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4 octobre 2013 5 04 /10 /octobre /2013 12:22

Les 13 et 20 octobre se dérouleront à Marseille les primaires « républicaines » socialistes. Ces élections sont organisées par le Parti Socialiste avec l’accord des pouvoirs publics, ce qui leur confère une légitimité reconnue. Elles ont pour but de permettre à l’électorat de désigner celui qui sera le candidat officiel du PS lors des élections municipales de mars 2014.

 Ces « primaires » sont ouvertes à tout électeur inscrit sur les listes électorales de Marseille qui adhère aux « valeurs » de la gauche. Cette adhésion est un acte volontaire assumant l’honnêteté de celui qui s’y soumet sans qu’il y ait de contrôle particulier. Il n’est pas nécessaire d’être membre du PS pour avoir accès à ce vote.

Le système, alors inédit en France, avait été mis en œuvre avec un certain succès pour désigner le candidat du PS à la présidentielle de 2012, en l’occurrence François Hollande. A Marseille, on attend 15 000 à 25 000 votants, ce qui est relativement peu, mais ce qui dépasse largement le cadre des adhérents du PS. Des bureaux de vote seront installés dans chaque arrondissement municipal sous la supervision du PS national. Une participation d’1€ sera demandée à chaque électeur afin de couvrir les frais engagés. La campagne électorale a elle-même été très encadrée sur le plan financier (20 000€ maximum par candidat). L’essentiel de la campagne prend la forme d’interviews dans la presse écrite et de débats télévisés contradictoires avec un strict équilibre entre temps de paroles. Ces passages dans la presse et les médias sont gratuits (c’est une chance que nous avons en France ; ce n’est pas le cas dans tous les pays).  

Six candidats à la candidature sont en lice : Marie-Arlette Carlotti, actuelle ministre déléguée à l’exclusion et aux handicapés, Patrick Mennucci, maire de secteur et député, Samia Ghali, maire de secteur et sénatrice, Eugène Caselli, président de la Communauté Urbaine, Henri Jibrayel, député, et Christophe Masse, président du groupe socialiste du conseil municipal et président des Offices HLM. Tous ont toujours vécu, travaillé et été élus à Marseille. Authentiques Marseillais, ils font tous des déclarations d’amour à leur ville et je sais qu’ils sont sincères. Nous, Marseillais, nous sommes viscéralement attachés à cette cité à la personnalité exceptionnelle (c’est la plus vieille ville de France). On peut donc se féliciter de n’avoir aucun « parachuté » (personnalité extérieure qui s’invente au dernier moment une résidence locale afin de pouvoir se présenter). On reste ainsi « entre nous ». Ce sera la même chose dans l’autre camp, celui de Jean-Claude Gaudin.

Les lecteurs de ce blog savent que j’aime commenter librement l’actualité et que je donne toujours sans retenue mes opinions. Je peux le faire parce que je suis un homme libre. Je n’émarge nulle part et ne suis stipendié par personne.

L’honnêteté m’impose de dire que dans le cas d’espèce, je reste libre mais sans doute pas totalement objectif. J’éviterai donc les remarques sur chacun des candidats, personnalités que je connais toutes personnellement, souvent depuis très longtemps.

J’avais pris parti pour l’un des candidats qui aspirait à participer à la primaire. J’en ai parlé dans ce blog. Il s’agit de Hacen Boukhelifa, qui avait l’avantage, à mes yeux, d’être une « nouvelle voix pour Marseille » (c’était son slogan). J’avais participé, avec une petite équipe, à la rédaction de son programme. Il n’a malheureusement pas été retenu pour la primaire car il n’a pas réussi à recueillir le nombre de parrainages requis par le PS (qui avait préféré « verrouiller » pour éviter un trop grand nombre de candidats ; le résultat est qu’on n’a le choix qu’entre des « notables » ; c’est dommage).

Avec Hacen, nous avons toujours dit que nous n’avions pas d’ennemis mais de simples concurrents et que, de toute façon, nous nous retrouverons tous le 20 octobre derrière le candidat que les urnes auront désigné et que nous participerons sans états d’âme à sa campagne, quel qu’il soit. Nous le ferons d’ailleurs d’autant plus facilement que les six sont des personnalités de qualité.

Avec Hacen, nous avons rencontré la plupart des six (certains, très « occupés » ne nous ont pas consacré beaucoup de temps, d’autres bien davantage). Nous leur avons soumis notre programme et avons insisté sur seize propositions précises dont la mise en œuvre serait, selon nous, particulièrement utile pour Marseille.

Après notre « tour de piste », il nous a semblé que nous avions le maximum de convergences avec le programme de Marie-Arlette Carlotti. Nous avons donc intégré son équipe de campagne et nous participons activement à celle-ci tout en gardant de bonnes relations personnelles avec les autres. Je répète que nous serons, de toute façon, dans le même bateau dès le 20 octobre.

Je connais Marie-Arlette depuis quarante ans. Nous sommes du même quartier et avons milité dans le même parti, le PS, et même, autrefois, dans le même « courant », celui du CERES de Jean-Pierre Chevènement. Depuis cette époque glorieuse, nous avons suivi chacun notre route. Elle, restée au PS, a gravi un à un les échelons des responsabilités politiques : conseillère municipale, générale, régionale, députée européenne, députée, enfin ministre. En ce qui me concerne, j’ai arrêté depuis longtemps la politique active pour une carrière de haut fonctionnaire diplomate. Je ne suis plus membre depuis longtemps du PS et j’ai rejoint cette campagne socialiste au titre de la « société civile ».

Marie-Arlette a des qualités qui peuvent en faire un bon maire de Marseille. Parmi celles-ci, il y en a une qui me tient à cœur et qui tient à cœur de nombreux Marseillais, souvent écœurés par les dérives de la politique locale : elle est honnête. Cela a l’air un peu ridicule à dire tant cette qualité devrait être un minimum pour s’occuper des affaires de la cité, mais, ici, l’être vraiment n’est pas aussi général que ce qu’on voudrait.

Comme je la connais depuis longtemps, je peux affirmer qu’elle n’a pas gagné d’argent en politique, ni aucun autre avantage personnel, qu’elle y a passé beaucoup de temps, qu’elle est proche des gens et qu’elle est restée simple et abordable. Pas seulement pour ceux qui la connaissent, mais aussi par les citoyens de base. C’est important.

De plus, c’est une femme courageuse. Elle a eu le cran de se séparer et d’affronter l’actuel président du Conseil Général et ancien « patron » du PS dont les dérives font ombrage à la réputation du parti et de la ville (il est actuellement mis en examen pour association de malfaiteurs). A ce titre, elle a été marginalisée au sein de l’assemblée départementale (elle n’avait même plus le droit d’utiliser une voiture de service et était confinée, sans moyens, dans son bureau).  

Je n’ai jamais été un fanatique des primaires. J’aurais préféré qu’un consensus se dégage sur le mieux placé pour défendre les couleurs du PS et ensuite, si victoire électorale il y a, pour mieux diriger Marseille. Je préfère le travail collectif aux rivalités de personnes. Je fais partie de cette espèce trop rare en politique qui se bat pour des idées et au service des gens, pas pour obtenir un poste et pour une « carrière ». Le pouvoir pour le pouvoir ne m’intéresse pas. Améliorer la cité, changer la vie me paraissent des idéaux infiniment plus exaltants. Je ne crois pas que la politique doive ressembler à un championnat de football avec des gagnants et des perdants.   

Marie-Arlette Carlotti ne souhaitait pas non plus cette primaire. Sans doute faudra-t-il réfléchir à l’avenir à la meilleure façon de désigner les candidats des partis (cela ne concerne pas que le PS ; l’UMP y est aussi confrontée). La France n’est pas les Etats-Unis et je ne pense pas que le système des primaires soit le mieux adapté à notre pays.

L’ambiguïté des primaires est en effet que des candidats doivent s’affronter alors que, en principe, ils sont d’accord sur l’essentiel (sinon, ils ne seraient pas dans le même parti). Comme, en outre, ils savent qu’ils devront ensuite marcher ensemble, ils se condamnent à l’autocensure dans les débats télévisés qui tournent souvent à la langue de bois. C’est une dérive de la politique que nous constatons en France et dans beaucoup d’autres pays comparables : comme on se croit prisonnier du « système », on se différencie plus par les affrontements personnels que par les différences de programmes et d’idéaux. C’est dommage et cela explique le désintérêt pour la chose publique de nombre de nos concitoyens.

Vivement donc que cette période peu enthousiasmante des primaires soit passée. Nous pourrons alors ensemble aller à la vraie bataille. La municipalité sortante de droite n’a pas complètement déméritée et j’ai de l’estime pour Jean-Claude Gaudin (qui fut, il y a longtemps, mon prof d’histoire-géographie au lycée et que j’ai souvent revu depuis). Mais Marseille a besoin de changement. C’est une ville malade qui a pourtant d’énormes atouts. Nous sommes quelques-uns à vouloir donner le meilleur de nous-même au service de la cité. On n’est jamais sûr de réussir lorsqu’on entreprend, mais il est bon d’essayer. Pour une fois, à ma modeste place, je suis acteur et non simple commentateur. C’est probablement moins confortable.

Qui l’emportera le 13 d’abord (1er tour), puis le 20 (seuls les deux candidats arrivés en tête se représenteront) ? Marie-Arlette Carlotti est, semble-t-il, bien placé. Patrick Mennucci, ami de trente ans lui aussi, a également des chances, de même que Samia Ghali. Eugène Caselli, un moment favori, semble en perte de vitesse. Les sondages publiés sont peu significatifs. Les jeux sont donc ouverts.   

Que le meilleur gagne. Nous serons ensuite tous derrière lui.

                                   Yves Barelli, 4 octobre 2013                                        

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