrésistiblement attirés par une Union Européenne sans consistance ni avenir alors qu’ils réalisent plus de 80% de leurs échanges avec le reste du Royaume Uni, que le pétrole n’assure même pas 1% de leurs revenus et que la majorité des Ecossais ont montré leur attachement à l’Etat commun (au sein duquel, ce qui est une différence majeure avec nos régions françaises, ils jouissent d’une très grande autonomie).

XXX

Bon vent donc au navire britannique. Il est solide et, débarrassé du poids européen, il ira où il voudra, et cela, dans les meilleures conditions.

J’espère que le peuple français aura un jour le même courage que le peuple britannique. La France aussi a tous les atouts pour naviguer bien et loin.

A condition que nous le voulions !

Yves Barelli, 2 avril 2017

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16 janvier 2017 1 16 /01 /janvier /2017 15:18

Les déclarations d’un futur président ne sont certes que des déclarations et on jugera aux actes, mais le contenu de l’interview que vient de donner Donald Trump met du baume au cœur de ceux qui aspirent à un vrai changement, aux Etats-Unis comme ailleurs, et suscite l’inquiétude, voire la peur, de ceux qui n’ont pour tout horizon que le système oppressif et inhumain qui nous gouverne encore et ses dogmes surannés. Franchement, l’affolement des « marchés » et des suppôts du « politiquement correct » dont l’alignement inconditionnel sur Washington et son relai bruxellois constituaient l’alpha et l’oméga de leur action (ou inaction) politique, fait plaisir à voir. Ils sont comme des chiens abandonnés sur une aire d’autoroute : ils ont perdu leur maître et ne savent plus où aller. Trump entrera en fonctions le 20 janvier : en attendant cette date fatidique où leur idole, Barack Obama, pourtant l’un des présidents les plus mauvais de l’histoire récente des Etats-Unis, quittera, enfin, la Maison Blanche, ils sont entre l’attente de l’apocalypse et le fol espoir que ce « populiste » à leurs yeux sans légitimité (le peuple n’est respectable que quand il vote « bien » !) deviendra enfin « raisonnable ». Laissons-les à leurs peurs. Elles seront peut-être de bon conseil.

Je ne veux pas ici commenter le détail de l’interview que Trump a donné à des médias anglais et allemands (La France de Hollande et Sarkozy est devenue quantité si négligeable, qu’on nous ignore, à juste titre !). Nous aurons largement le loisir de revenir sur les thèmes abordés lorsqu’on aura à commenter des actes et non des mots.

Je me contenterai d’en rappeler les grandes lignes :

1/ Madame Merkel a commis une faute majeure en laissant entrer sans aucun discernement plus d’un million de migrants en Allemagne, dont une petite minorité de vrais réfugiés et une majorité de gens n’ayant ni la capacité ni la volonté de s’assimiler à la société allemande.

  1. Les Britanniques ont eu raison de choisir le « Brexit ». Donald Trump rencontrera prochainement Madame May et lui proposera une coopération particulière, en rapport avec les relations traditionnellement privilégiées entre les deux pays. Cela tranche avec l’ingérence d’Obama qui avait tenté de dissuader les Britanniques de récupérer leur souveraineté et qui les avait menacés en quelque sorte d’être mis en quarantaine. Cela m’amuse aussi eu égard à toutes les balivernes que nous ont déversés nos médias prédisant le pire pour les Anglais, désormais totalement « isolés » (avec des liens particuliers avec les 2 milliards d’habitants du Commonwealth et avec les « cousins » d’Amérique, qui est isolés, eux, ou les nations sans volonté, sans perspective et avec si peu en commun des pays de ce qui est encore, sans doute pour pas longtemps, l’ « Union européenne » ? A mourir de rire !).

3/ Montrant le peu de considération qu’il a vis-à-vis de cette « Union européenne », Trump prédit d’autres « Brexits ». On n’avait jamais entendu pareille déclaration raisonnable dans la bouche d’un président américain : depuis la signature du traité de Rome en 1957, l’Amérique avait toujours considéré (sans le dire, évidemment) que l’Union européenne était une bonne courroie de transmission à leur domination de l’Europe.

4/ L’OTAN elle-même est critiquée par Trump. Il est inédit qu’un président américain critique ce bras armé de l’impérialisme yankee. A ses satellites européens, Trump dit : si vous voulez bénéficier de la protection américaine (et protection contre qui ? La Russie ? Agressée et non agresseur !), il faudra payer pour cela. En d’autres termes : soyez indépendants, responsables, faites comme de Gaulle fit et comme les Anglais continuent à faire ; on préfère, vu de Washington, avoir de vrais partenaires qui s’assument, pas des lavettes timorées sur lesquelles, en cas de coup dur, on sait qu’on ne pourra compter.

5/ Pour se protéger de l’islam conquérant et du terrorisme qui en est le corolaire, la Russie de Poutine est un allié bien plus fiable que tous les satellites européens. Ce n’est pas dit de manière aussi nette, mais c’est ça que cela veut dire.

6/ En substance, le nouveau président américain a une conception plus saine des relations internationales : chacun chez soi, chacun doit d’abord penser à protéger son peuple et non les intérêts à court terme de groupes d’actionnaires. D’où le principe du protectionnisme économique : on produit chez soi, autant que faire se peut, ce qu’on y consomme. Et cela est dans l’intérêt de tout le monde (sauf d’une poignée de capitalistes). En obligeant les entreprises automobiles américaines à revenir à Detroit, c’est bon pour les ouvriers américains, ça l’est aussi pour les mexicains car cela incitera les capitalistes mexicains à mieux payer leurs ouvriers afin qu’ils consomment et donc favorisent l’économie locale. C’était déjà le crédo de Ford au début du vingtième siècle. Ce langage sonne le glas de la mondialisation imbécile (si on ne travaille partout que pour l’exportation en rognant sur les salaires, à qui vendra-t-on en fin de compte, aux Martiens ?) et criminelle (car à l’origine de l’énorme gâchis social et environnemental auquel nous assistons depuis plus de trente ans).

XXX

Je ne sais si le nouveau président américain agira effectivement comme il le dit. Le « système » est puissant et a de nombreux affidés. Le locataire de la Maison Blanche, aussi puissant soit-il et aussi bien intentionné soit-il, ne peut tout. Il devra sans doute composer. Mais même si les actes risquent de ne pas être totalement en adéquation avec l’attente, le fait qu’il y ait un langage nouveau outre-Atlantique est tout de même réconfortant. Il vaut mieux entendre celui-ci que celui qui nous est asséné depuis trop longtemps par nos « dirigeants » (eux-mêmes dirigés par les intérêts occultes) et leurs serviles médias.

Comment m’en plaindre alors que ce que vient de dire Donald Trump va exactement dans le sens de ce que j’écris dans ce blog depuis quatre ans ?

Que ce soit de bonne augure, et même si on devait être déçu par le passage à l’acte, au moins cela nous aura fait rêver !

Je plains les « réalistes » qui ne sont même pas capables d’imaginer mieux que ce qu’ils ont, je veux dire de ce qu’on leur sert comme on sert une pâtée à un chat. La différence entre eux et nous est que nous rêvons à un monde meilleur. Et même si l’amélioration n’est pas toujours au rendez-vous, essayons tout de même de faire des rêves une réalité. L’utopie d’aujourd’hui peut être la réalité de demain. Cela dépend en partie de nous.

On peut parfois se dire que notre pouvoir est infime. Sans doute, mais il n’est pas nul.

A titre d’exemple, sachons utiliser à bon escient le bulletin de vote que, nous Français, aurons en avril et mai prochains.

L’espoir peut être pour demain.

En y ajoutant mes vœux de santé et bonheur personnel, c’est ce que je vous souhaite, ce que je nous souhaite, pour 2017.

Yves Barelli, 16 janvier 2017

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31 décembre 2016 6 31 /12 /décembre /2016 01:40

Que restera-t-il du double mandat de Barack Obama à la Maison Blanche ? En fait pas grand-chose. Sans doute un sauvetage de l’industrie américaine après la crise de 2008. Ce n’est pas si mal. Mais au prix d’un abandon de millions d’Américains qui ont tout perdu après l’effondrement de leurs fonds de pensions. Le premier Noir président des Etats-Unis ? Mais le sort des afro-américains n’a pas évolué d’un iota. Le désengagement américain au Proche-Orient ? En apparence seulement. En fait, l’intensification de la subversion en Syrie avec une aide honteuse aux « djihadistes » soit disant « modérés ». Et en Ukraine ? La subversion antirusse la plus stérile. Et pour terminer, l’attitude d’un mauvais joueur après la victoire de Donald Trump. Pendant ce temps, Vladimir Poutine montre le visage de la sagesse et de l’efficacité dans la recherche de la paix en Syrie et ailleurs. Non, la fin de mandat d’Obama n’est pas glorieuse. Il est temps que celui, piètre défenseur d’un système essoufflé, qui avait suscité l’espoir de beaucoup de naïfs, s’en aille. L’Amérique et le monde méritent mieux.

1/ En expulsant 35 diplomates russes de Washington, Obama se ridiculise. L’ambassade russe aux Etats-Unis comporte, comme toutes les ambassades de tous les grands pays dans le monde, une section tout à fait légale d’agents du renseignement titulaires de passeports diplomatiques et sous couverture de fonctions d’attachés militaires adjoints et de ses collaborateurs. S’ils partent effectivement (ce n’est pas sûr compte tenu du peu de temps que l’administration américaine actuelle dispose encore), ils seront remplacés par d’autres et tout continuera comme avant dans la machine bien huilée de la diplomatie et du renseignement. Obama, paralysé par un Congrès hostile fait ainsi la preuve de sa frustration et, pour finir, de ses piètres qualités humaines et politiques.

A ce geste irresponsable, Poutine répond en disant qu’il ne va pas s’abaisser à une telle palinodie. Il n’expulse personne (il y a au moins autant d’espions américains à Moscou que de russes à Washington !). Il invite au contraire les diplomates américains à participer à la fête de fin d’année au Kremlin.

Donald Trump a salué le geste de Poutine. « Bien joué », a-t-il commenté.

2/ L’homme de l’année aura été Vladimir Poutine.

Il a réussi un parcours sans faute sur le dossier syrien, mais aussi sur l’ukrainien. Il termine l’année en libérant Alep, en appui à l’armée syrienne, sans le « désastre humanitaire » que prédisait une propagande imbécile au service d’une politique masochiste (qu’ont à gagner les Occidentaux à soutenir les pires terroristes islamistes alors qu’ils sont eux-mêmes victimes des tueurs d’obédience de « Daesh », d’Al Qaida ou d’autres fanatiques, catalogués comme « radicaux », « modérés », « démocrates » et tout ce que vous voulez, ou ne voulez pas, mais qui tous veulent nous imposer la charia en tuant du « roumi » et du « mécréant » ?). Mieux que cela, Poutine a réussi à obtenir un cessez-le feu et s’apprête à réunir au Kazakhstan une conférence de paix en Syrie sous les auspices de la Russie, de l’Iran et de la Turquie.

Pendant ce temps, Obama, Hollande et d’autres « has been » continuent de gesticuler dans le vide et poursuivent leur collusion avec les pires islamistes wahhabites de Ryad et de Doha.

Sur l’Ukraine, la gestion d’Obama aura été aussi lamentable que sur la Syrie. L’OTAN continue d’être un facteur de guerre au service d’un impérialisme qui ne sait même plus où il va.

3/ On ne sait ce que sera l’administration de Trump. Sans doute les signaux émis par le futur locataire de la Maison Blanche ne sont-ils pas très clairs et pas tous positifs. On peut toutefois espérer au moins un début de réchauffement des relations avec Moscou. Ce n’est déjà pas si mal.

4/ Dans le même temps, les espoirs de changement se multiplient en Europe. Le « Brexit » britannique sonne comme le début positif d’un processus menant à la fin de cette Union européenne, prison des peuples du continent. Fillon ou Le Pen, la politique étrangère de la France devrait être meilleure et, en Allemagne, il est réjouissant de constater que Merkel, à la politique si néfaste pour l’Allemagne et l’Europe, est de plus en plus contestée.

5/ On ne sait ce que sera 2017. Le pire est toujours possible. Mais le ciel semble toutefois en voie de s’éclaircir. On ne peut que s’en réjouir.

Adieu Obama, Hollande, Sarkozy, Juppé et quelques autres défenseurs du système capitaliste impérialiste mondialisé. On ne vous regrettera pas.

Quant à nous, citoyens « ordinaires » victimes de ce système immonde, souhaitons-nous un meilleur système, un système qui libère au lieu d’asservir, un système qui promeut la justice au lieu de favoriser les parasites.

Bonne et heureuse année 2017 ! Collectivement et personnellement pour chacun d’entre nous.

Yves Barelli, 31 décembre 2016

 

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23 décembre 2016 5 23 /12 /décembre /2016 12:14

La libération d’Alep par l’armée syrienne avec le soutien décisif de la Russie est la meilleure nouvelle de cette fin d’année. Elle constitue une étape sans doute capitale vers l’éradication des barbares islamistes dans ce pays martyr victime de la subversion imbécile autant que criminelle par une idéologie politico-religieuse armée, financée et encouragée par l’obscurantisme wahhabite et l’impérialisme occidental. Au moment où le terrorisme islamiste frappe à nouveau au cœur de l’Europe, il serait temps que nos dirigeants et nos médias sortent de leur aveuglement et réalisent enfin qui sont nos amis et qui sont nos ennemis. A cet égard, l’acharnement de celui qui est encore pour quatre mois le président de la France à persévérer dans l’erreur et la faute criminelle est particulièrement lamentable et condamnable. Cette victoire d’Alep est en tout cas, à la veille de Noël, un grand réconfort pour les chrétiens de Syrie et d’Orient qui ont toujours soutenu le pouvoir légal, légitime et laïque de la Syrie et qui remercient la Russie de Poutine à la fois de les aider et de sauver l’honneur d’un monde occidental qui, à force de complaisance envers une religion d’essence étrangère et totalitaire, en est venu à oublier ses racines chrétiennes et ses valeurs démocratiques.

1/ Alep, deuxième ville de Syrie, est enfin libérée. Le drapeau syrien flotte à nouveau sur sa citadelle. L’obscurantisme islamiste affilié à Al Qaida, frère jumeau de « Daesh » que Hollande et la plupart des médias français et occidentaux s’obstinent à qualifier de « démocrates modérés » (on croit rêver !), a perdu la partie.

2/ Le « désastre » humanitaire que prédisaient les médias n’a pas eu lieu. Depuis des mois, on nous rebattait les oreilles avec les « 300 000 » pauvres habitants d’Alep, victimes de la faim, du froid et des pénuries (sauf apparemment de l’électricité et du signal internet puisque les activistes islamistes déguisés en braves « pères de famille » ont pu continuer à donner leurs « témoignages » par vidéo « gobés » sans aucun esprit critique par nos médias qui les rediffusaient en boucle : pour ces médias, les reportages des télévisions syrienne et russe étaient évidemment de la « propagande » tandis que les élucubrations mensongères des barbares islamistes étaient des « témoignages » !) et « massacrés » par les bombes « criminelles » des avions de Poutine (à Mossoul, les « frappes » occidentales ne font aucune victime « collatérale », c’est bien connu ; on nous disait déjà la même chose pendant la guerre du Vietnam, le bombardement de Belgrade et les multiples attaques contre l’Irak, la Libye et ailleurs ; c’était aussi le langage tenu à nos parents ou grands-parents en 1945 : pourtant, plusieurs centaines de victimes civiles, rien qu’à Marseille ; seules les frappes russes seraient « aveugles » et « criminelles » ; de qui se moque-t-on ?).

Par miracle, ces 300 000 civils n’étaient plus que « 100 000 », puis « 50 000 » il y a encore une semaine et il s’avère que quelques dizaines d’autobus ont suffi pour évacuer les derniers, y compris les combattants islamistes. Aucun massacre d’ampleur, aucun mort de faim. Ce n’est pas Poutine qui le dit mais les « observateurs » de l’ONU.

A force de raconter à longueur de journée des contrevérités et de faire de la désinformation systématique, nos dirigeants et nos médias prennent le risque de perdre toute crédibilité. Il est vrai que ces mêmes dirigeants et médias prédisaient déjà l’effondrement de l’euro si la gauche gagnait en Grèce, le naufrage britannique si le Brexit l’emportait et celui des Etats-Unis si ces « idiots » d’Américains choisissaient le « populiste » Trump plutôt que la « démocrate raisonnable» Clinton. A n’en pas douter, ils vont renouveler leur message avec l’élection française et le « danger » Le Pen.

Aux Etats-Unis, les grands médias, qui avaient soutenu à 95% Clinton, se sont excusés de ne rien avoir vu venir. J’attends que France-info chez nous fasse de même à la suite de tous leurs soit disant « reportages » et commentaires haineux (envers Bachar-el-Assad et Poutine). Je sens que je pourrai attendre longtemps (sans doute quelques mois en espérant que le prochain président français remette de l’ordre dans la rédaction d’une radio soit disant de « service public » devenue officine de basse propagande).

3/ Je n’ai pas encore compris quel jeu joue Hollande et son inexistant ministre des affaires étrangères. Depuis cinq ans, la politique étrangère de la France (pire encore que la catastrophique sarkozienne) est non seulement unilatérale dans le soutien sans faille à tout ce qu’il y a de plus réactionnaire et obscurantiste dans le monde, mais elle est incompréhensible. Qu’avons-nous gagné à être les plus antirusses, les plus anti iraniens et les plus anti-syriens ? La vente de quelques « Rafale » aux monarchies wahhabites, qui interdisent aux femmes de conduire une voiture et décapitent en masse en place publique de Ryad, et des frégates Mistral, déjà payées par la Russie, et refilées à l’Egypte sur financement saoudien ? Dérisoire dans l’absolu et plus encore eu égard aux contrats perdus avec la Russie. Mais surtout criminel. Hollande termine son mandat calamiteux en donnant de la France l’image d’un pays plus wahhabite que les pires wahhabites (eux, au moins, ainsi qu’Erdoğan, ont commencé, réalistes qu’ils sont, à infléchir leur politique en Syrie ; pas Hollande). Le prochain président français aura beaucoup à faire pour redonner à une France amoindrie et déconsidérée une place davantage en rapport avec son rang, son histoire et ses valeurs. Quel qu’il soit, on peut au moins penser que, quelle que soit la nouvelle politique, elle ne pourra pas être pire que l’actuelle.

4/ Mais laissons Hollande aux prochaines oubliettes de l’histoire dans lesquelles il va tomber. Désormais sans aucun intérêt ni importance.

Voyons plutôt quelle est la situation du monde :

a/ La Syrie, après avoir reconquis sa région nord va enfin pouvoir mener le combat dans l’est et reprendre Raqqa. Le gouvernement de Damas a désormais les mains libres. Il est conforté à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur. Après avoir tenté de le renverser, les pouvoirs wahhabites et turc, aussi menacés par Daesh que les autres, font désormais avec Bachar. Que ce dernier ait commis des crimes, nul ne le nie (mais nos « amis » saoudiens, qui bombardent Sanaa et qui tuent en Arabie saoudite même, n’en commettent-ils pas ?). On ne choisit pas ses interlocuteurs. On parle avec ceux qui sont en face de nous. C’est le b-a-ba de la diplomatie. De Villepin, Fillon et Le Pen le disent, et ils ont raison de le dire. Or, objectivement, les intérêts et les objectifs de Bachar et de Poutine sont les mêmes que les nôtres : se protéger de la subversion islamiste et mener une guerre sans merci contre elle. Ce n’est pas Poutine ou Bachar qui tuent au bataclan ou sur le Kurfürstendam. Ce sont les fous criminels qui se battent pour un islam conquérant et qui rêvent de soumettre le monde entier à la charia. Tirons-en enfin les conséquences. La Syrie et la Russie sont nos amies et nos alliées. Que cela plaise ou non c’est ainsi. Ceux qui les combattent sont les complices objectifs des égorgeurs.

b/ La Russie est redevenue maitresse du jeu mondial. Pas seulement en Syrie. Il serait temps que les Européens fassent avec et rétablissent le dialogue avec Poutine.

Il est vrai que, habitués à être les caniches serviles de l’impérialisme américain, ils vont probablement être contraints de s’adapter à la nouvelle situation qui résulte de l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. Le personnage est certes plutôt imprévisible. Les anges ne vont pas remplacer subitement par miracle les démons de Washington. Il y a des intérêts géostratégiques américains que la seule élection d’un président antisystème n’est pas de nature à changer fondamentalement. Mais on peut au moins s’attendre à une inflexion de la politique américaine vis-à-vis de Moscou. La Russie, nouvel allié des Etats-Unis ? Peut-être. En tout cas, partenaire jusqu’à un certain point et désormais plus considérée comme l’ « ennemi » ? Probablement. Et les prétentieux qui ont l’apparence des pouvoirs dans l’Union européenne rentreront certainement dans le rang.

c/ Ils le feront d’autant plus facilement que la plupart des pouvoirs sont menacés dans cette Union européenne à la veille de s’effondrer en tant que système. A Vienne, le coup est passé tout près. A Rome, le fidèle serviteur des maitres bruxellois a été « remercié ». Les Anglais, les seuls vraiment lucides, quittent le bateau européen avant qu’il ne coule (et en matière de navigation, les Anglais ont dix siècles d’expérience). La chancelière Merkel, avec sa politique criminelle d’ouverture à l’islam conquérant, est en train de récolter ce qu’elle a semé : la fin de la tranquillité d’une société qui était autrefois sereine. Les Allemands de base sont parfois un peu lents à réagir, mais ils commencent à comprendre. En France, la victoire de Marine Le Pen continue à être peu probable, mais désormais cette possibilité n’est plus totalement exclue par les observateurs lucides (il y en a quelques-uns) et honnêtes (il y en a encore moins, mais en tendant l’oreille, on entend parfois leurs voix quand, sans doute par inadvertance, nos média les laissent passer). S’agissant de la politique étrangère (je ne parle pas de son programme économique et social : catastrophique), si Fillon est le prochain président, on peut s’attendre à quelques progrès, notamment sur la Syrie et vis-à-vis de Poutine. Ce sera déjà pas mal.

d/ En replaçant Alep et la Syrie dans le contexte global, il ne faut pas perdre de vue que ceux qui sont attachés à la démocratie, à l’humanisme et à la justice, en un mot à la civilisation et aux valeurs qui vont avec, doivent avoir deux ennemis :

- le système capitaliste mondialisé est le premier. Il est non seulement celui de l’exploitation de l’homme par l’homme, mais il porte aussi en germes en lui les plus grands dangers pour le monde (les experts lucides et non payés par les banques prédisent une crise économique plus grave encore que celle de 2008, dont nous ne sommes pas encore sortis), pour ses habitants et pour la nature elle-même (on essaie de culpabiliser les citoyens mais le principal responsable de la pollution et du réchauffement climatique est le système). Tout ce qui peut aller contre ce système est positif. Trump n’est sans doute pas la panacée, mais il est « moins pire » que Clinton, complètement inféodée à ce système immoral et dangereux. L’Union européenne est le relai de ce système sur notre continent. Il faut en finir avec cette calamité. Nos pays doivent reprendre leur souveraineté et établir une nouvelle coopération continentale entre pays souverains sans passer par l’intermédiaire d’un pouvoir supranational au service des intérêts financiers contre les peuples.

- l’islam conquérant est notre deuxième ennemi. Il veut nous imposer un système totalitaire qui constitue, là où il est place, la négation de toutes les valeurs fondamentales de l’humanité. Ce système islamo-fasciste a la complicité en Europe des « idiots utiles » qui confondent ouverture et accueil de l’autre avec complaisance envers une religion étrangère à nos valeurs et fondamentalement mauvaise (au moins dans sa conception majoritaire actuelle : dans le passé l’islam a pu être facteur de progrès et de tolérance ; ce n’est pas le cas aujourd’hui. Et demain ? Attendons, mais quand on a en face un chien enragé, on n’attend pas sa problématique guérison, on s’en défend) et des capitalistes qui trouvent un intérêt à la promotion de la soit disant « diversité culturelle » (pour faire court, quand Merkel fait venir un million de musulmans qui vont consommer et acheter grâce aux subventions versées par l’Etat et financées par les impôts des classes moyennes, c’est tout bénéfice pour les capitalistes ; idem en France avec les généreuses aides « sociales » versées à des gens qui ne travaillent pas et qui, dans le même temps, crachent sur la France).

Défendre la souveraineté de la France et mener une lutte sans merci contre l’islam conquérant : voilà les deux priorités à l’aune desquelles je jugerai les programmes des candidats à la présidentielle de 2017.

En attendant joyeux Noël à tous. Et si vous souhaitez pouvoir encore célébrer cette fête de l’amour, de la justice et de l’espoir d’un monde meilleur qui naquit en même temps qu’un enfant né au fond d’une pauvre étable sous les auspices d’une étoile nouvelle, prenez vos responsabilités. La tolérance et le pacifisme face à la barbarie menaçante est la mauvaise option. La lutte résolue la bonne.

Et que vive Alep reconstruite et pacifiée. L’étable où se produisit le miracle de Noël n’en est pas très loin.

Yves Barelli, 23 décembre 2016

 

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18 octobre 2016 2 18 /10 /octobre /2016 16:25

Après le traité de libre-échange négocié en catimini par la Commission européenne malgré des oppositions de plus en plus affirmées, y compris de certains Etats, voici celui avec le Canada. Cette Commission sans légitimité populaire poursuit son rêve fou d’une vaste zone mondiale de libre-échange débarrassée de la tutelle des Etats, des parlements, des peuples et affranchie de toutes les lois sociales et environnementales qui protègent encore un peu nos nations. Cet acharnement est d’autant plus étonnant que de plus en plus de gens lucides remettent en cause le dogme selon lequel le commerce international serait le principal moteur de la croissance économique et que ce traité est à contre-courant des mesures protectionnistes adoptées par un nombre croissant de pays, à l’exclusion hélas de ceux de l’Union européenne, ouverte à tous les vents d’une « mondialisation » de plus en plus catastrophique.

Après les « trente glorieuses » (décennies 1950 à 1970), il y eut la vague déferlante du « libéralisme » économique, de la dérégulation, de la déréglementation, et du libre-échange initiée par Donald Reagan et Margareth Thatcher qui, dans un contexte d’effondrement du communisme et donc de disparition de tout modèle alternatif, se caractérisa par une croissance factice fondée sur le court-terme, la spéculation et la moins-disance sociale et environnementale et l’enrichissement indécent d’une minorité supposé profiter aux autres (mieux avoir des miettes, disaient-ils cyniquement, que rien du tout). Notez au passage la sémantique. Elle n’est pas neutre : le « libéralisme », c’est la « liberté » du renard dans le poulailler et le droit des forts d’écraser les faibles. Quand vous entendez parler de « liberté » économique, méfiez-vous, il s’agit le plus souvent d’un système qui, loin de libérer, asservit. Et quand vous entendez de doctes « économistes » nous expliquer que ce système est bon, interrogez-vous sur qui les paye (le plus souvent des banques ou des « instituts » qui masquent de gros intérêts financiers). C’est du même tabac que les « experts » médicaux payés par les gros laboratoires pharmaceutiques. Là, c’est la « liberté » du fric de nous faire prendre des vessies pour des lanternes.       

Nous mesurons mieux aujourd’hui ce que ce système « libéral » d’ouverture tous azimuts, qu’il vaudrait mieux appeler « ultra-capitalisme mondialisé», a engendré : recul social généralisé, chômage de masse, explosion des inégalités, abandon des services publics soumis à la loi de la concurrence, déstructuration des sociétés (quand on remplace la souveraineté nationale par le supranationalisme au service du grand capital, on tue les identités, porte ouverte au « communautarisme), rupture du lien social (avec son corolaire, la montée de la délinquance) et crises économiques à répétition, la dernière en date, celle de 2008 (dont nous payons la facture par les politiques d’austérité imposées aux peuples dans le même temps où les rémunérations de ceux qui l’ont provoquée continuent d’exploser), en attendant la prochaine, qui pourrait venir rapidement et qui pourrait être pire que la précédente.             

Je noircie de manière exagérée le tableau ? Sans doute. Reconnaissons qu’il y a certains aspects positifs, comme les immenses progrès du numérique, la baisse des tarifs aériens et quelques autres « avancées » qui masquent pourtant les reculs partout ailleurs.

Après les « trente glorieuses », on a eu ce que j’appelle les « trente honteuses » (décennies 1980 à 2010). Nos smartphones sophistiqués et les produits exotiques en abondance et à bas prix sur nos marchés en sont la face en apparence positive, mais le revers de la médaille ce sont les SDF aux coins de nos rues, les pertes d’emploi, la détérioration des conditions de travail pour ceux qui en ont conservé un, l’immigration de masse (qui permet d’encore mieux mettre les travailleurs en concurrence et qui augmente le nombre de consommateurs), la détérioration de nos systèmes d’éducation et de santé, la ruine des agriculteurs et des « petits » producteurs, la fermeture des services publics dans les campagnes et les banlieues et la désespérance de nos sociétés que chacun d’entre nous constate, pas seulement en France où, parait-t-il, nous n’avons pas assez « réformé » (c’est-à-dire reculé socialement), mais aussi ailleurs en Europe, y compris dans le soit disant « modèle » allemand et aux Etats-Unis (ras-le-bol visible aux votes Trump et Sanders). Système positif au moins pour la Chine et le tiers-monde quand même non ? Même pas : les Chinois sont certes plus riches mais la Chine est devenue une gigantesque poubelle, à tel point que Pékin, ex champion du libre-échange, tourne maintenant le dos à ce système. Quant au tiers-monde, voyagez à Dakar, à Bombay ou à Djakarta et si, au retour, vous êtes encore partisans de la mondialisation, c’est que vous n’êtes pas sorti de votre Novotel au bord de la plage où vous aurez séjourné. A titre d’exemple, autrefois même les Sénégalais pauvres consommaient du poisson, en abondance sur les côtes. Ce n’est plus le cas car la « mondialisation » a ouvert les zones de pèches aux flottilles étrangères industrialisées et le prix du poisson sur les marchés sénégalais tend à s’aligner sur les prix mondiaux. Là comme ailleurs, la mondialisation est bénéfique, disons pour 10% de la population, néfaste pour les autres et même catastrophique pour ceux qui sont tout en bas de l’échelle. Les riches sont de plus en plus riches et les pauvres se paupérisent encore.  

Ces 10% de la mondialisation « heureuse », ce sont ceux qui intéresse la Commission européenne : les capitalistes dont les « lobbies » sont influents à Bruxelles, et ceux qui sont suffisamment bien placés pour valoriser les compétences, tels les « traders », les cadres de haut niveau, quelques artistes et joueurs de football ou de tennis.

Mais les autres ? Ouvrez les yeux et vous avez la réponse.

Un cycle est sans doute en train de s’achever. Je vous conseille de lire le livre de François Lenglet, cet économiste chauve qui officie sur France 2, « la fin de la mondialisation ». Ce n’est pas un dangereux révolutionnaire ; il ne vote apparemment (encore que ?) ni pour Mélenchon, ni pour Le Pen, mais Il explique très bien la situation. Il y a eu, dans l’histoire,  des périodes d’ouverture qui ont apporté de l’air frais à des sociétés qui risquaient de se recroqueviller sur elles-mêmes. Nul ne contesterait par exemple l’apport de la Renaissance. Mais, trop d’ouverture tue l’ouverture et il vient un moment où les sociétés et les nations doivent se protéger si elles ne veulent pas mourir. Nous en sommes à cette phase critique de notre histoire ! La mondialisation est en train de faire beaucoup plus de mal que de bien. Persister, comme le fait la Commission de Bruxelles, serait pure folie. Persister, serait le chemin le plus sûr vers une catastrophe à l’échelle mondiale. Seuls ceux qui y ont un intérêt à court terme ou qui sont aveuglés par le dogmatisme ne le voient pas. Ils sont comme le médecin de Molière qui administre au malade des « saignées » qui sont en train de le tuer et, dans son esprit, si le malade est encore malade, c’est que la saignée est insuffisante et qu’il en faut davantage. Les « européistes » partisans d’une Europe toujours plus « intégrée » et toujours plus ouverte sur le monde sont comme le médecin de Molière. Ça va mal en Europe ? Alors, plus d’Europe et plus d’ouverture ! Jusqu’à la mort : nous allons mourir « guéris » ! Guéris de notre attachement d’un autre âge à nos nations et à nos modes de vie, guéris de nos « archaïsmes ». Guéris, mais morts.

Cela, ceux qui ouvrent les yeux n’en veulent plus et ceux qui souffrent le rejettent.

Non, le libre-échange n’est pas un facteur de croissance mais un facteur de déstructuration. Oui, le protectionnisme, comme son nom l’indique, doit nous protéger, à titre individuel et à titre collectif.

Leurs élucubrations, ça suffit. D’ailleurs, ces élucubrations ne sont même plus dans l’intérêt bien compris des capitalistes. Quand les trois-quarts de la population mondiale seront trop pauvres pour consommer, à qui vont-t-ils vendre ? Aux Martiens ?

Et, dites-moi, quelle est la logique d’acheter des voitures coréennes quand on habite Sochaux, de manger du raisin chilien en Languedoc ? Quelle logique y at-il à faire des économies en achetant des tee-shirts fabriqués par des ouvriers bangladeshi à 50€ de salaire mensuel, quand, dans le même temps, nos cotisations sociales et nos impôts augmentent pour payer les chômeurs de Troyes qui, autrefois, fabriquaient nos tee-shirts ? Quelle logique y a-t-il à réunir des conférences pour lutter contre le réchauffement climatique quand, dans le même temps, des millions de camions et de bateaux polluent nos routes et nos océans pour faire traverser la terre à des produits fabriqués ailleurs qui prennent la place des mêmes produits autrefois fabriqués chez nous ?  

Le « système » a fait suffisamment de mal comme cela. Ça suffit. Assez de cette « mondialisation » bidon qui va détruire notre planète et nous avec. Assez de ce « système » où tout est bon pour le « fric » roi à court terme et ruineux à long terme.

Ces intérêts de quelques-uns et du court terme, c’est ce qui conduit nos gouvernements par faiblesse face aux « lobbies » qui rédigent les « directives » de la Commission européenne (avant comme un Barroso, de travailler directement chez ceux qu’ils ont si bien servis pendant leurs mandats), à accepter ces directives et ces traités, tout en, tel Tartuffe, s’en plaindre après coup.

Un peu partout, les peuples ont commencé à se rebiffer contre ceux qui les ruinent et les asservissent. Non, ce ne sont pas des « frileux » intoxiqués par des « populistes ». Ils ont raison. Les peuples veulent retrouver une économie plus humaine, une société dans laquelle ils puissent s’épanouir. Les peuples veulent vivre, tout simplement. Et si leur donner raison, c’est être « populiste », alors, vive le populisme !

Et à bas ces traités de soit disant « libre-échange », qui ne sont ni « libre » ni fondés sur l’échange entre peuples mais sur la dictature d’une poignée de capitalistes.  

Yves Barelli, 18 octobre 2016                             

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17 octobre 2016 1 17 /10 /octobre /2016 18:58
La bataille pour reprendre Mossoul, ville du nord de l’Irak tombée aux mains de l’ « Etat islamique » (« Daesh ») il y a deux ans, a commencé. Cela devrait nous réjouir car c’est le début de la fin de l’implantation territoriale du groupe terroriste, coupable de toutes les horreurs que l’on sait. Pourtant, les conditions dans lesquelles s’engage cette bataille ont de quoi inquiéter tant les protagonistes de l’opération ont des motivations et des objectifs contradictoires et tant cette opération, une fois de plus, se déroule en l’absence de tout mandat de l’ONU et de toute concertation entre les puissances impliquées. Tout cela sur fond d’une crise humanitaire potentielle majeure, de règlements de comptes de grande ampleur et d’absence totale de réflexion sur l’après-Daesh.
1/ Rappelons que l’Irak, déstabilisé par l’intervention américaine de 2003 (menée sans aucun mandat de l’ONU ; en d’autres termes, ce fut une agression caractérisée contre un Etat souverain), est un Etat ethniquement composite avec trois « communautés » principales : au sud et au centre, les Chiites, à l’ouest et au nord-ouest, les Sunnites, et au nord-est, les Kurdes. Après l’avoir déstabilisé et en grande partie détruit, les Américains retirèrent leurs dernières troupes d’occupation sous le mandat d’Obama et laissèrent le pouvoir à un gouvernement corrompu au sein duquel s’affrontèrent les factions jusqu’à ce que les chiites prennent le dessus. Cette suprématie chiite dans un cadre d’anarchie, d’affrontement entre milices chiites et sunnites, et de terrorisme d’Al Qaida (dont certains éléments, en conjonction avec une partie de l’ancienne armée de Saddam Hussein, ont formé Daesh), s’est traduite par la marginalisation de la composante sunnite. La sympathie d’une grande partie de la population sunnite envers Daesh (au moins au début) s’explique par la frustration de cette composante sur laquelle le pouvoir de Saddam s’appuyait autrefois principalement (l’ancien pouvoir avait aussi le soutien de la minorité chrétienne). Elle a permis à Daesh de s’emparer de Mossoul à l’été 2014 et d’y implanter durablement une administration qui, à son apogée, a régné sur la moitié de la Syrie et le tiers de l’Irak. Cet « Etat » tirait ses revenus de la vente, avec la complicité active de la Turquie (et parfois de la Syrie de Bachar-el-Assad, en butte à l’hostilité des monarchies du Golfe et des Occidentaux) du pétrole nord-irakien, des œuvres d’art pillées et des réserves d’or et de devises trouvées dans les banques de Mossoul.     
Dans le même temps, les Kurdes du nord, qui ont obtenu une large autonomie de leur région et qui ne continuaient à n’être que nominalement représentés dans un pouvoir central ayant de moins en moins de consistance, ont consolidé leur territoire qui est devenu de facto indépendant.
2/ L’attitude occidentale et celle de leurs alliées, les monarchies du Golfe et la Turquie,  envers l’Etat islamique a été ambigüe. Sans jamais l’avouer, ils ont aidé l’organisation terroriste à prospérer. Leurs motivations ont été diverses : solidarité sunnite de la part du Golfe et de la Turquie, stratégie antikurde de la Turquie (en favorisant l’émergence d’un pouvoir concurrent au contact du Kurdistan), volonté de contrer les Iraniens, alliés des chiites, objectif d’anéantir le pouvoir laïque de Bachar, par haine religieuse pour les uns et par soucis de contrer les Russes, soutiens de Bachar, pour les autres.
3/ Tant que Daesh  a combattu les alliés de la Russie et de l’Iran, on a laissé faire. L’attitude occidentale a commencé à évoluer lorsque le terrorisme islamiste a frappé au cœur de l’Europe, puis aux Etats-Unis même. Les Américains et leurs alliés (qu’il conviendrait d’appeler « satellites » tant ils sont alignés) ont alors commencé à intensifier les « frappes » aériennes en Irak et en Syrie, tout en encourageant les forces au sol irakiennes et kurdes, en les armant et en les appuyant par des forces « spéciales » (plus de 10 000 militaires de fait sur place tout en étant officiellement absents).
Mais l’ambiguïté n’a pas disparue : on veut, cette fois, réellement éradiquer l’ « Etat islamique », mais sans renforcer ni l’Iran, ni la Russie, ni Bachar, et même, pour ce dernier, en continuant à le combattre (d’où la fiction des milices islamistes soit disant « modérées », seulement concurrentes de Daesh dans le meilleur des cas, en fait alliées dans le pire, avec pour résultat que les armes fournies aux « modérés » sont passées à Daesh, soit parce que leurs combattants s’en sont laissés déposséder soit parce qu’ils ont changé de camp - pas nécessairement par affinité idéologique, mais parce qu’un mercenaire peut changer de patron s’il trouve un bailleur plus généreux-).
4/ L’intervention de grande ampleur de la Russie en accord avec le gouvernement légal de la Syrie à partir de l’automne 2015 (annoncée par Vladimir Poutine à la tribune de l’Assemblée Générale de l’ONU en septembre 2015) a changé la donne du tout au tout.
Désormais, la victoire de la Syrie de Bachar est programmée. La conjonction de l’armée syrienne et de l’appui aérien russe aurait déjà permis la reconquête de la Syrie et l’élimination de Daesh si les Occidentaux, la Turquie et les pays du Golfe n’avaient pas continué à armer les islamistes soit disant modérés. C’est pourquoi l’élimination de ces « modérés » (une faction d’Al Qaida : quelle « modération » !), retranchés dans le nord (où ils sont aidés depuis la Turquie), en particulier dans une partie d’Alep, est une nécessité avant d’engager la bataille finale contre Daesh.
5/ Dans ces conditions, les Américains se sont aperçu qu’ils risquaient d’être pris de vitesse par les Russes et de perdre le bénéfice politique de la fin de Daesh.
C’est ce qui explique la concomitance entre l’action désespérée pour obtenir un énième cessez-le feu à Alep destiné à retarder l’offensive russo-syrienne contre Daesh (avec cette honteuse campagne médiatique sur les supposés « crimes de guerre » russes et la pitoyable opération diplomatique de diversion française à l’ONU – voir mon article du 8 octobre « Palinodies françaises au Conseil de Sécurité » - ) et le lancement de la présente « bataille de Mossoul », bataille qui s’annonce autant médiatique que militaire : nul doute que nos médias vont mettre le « paquet » sur cette bataille, ne cantonnant la campagne russo-syrienne qu’à une sorte de faits divers sordides, marqués par les « crimes de guerre » du « tyran sanguinaire » Bachar et du « Staline des temps modernes », Poutine. [On souhaiterait un peu plus d’objectivité, de recul et de discernement de la part de nos médias ; je me réjouis en revanche que quelques-uns de nos hommes politiques ouvrent enfin les yeux : pas seulement Marine Le Pen, Florian Philipot et Nicolas Dupont-Aignan, mais aussi François Fillon, d’autres à droite, et même Sarkozy, qui, il est vrai, n’en est pas à une variation près. Juppé, lui, reste l’atlantiste et l’européiste le plus conformiste, ce qui est inquiétant s’il a l’avenir que lui prédisent les sondages. Quant aux socialistes, hélas, ils s’enferrent et couleront avec le navire Hollande].
6/ On peut être inquiet pour ce qui risque de se passer à Mossoul.
a/ Les forces concurrentes, pas vraiment « alliées », se mettent en place : l’armée irakienne (encadrée et conseillée à la fois par les Américains et les Iraniens, avec des arrière-pensées évidemment différentes), les milices chiites (plus ou moins en concordance avec l’armée irakienne, dominée par les chiites, mais sans doute pas avec tout à fait les mêmes objectifs : pour l’armée, tenter de réunifier l’Irak, pour les milices, s’étendre aux dépens des sunnites et, peut-être même, « casser » du sunnite), les Kurdes (qui veulent créer un Kurdistan indépendant et qui espèrent l’obtenir en étant l’un des fers de lance de la coalition, mais avec le risque d’être, une fois de plus, les dindons de la farce), les Iraniens (qui veulent faire progresser leur influence en Irak), les Américains (qui veulent éradiquer Daesh tout en contenant tous les autres), les Turcs (dont l’objectif principal est de contenir les Kurdes et secondaire de veiller à ce que les chiites ne sortent pas renforcés au détriment des sunnites).
Tout cela fait beaucoup d’objectifs contradictoires. Cela rappelle un peu, mais en pire, la fin de la seconde guerre mondiale et la course entre Américains et Soviétiques pour la prise de Berlin : les Soviétiques y étaient arrivés les premiers ; cette fois, les Américains ne veulent pas être les derniers à Mossoul et même à Raka.
b/ Il ne semble pas que les principaux protagonistes de l’opération, les Américains (puisque ce sont eux qui ont la plus grande force et que ni les Irakiens ni les Kurdes ne pourraient faire quoi que ce soit sans leur consentement au moins tacite), aient sérieusement anticipé ce que sera l’après-Daesh. On risque autant d’improvisation que pour l’après-Saddam.
c/ Les risques de « crise humanitaire » à Mossoul sont considérables. Les combats seront certainement longs et les populations civiles aux premières loges. De plus, les risques de règlements de compte entre anti et pro Daesh, entre chiites et sunnites, entre Arabes et Kurdes, sont tout aussi considérables.
d/ L’implication tant de la Turquie que des Kurdes n’annonce rien de bon
e/ On peut enfin regretter que le Moyen Orient soit devenu une zone de non droit international avec des puissances, petites et grandes, qui font n’importe quoi, sans retenue et sans aucun mandat du Conseil de Sécurité, instance de concertation certes insuffisante mais qui est mieux que rien.
La bataille de Mossoul est donc engagée. Méfions-nous de la présentation qu’en feront les médias.
Yves Barelli, 17 octobre 2016
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9 octobre 2016 7 09 /10 /octobre /2016 00:10

En présentant au Conseil de Sécurité de l’ONU une résolution sur la Syrie qui n’avait aucune chance d’être adoptée, la France du président Hollande ne s’est pas grandie et a montré son alignement sur les positions les plus extrémistes anti-syriennes, antirusses et donc les plus hostiles au rétablissement de la paix que Paris prétend rechercher.

1/ La France, semble-t-il de sa propre initiative (ou téléguidée par Washington ?), a déposé au Conseil de sécurité de l’ONU un projet de résolution visant à établir un cessez-le-feu à Alep et une zone d’exclusion aérienne au-dessus du nord de la Syrie. Au cours de la semaine écoulée, Jean-Marc Ayrault, ministre des affaires étrangères (et ancien premier ministre) est allé présenter son projet à Moscou et à Washington.

Loin de vouloir sérieusement discuter avec les autorités russes, Ayrault avait publiquement accusé Moscou de crimes de guerres en Syrie, accusation grave et sans nuance. Dans ces conditions, le dialogue ne pouvait que tourner court, le déplacement à Moscou prenant en fait l’allure d’une provocation.

Washington a soutenu l’initiative française. C’était bien le moins que pouvait faire la présidence américaine. Mais les Etats-Unis se sont bien gardés de cosigner le projet de Paris.

2/ Le véto russe était attendu. Il avait d’ailleurs été annoncé. Aucune tentative de parvenir à un compromis n’a été tentée par la France lors des consultations à huis clos qui sont organisées entre membres permanents du CSNU, puis à quinze, avant de passer au vote.

Pour contrer la France, la Russie a présenté son propre projet de résolution qui propose un cessez-le feu mais sans aucune référence aux bombardements aériens.

3/ Comme prévu, les deux projets de résolution ont été rejetés.

Je ne connais pas le détail du vote sur le projet russe, auquel ses auteurs ne tenaient pas particulièrement.

S’agissant du projet français, la Russie a voté contre (étant membre permanent, un tel vote équivaut à un véto, quels que soient le vote des autres membres du Conseil). La Chine s’est abstenue tandis que les trois membres permanents occidentaux (F, GB, US) ont voté pour.

Le vote des membres non permanents a été le suivant : Venezuela non et Angola abstention ; tous les autres oui. Compte tenu de la composition actuelle du Conseil de sécurité, très défavorable à la Russie, les votes positifs du Japon, de l’Espagne, de la Nouvelle Zélande, de la Malaisie, pays liés militairement aux Etats-Unis, de l’Egypte (alliée de Ryad, Paris et Washington dont elle reçoit une aide économique), de l’Ukraine (en quasi guerre avec la Russie), du Sénégal et de l’Uruguay (pays ayant des relations étroites avec la France), ne sont pas une surprise.

4/ Ce vote est un semi succès diplomatique pour la France. Il montre que notre pays dispose encore d’une certaine influence et, sans doute, que nos diplomates sont performants. C’est bien le seul élément positif de cette palinodie française. Les morts continuent de s’accumuler en Syrie. Ce projet de résolution, totale perte de temps et d’énergie, n’avait aucune chance de contribuer en quoi que ce soit à diminuer les souffrances du peuple syrien. Hollande et Ayrault sont-ils fiers de leurs larmes de crocodile et de leur cynique hypocrisie? En tout cas, moi, en tant que Français, je ne le suis pas.

5/ Revenons sur le fond de l’affaire, car la désinformation menée depuis quelques jours par nos autorités et médias mérite d’être commentée.

On nous rebat les oreilles depuis quelques jours avec les « crimes de guerre » de l’aviation russe et du « régime » syrien, comme on dit (nos « amis » saoudiens et autres pays où il n’y a jamais eu d’élections sont des « Etats », ou des «gouvernements », mais le gouvernement légal de la Syrie, n’est qu’un vulgaire « régime » !). On nous montre des images d’enfants martyrisés et d’hôpitaux bombardés.

Ce qu’on oublie de dire, c’est que les quelques quartiers d’Alep non encore repris par l’armée syrienne sont aux mains de terroristes islamistes, semble-t-il distincts de « Daesh », mais liés à Al Qaida et donc tout aussi dangereux. Ces terroristes sont armés par l’Arabie saoudite et, malheureusement aussi, par la Turquie et les Occidentaux, y compris la France.

On oublie aussi de dire que l’armée syrienne a demandé aux populations concernées de se désolidariser des terroristes et qu’on leur a proposé de sortir en sécurité. Ceux qui restent font corps avec les terroristes. Civils peut-être, mais combattants certainement, au moins par complicité et soutien.

Que veut-on ? Que la guerre dure cent ans, ou qu’elle prenne fin rapidement ?

Si on veut mettre fin aux combats, il faut mettre hors d’état de nuire les terroristes islamistes, quelles que soient leurs obédiences. A quoi sert de bombarder les positions de Daesh si, dans le même temps, on soutient d’autres djihadistes ?

Dans une guerre, on ne peut avoir plusieurs ennemis. Si notre ennemi est Daesh, ceux qui luttent contre le terrorisme islamiste devraient être considérés comme nos amis, au moins conjoncturellement. Lorsque, pendant la seconde guerre mondiale, on a fait un front commun avec Staline, on savait qu’il avait commis des crimes, mais on a considéré que la priorité était d’éradiquer Hitler. C’est le même schéma aujourd’hui. Que Bachar soit un criminel, nul ne le conteste, mais c’est un laïque qui se bat contre l’islamisme. Nous menons donc le même combat. Armer et aider les islamistes d’Alep, c’est saper le travail de reconquête de la Syrie légale, c’est objectivement aider Daesh. C’est donc nous tirer une balle dans le pied.

Je défends personnellement cette position depuis trois ans que je tiens ce blog. On peut le vérifier. Je me félicite qu’un nombre croissant d’hommes politiques parlent désormais comme j’écris. Je constate que Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan, mais aussi François Fillon et même Nicolas Sarkozy et quelques autres sont désormais sur cette position. Certains d’entre eux ne l’étaient pas, mais ils y sont désormais.

Hélas, je crains que François Hollande, Jean-Marc Ayrault et Alain Juppé (et cela est très inquiétant si les sondages qui sortent en ce moment sont justes), eux, n’évoluent pas d’un iota. Ils sont sur la ligne la plus dure, la plus réactionnaire, la plus immobile et, pour finir, la plus stupide. Ils parlent de paix, et ils sont les plus belliqueux.

En dehors des cercles les plus impérialistes et réactionnaires de Washington, personne ne les écoute. Et quant aux pays plus raisonnables qui ont voté notre résolution parce qu’ils n’ont même pas jugé utile de s’y opposer tant ils la savaient insignifiante, je sais, parce que je voyage dans le monde, qu’ils se demandent comment la France, pays autrefois des droits de l’homme et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, est tombée aussi bas.

Je suis maintenant retraité de la diplomatie et ai donc retrouvé une entière liberté de parole. J’ai quelques amis encore en activité au Quai d’Orsay qui ont la même opinion que moi. Eux, ne peuvent l’exprimer.

Yves Barelli, 8 octobre 2016

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9 juillet 2016 6 09 /07 /juillet /2016 23:19

L’hyper puissance américaine ne veut rien lâcher dans sa domination mondiale. Avec ses alliés et satellites en bon ordre, elle multiplie les provocations vis-à-vis de la Russie et de la Chine, « coupables » de ne pas reconnaitre son hégémonie. Le sommet de l’OTAN, qui se tient à Varsovie, comme le surarmement de la Corée du Sud et des autres pays asiatiques embrigadés dans le « camp » américain, participent au jeu dangereux de Washington. A ignorer la géographie et à s’arc-bouter sur un impérialisme d’un autre âge, les Occidentaux se trompent de cible : la menace est celle de l’islamisme conquérant, pas celle des puissances émergentes qui n’aspirent qu’à occuper une place en rapport avec leurs tailles, leurs populations, leurs économies et leurs cultures multiséculaires.

1/ Nos médias, qui n’ont aucun sens critique ou qui sont à la solde de leurs actionnaires, parties prenantes au système capitaliste mondialisé dont les Etats-Unis sont le bras armé, continuent à longueur de journée de nous parler du « danger » russe en Europe, dans le Caucase et au Moyen-Orient, et de l’ « expansionnisme » chinois en Extrême-Orient. Ils n’ont pas encore pris conscience des velléités d’ « hégémonie » indienne dans l’océan du même nom, mais cela viendra bientôt.

Et ces médias d’apporter quelques « preuves » de leurs craintes : la récupération de la Crimée par la Russie, ou l’affirmation de souverainetés chinoises sur les îlots de la mer de Chine, par exemple.

A les écouter ou à les lire, on aurait affaire à des entreprises impérialistes que les « gentils » Américains, autoproclamés protecteurs de droit divin des libertés dans le monde, se font un devoir de contrer, pour notre bien évidemment.

Y a-t-il quelques « gogos » qui gobent de telles contre-vérités? Sans doute, mais il y a surtout l’hypocrisie de ceux qui ont choisi une fois pour toutes le système économique, social et politique des Etats-Unis et sa « protection » militaire, quitte à entériner toutes les aventures militaires, les déstabilisations organisées par la CIA et le soutien aux dictatures, autrefois celles de l’Amérique latine, aujourd’hui celles des monarchies du Golfe, qui sont les relais de l’hégémonie « yankee ». Les soit disant droits de l’homme, les élections, à condition qu’elles aillent dans le bon sens, sont les alibis et les paravents de ce que l’objectivité devrait nommer : l’impérialisme pur et dur, la domination de la plus grande puissance mondiale au bénéfice du capitalisme international.

Dans ce jeu mondial aux cartes truquées, il n’y a, pour Washington et nos médias qui relaient les intérêts de la Maison Blanche, que deux catégories de pays, les « bons », catalogués comme « démocraties », même lorsque des dictatures sanglantes ou le « fric » roi y règnent contre les peuples, et les « méchants », de cet « axe du mal », composé évidemment de « dictatures dangereuses » qui osent s’opposer à la volonté américaine. Et comme on n’est pas à une contradiction près, parfois, des « dictatures », pour peu qu’elles mettent de côté leur politique « agressive », sortent de l’empire du « mal ». Ainsi, l’Iran et Cuba redeviennent tout à coup fréquentables ; ils s’ouvrent au capital occidental et deviennent, du coup, aussi fréquentables que le Qatar ou l’Arabie saoudite, rarement dénoncés par nos médias et nos politiciens, souvent financièrement intéressé, en dépit de leurs régimes. Il est vrai que la notion de droits de l’homme est à géométrie variable et là où il y a du fric à gagner, les régimes oppresseurs, soudain, s’habillent aux couleurs de la « démocratie » !

2/ La réalité est différente de ce que l’information à sens unique nous décrit.

Et d’abord, que le lecteur me comprenne bien. Je ne veux idéaliser ni la Russie, ni la Chine, ni leurs régimes et ni leurs dirigeants. J’estime seulement qu’ils ne sont ni meilleurs nu pires que notre système. Le régime chinois, par exemple, n’est pas mon idéal, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais il a assuré à la Chine croissance économique, meilleur niveau de vie et stabilité. Il est sans doute adapté à ce pays. L’Asie n’est pas l’Europe et la conception de la démocratie, y compris dans des pays « alliés » comme le Japon ou la Corée du Sud, n’est pas la nôtre. Pour sa part, Poutine est sans doute un homme à poigne mais qui jouit en Russie d’une forte popularité ; après les dérives d’Eltsine, il a remis la Russie sur les rails et il correspond donc aux nécessités du lieu et du moment.

Une autre considération est à prendre en compte, celle de la géopolitique et de la géostratégie. Les intérêts des pays et des peuples sont en grande partie fonction de l’histoire et de la géographie. Avant de porter une appréciation sur les choix des gouvernants, il est bon de regarder une carte. Souvent une bonne carte vaut mieux qu’un long discours (et je regrette de ne pouvoir en glisser une dans ce blog). Il y a le plus souvent une logique et une continuité dans les choix politiques. Il y a ainsi des puissances maritimes ; elles ont tendance à s’étendre sur les océans pour compenser leurs faiblesses continentales : c’est parce que l’Angleterre est sur une petite île, qu’elle est partie à la conquête du monde. Et il y a les puissances continentales comme la Russie, la Chine ou l’Allemagne. Leur hantise, c’est l’encerclement par les puissances maritimes. Aujourd’hui, il suffit de consulter une carte avec la présence de bases militaires et de pays satellisés par les Etats-Unis, pour voir que ce sont la Chine et la Russie qui sont encerclées. Pas le contraire. Ce n’est pas la Chine et la Russie qui menacent les Etats-Unis et leurs alliés, ce sont eux qui les menacent. Les troupes de l’OTAN sont (depuis l’Estonie) aux portes de Saint Petersburg, 50 000 soldats américains sont en Corée, à moins d’une heure d’avion des côtes chinoises.

Un tel encerclement n’est pas supportable à terme. Ne pas le voir, ne pas le comprendre, c’est croire que le statuquo pourra être éternel. Or, ce ne sera pas le cas parce que cela ne peut être le cas.

L’art de la géopolitique, c’est d’identifier les rapports de force et les lignes de partage des zones d’influences qui en résultent. Ceux qui savent jouer au « go », jeu de stratégie d’origine asiatique où ce qui est important, ce ne sont pas des « coups », c’est-à-dire, des affrontements ponctuels, qui permettent de gagner, mais des « territoires » qui se sont constituent en fonction des rapports de force. Les adeptes de ce jeu savent qu’on ne peut être présents partout, qu’il est illusoire de vouloir conquérir la totalité du « goban ». Lorsqu’on est relativement faible sur un territoire, on n’insiste pas car on risque d’y perdre beaucoup. Il vaut mieux sécuriser les territoires où on a des chances de s’implanter durablement.

Le monde est à l’image du jeu de go. Les pays ne sont pas de tailles égales. Les plus gros ont une tendance naturelle à se créer des zones d’influence où il est de l’intérêt des petits pays qui s’y trouvent de collaborer avec le gros. Si le petit pays choisit l’affrontement avec le gros, il ne peut gagner durablement, même s’il a le soutien d’une grande puissance extérieure. Cuba a voulu narguer le grand voisin américain. Il l’a payé d’un embargo dont les conséquences perdurent. Dans l’histoire, les exemples abondent de folles provocations d’un « petit » envers un « grand ». La Pologne s’est étendue à l’est en 1918 sur des territoires non peuplés de Polonais en profitant de la faiblesse du jeune pouvoir bolchévik soviétique ; elle le paya vingt ans plus tard sous Staline. Aujourd’hui, la Géorgie et l’Ukraine, où les Américains ont réussi à implanter des régimes à leur solde par des moyens bien peu démocratiques, défient Moscou. C’est folie. L’Ukraine le paye aujourd’hui par un étranglement économique et ceux qui s’imaginent que l’Europe va payer pour Kiev, alors qu’elle n’est pas capable de remettre la Grèce, l’Italie ou le Portugal sur pied, sont des naïfs.

Ceux qui ne respectent pas les rapports de force « naturels » sont des apprentis-sorciers et les « petits » payent toujours pour les « grands ». Lorsque Washington pousse ses pions ukrainiens ou géorgiens pour contrer Moscou, cela n’aura qu’un temps. Soit on aura une guerre mondiale, soit on aura un arrangement entre puissances et, alors, celui-ci risque de se faire sur le dos de Tbilissi et de Kiev.

Jusqu’à présent, les grandes puissances ont réussi à éviter le conflit nucléaire. On peut espérer que cela perdurera. L’aboutissement sera un partage du monde au prorata de la puissance de chacun. Si les dirigeants des puissances étaient sages, ils accepteraient ce partage en quelque sorte à l’amiable en économisant les confrontations inutiles. La nature devrait leur servir de modèle. Dans un troupeau, le mâle dominant établit sa suprématie en se mesurant brièvement à ses concurrents. Au bout de quelques coups de cornes, le plus faible abandonne la partie et les combats ne sont jamais mortels. Ce n’est sans doute pas moral, mais efficace. Peut-on dire que le capitalisme international et son bras armé américains sont « moraux » ? Et le régime corrompu actuel de Kiev encore moins. Alors, autant être raisonnable. Si Napoléon et Hitler avaient été raisonnables, jamais ils n’auraient attaqués la Russie, mieux défendue encore par le « général Hiver » que par son armée.

Aujourd’hui, l’hiver est toujours là et, en outre, la Russie, la Chine et l’Inde ont le feu nucléaire. Ces deux dernières sont en plus des géants démographiques et, s’agissant de la Chine, son économie est en passe de rattraper celle des Etats-Unis.

Désormais, la confrontation avec ces puissances est devenue contreproductive. Il me parait fou de la part des Etats-Unis de continuer dans la voie sans issue de la confrontation. L’hégémonie de la Russie sur son « étranger proche », qui faisait partie de son propre territoire soviétique il y a peu, est dans l’ordre des choses. De même que la domination de la Chine en Asie. Même le Japon, au territoire de la taille d’une province chinoise, devra s’y résoudre un jour.

3/ Dans ce contexte, la politique de Washington et de ses relais militaires ou politico-économiques que sont l’OTAN, l’Union européenne et toutes les autres alliances militaires montées en Asie autour de la Chine et de l’Inde, est irréaliste et représente surtout un gâchis d’énergie qui pourrait être mieux utilisée ailleurs.

On dirait que les dirigeants de Washington et leurs valets européens n’ont pas saisi l’évolution du monde. Leurs antisoviétisme et anticommunisme viscéraux du passé n’ont pas évolué d’un iota. Pour eux, la Russie est toujours l’Union soviétique et Poutine un nouveau Staline. L’OTAN a profité de la faiblesse passagère de la Russie sous Eltsine pour s’étendre indécemment à l’Est, jusqu’à incorporer une partie de l’ancienne URSS (les pays baltes). Les Russes en ont été humiliés. Ce n’est pas une bonne politique que d’humilier les peuples. Si les Russes serrent les rangs aujourd’hui autour de Poutine, c’est à cause de cette humiliation. Les Américains ont lancé sur Moscou un boomerang qui est en train de revenir sur eux.

On peut faire le même raisonnement pour la Chine et bientôt pour l’Inde. Certes, Pékin a été un moment ménagé parce que la Chine s’était opposée à l’URSS et parce que le capital international y trouvait son compte. La stratégie chinoise est à long terme. Pékin a d’abord cherché à construire une puissance économique (ce que n’a pas réussi à faire la Russie). N’importe quel observateur intelligent et informé comprend parfaitement que la Chine ne tolèrera plus longtemps les bases militaires que les Américains ont installé à ses portes à Taïwan, en Corée, au Japon, mais aussi en Asie du Sud-est. Il serait sage pour les Américains de rechercher sans tarder un arrangement, y compris militaire, avec Pékin. Sans quoi, il est probable qu’ils y seront contraints un jour.

4/ Que cherchent les Américains en décidant au sommet de Varsovie de surarmer les frontières orientales de la Pologne et des pays baltes ? C’est un jeu très dangereux. Que signifient des sanctions économiques de la part de l’Union européenne contre Moscou sachant que ces sanctions se retournent contre eux avec des contre-sanctions ?

La Russie a décidé de récupérer la Crimée. Malgré leurs gesticulations, les Américains ont été incapables de l’en empêcher. Si demain, Moscou décidait d’intensifier son aide aux Ukrainiens qui luttent contre le régime de Kiev, que feraient les Occidentaux ? Sans doute rien, car nul ne veut d’un conflit nucléaire. Une déstabilisation économique, comme cela a commencé ? Mais si celle-ci était trop poussée, les Chinois viendraient au secours de leur allié car ils ne veulent pas se retrouver seuls.

Les menées militaristes américaines à l’encontre de Moscou et de Pékin ne servent donc à rien. A moins que le véritable objectif ne soit pas l’affaiblissement de ces puissances, mais plutôt de conserver la mainmise de Washington sur des alliés placés sous sa protection. On le voit à certains signes. Le traité de libre-échange transatlantique négocié en catimini par la Commission de l’UE qui, s’il était signé, donnerait des avantages complètement déséquilibrés à Washington, en est un exemple. Le « parapluie » nucléaire américain a un prix : la soumission aux intérêts économiques, stratégiques, culturels et autres de la part des protégés.

Peut-être qu’un jour, les dirigeants occidentaux deviendront plus intelligents. L’Europe est un continent. Ses peuples ont intérêt à collaborer de l’Atlantique à l’Oural. Il en va de même en Asie. Le Japon a intérêt à collaborer avec la Chine ; Pour sa sécurité, mais aussi pour son économie.

Si les alliés de l’Amérique se montraient un peu plus indépendants, les Américains deviendraient plus raisonnables.

En attendant, les Américains ont des bases militaires dans plus de 70 pays dans le monde. En dehors de leur territoire, les Russes en ont une seule, en Syrie, et les Chinois sont en train d’ouvrir leur première, très modeste, à Djibouti (où Américains et Français ont les leurs, bien plus grandes).

Qui menace qui ? Pour le moment, ce sont les Américains qui menacent le monde entier. Ce sont eux qui interviennent militairement partout : Serbie, Afghanistan, Irak, Libye, etc

Alors, messieurs les caniches européens présents à Varsovie et messieurs les éditorialistes donneurs de leçons, un peu de décence s’il vous plait. Prenez plutôt des cours de géographie, d’histoire et de géopolitique. Vous en avez bien besoin.

Attaquez-vous plutôt aux véritables menaces qui planent sur nos pays. Elles ne viennent pas de Moscou et de Pékin. Elles s’appellent capitalisme financier mondial devenu fou qui nous prépare une crise économique bien plus grave que celle de 2008 ; mondialisation qui détruit les valeurs et les identités et contre laquelle les peuples sont en train de se rebeller ; inégalités scandaleuses avec une richesse insolente d’une minorité qui côtoie la paupérisation de la majorité ; immigration incontrôlée avec la création de ghettos communautaristes qui sont des bombes à retardement ; islam conquérant qui ambitionne de déstructurer les sociétés occidentales et peut-être de les dominer ; enfin destruction de la planète par des activités économiques inconsidérées.

Voila où vous devriez porter vos regards.

Les dirigeants de l’OTAN réunis à Varsovie sont des myopes. C’est très inquiétant.

Yves Barelli, 9 juillet 2016

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