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11 octobre 2011 2 11 /10 /octobre /2011 22:10

stationnement-copie-1.jpgL’ « insécurité », au sens restreint du terme (je ne parle pas ici de la sécurité ou de l’insécurité « sociale ») est devenue une préoccupation majeure de la société française et, à ce titre, un sujet du débat politique.

 

Le sentiment d’insécurité concerne des situations ou des actes très différents. Les violences physiques sont évidemment les plus graves. Elles sont malheureusement en hausse. Elles sont liées au grand banditisme, mais aussi à la montée de la petite ou moyenne délinquance, ainsi qu’à celle des violences privées, notamment dans le cadre familial. Les atteintes aux biens sont un autre fléau, certes moins grave de par leurs conséquences, mais qui traumatisent nombre de nos concitoyens qui en sont victimes.

 

La lutte contre ces formes de délinquance repose à la fois sur la prévention (dissuasion, mais aussi renseignement) et sur la répression. Cette dernière, seule, est insuffisante et cela est maintenant reconnu. Elle est néanmoins nécessaire et les angéliques qui ne misaient que sur la prévention et l’action sociale dans les « quartiers » le reconnaissent à leur tour. Les crimes et délits doivent être sanctionnés, de manière intelligente et adaptée. Pour les petits délits, la prison est rarement le meilleur remède car il est connu qu’elle est une école du crime. Les peines de substitution sont, à cet égard, plus adaptées, au moins s’agissant d’un premier délit.

 

Le débat sur l’insécurité se cantonne trop souvent à des considérations plus ou moins générales sur ce qui précède ou à des discussions entre experts de la police ou de la justice. Ce débat est utile. Il faut évidemment le continuer.

 

Il est une autre forme de délinquance, à première vue moins grave et, pour cette raison, négligée, mais dont la fréquence constitue en soi un phénomène grave. Ce sont les faits qui relèvent des « incivilités », c'est-à-dire tout ce qui va à l’encontre d’une vie harmonieuse en société, en d’autres termes, le fait d’agir sans aucune considération pour son prochain. Exemples : stationner anarchiquement, notamment au détriment des piétons ou sur les places d’handicapés, salir ou taguer un wagon de métro ou de train, jeter des ordures dans une décharge sauvage, injurier l’interlocuteur à la moindre remarque, même justifiée, passer devant les autres dans une queue, parler à voix haute au téléphone dans un lieu public sans respecter les panneaux qui interdisent les portables, laisser aboyer son chien au mépris des voisins ou le laisser déposer ses déjections sur les trottoirs, mais aussi manquer de respect à un enseignant, et bien d’autres choses qui, renouvelées quotidiennement, en deviennent insupportables et nous rendent nous-mêmes agressifs et parfois inciviques car ce phénomène est contagieux (pourquoi vais-je chercher une place de parking quand tous les autres se mettent en double file ou sur les trottoirs?).

 

J’ai un appartement dans immeuble de la première couronne parisienne qui a la chance de disposer d’un parking souterrain. Malheureusement l’entrée de celui-ci est souvent obstruée par des automobilistes qui trouvent naturel de laisser leur véhicule pour aller faire des courses ou même aller boire un coup dans un bistrot. Après de longs coups de klaxon, mais parfois après avoir alerté la police, on retrouve en général le propriétaire au bout d’un laps de temps, souvent court mais parfois long. J’ai ma statistique fondée sur un grand nombre d’observations : 10% s’excusent ou disent au moins qu’ils sont désolés. Le reste se répartit entre deux groupes à peu près équivalents : ceux qui reprennent leur voiture sans se presser et sans un mot, considérant sans doute mon attente comme « normale », et ceux qui, face à mon agacement, me déversent un tombereau d’injures, laconiques (« je t’em… », « enc… », etc) ou plus élaborées.

 

Les forces de l’ordre, il est vrai de plus en plus démunies de moyens en hommes et en matériel, semblent considérer que les incivilités sont un non évènement, une fatalité presque aussi inévitable que la pluie en automne. Traversant sur toute la longueur l’avenue principale de la banlieue parisienne évoquée plus, je me suis amusé un jour à suivre une voiture de la police qui remontait l’artère manifestement sans aucune mission urgente. J’ai compté 14 véhicules en double file, parfois de part et d’autre de la rue, ramenant les trois files de circulation à une seule. La voiture de police est passée tranquillement et ne s’est jamais arrêtée. Dans une autre commune, ce stationnement anarchique est toléré en face même du commissariat. Dans une troisième, située dans une autre région, le passage piéton, en face aussi du commissariat, est régulièrement obstrué en toute impunité.

 

Tout cela serait anecdotique si ces incivilités ne recouvraient un mal profond de notre société : le mépris de l’autre et, parallèlement, la perte presque totale de crédibilité de la police qui n’inspire plus, chez les délinquants, petits et grands, aucune crainte ni respect. Cela me parait grave. Ce n’est pas non plus une fatalité. Allez en Allemagne, aux Etats-Unis ou même en Espagne et vous verrez que notre pays se distingue hélas négativement.

 

Le maire de la commune évoquée plus haut auprès duquel j’ai fait part de mon incompréhension face à ce qui s’apparente à du laxisme s’est défendu en m’assurant que des contraventions étaient souvent mises aux véhicules en infraction. Avec quelle efficacité ? Lorsque des sanctions sont distribuées un peu au hasard, l’effet pédagogique est quasi nul. Ceux qui en sont les « victimes » prennent cela pour de l’injustice (« pourquoi moi et pas les autres ? », « quelques minutes en double file, ça ne gêne pas vraiment ! », etc) ou une sorte de taxe. J’ai noté au passage que ce type d’incivilité automobile (pour s’en tenir à celle-ci) concerne principalement deux catégories de lieux : les quartiers à fort peuplement « ethnique » ou les cités qui, souvent, sont devenues des sortes de territoires de non droit, dont les habitants ont gardé une culture non européenne (avec une différence : l’anarchie du tiers-monde est souvent sympathique et solidaire ; ici, elle devient agressive et égoïste) et ceux des quartiers les plus huppés, où, aux yeux de certains, l’argent donne tous les droits. Pour ceux qui pourraient penser que j’exagère, je tiens à leur disposition les itinéraires précis que j’emprunte régulièrement.

 

Si j’insiste sur ces exemples, ce n’est pas seulement parce que j’en ai assez de ne pouvoir accéder librement à mon parking, d’être dérangé dans le TGV par les portables ou de me faire injurier. Ce n’est pas non plus pour stigmatiser telle ou telle catégorie de citoyens. C’est surtout parce que j’estime que les incivilités non corrigées sont la porte ouverte à la petite délinquance qui, elle-même non sanctionnée à temps, conduit à la grande délinquance.

 

La vie en société comporte des avantages mais aussi des obligations. Ne pas se conformer à ces dernières, c’est le début du chacun pour soi, de la loi de la jungle qui, comme on le sait, frappe les plus démunis et les plus faibles. La vie en société doit être organisée. Comment ?

 

Je préconise en premier lieu l’éducation. J’ai la faiblesse de penser que l’immense majorité des gens ne sont pas foncièrement mauvais. Encore faut-il leur montrer que les règles sociales sont dans l’intérêt de tous, y compris le leur. Mais lorsque ces règles sont violées par beaucoup en toute impunité, le message vis-à-vis de l’ensemble de la population est catastrophique. « Ils » font n’importe quoi en toute impunité, « moi », j’ai pris un PV à 90€ pour avoir roulé à 53km/h sur une ligne droite déserte. La conséquence est que, désormais, nous sommes tous tentés de faire n’importe quoi : « pas vu, pas pris » ou, pis, « vu, mais pas sanctionné ». Il n’y a plus alors aucune moralité, individuelle ou collective.

 

Cette éducation doit commencer à l’école par le respect de l’enseignant, mais aussi par celui des valeurs de la République, y compris ses symboles. A cet, égard, j’estime que la suppression du service national a été une erreur. Je suis d’accord avec ceux qui préconisent le rétablissement d’un service, civil ou militaire, obligatoire.

 

Pour la minorité qui refuse de se conformer aux règles élémentaires de vie en société, les sanctions justes et proportionnées sont nécessaires. Il faut, là comme ailleurs, faire preuve d’imagination et de discernement. Par exemple, l’immobilisation pour 24 heures des véhicules en stationnement gênant. Sans PV à la clef, car ils ne servent à rien : ceux qui les payent n’ont pas conscience de la faute, ils sont convaincus qu’ils ne servent qu’à alimenter les caisses de l’Etat. Un commissaire de police m’a dit que ce type de sanction n’était pas prévu par la loi et les règlements. Modifions-les. Je préconise, pour les zones où le stationnement anarchique fait partie des mœurs de procéder en trois étapes : 1/ Campagne d’information 2/ Mettre les contrevenants sur une liste d’ « avertis » (cela se fait dans certains Etats américains, c’est bien), d’autant plus facilement que les contrevenants sont souvent des habitués facilement identifiables (voyez la sortie des écoles : ce sont toujours les mêmes qui gênent) 3/ Immobiliser ceux qui, après les premières phases, persistent. Les récidives systématiques pourraient aller jusqu’à l’immobilisation prolongée du véhicule ou le retrait du permis : un automobiliste qui, consciemment et systématiquement, ne respecte pas les règles n’a plus sa place sur la voie publique. Payer un PV ne devrait pas donner le droit de recommencer. Idem pour l’utilisation abusive de portables : 24 heures, pour commencer, de privation de son joujou favori serait certainement efficace.

 

Quant aux autres incivilités, là aussi, il faut trouver une méthode juste et des sanctions adaptées. Les petits caïds ou apprentis caïds (les « càcous » comme on dit à Marseille, ma ville natale) ont besoin de sanctions adaptées à leur arrogance. Les mettre en tenue de travail avec encadrement militaire si nécessaire pour les obliger à repeindre les cages d’escaliers de leur cité sous les yeux de leurs petits camarades me paraitrait une sanction bien adaptée : un petit apprenti chef de bande ainsi humilié perd toute autorité et en conséquence est moins dangereux. Ce type de sanction n’est pas seulement adapté aux incivilités, mais aussi à la petite délinquance. Un délinquant qui passe ne saurait-ce que quelques jours en prison acquiert son brevet convoité de « dur » et donc de modèle à suivre. Le faire balayer le sol de sa cité ou en repeindre les façades est autrement plus éducatif (avec, évidemment, la menace de sanctions plus classiques s’il ne comprend pas).

 

Voilà quelques pistes de réflexion que je vous soumets. Je redis ce que j’ai écrit plus haut et cela est ma conclusion : l’incivilité non corrigée mène à la petite délinquance qui, elle-même non sanctionnée, est la porte ouverte à la grande. Un enfant de maternelle qui frappe impunément un autre enfant ou qui parle n’importe comment à l’adulte, a besoin de se voir rappeler qu’on ne peut faire n’importe quoi dans une société civilisée.

 

 

Eduquons donc en premier lieu, sanctionnons ensuite si nécessaire mais avec des sanctions justes, adaptées, comprises et donc pédagogiques pour le délinquant et pour les autres !

 

Yves Barelli, 8 octobre 2011

 

 

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commentaires

C
Bonsoir,<br /> Je vous comprends, j'en ai ras le bol aussi de toutes ces incivilités et malgré que je ne sois pas du tout raciste côtoyant des personnes de toutes origines par ma profession et ds ma vie personnelle, je constate malheureusement depuis un certain temps, que ce sont toujours des personnes d'origine étrangères. Après ils vont mettre le racisme sur le dos des attentats alors qu'ils suivraient les règles de base de la vie sociale, le racisme baisserait direct.<br /> Entre les personnes qui se garent en double-file "comme au bled", l'irrespect envers autrui et j'en passe, il y a malheureusement un certain nombre de personnes qui deviennent racistes car ils en ont ras le bol!
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(
Mon Blog(fermaton.over-blog.com),No-10. THÉORÈME DU RING. Nul ne guérit de son enfance ?
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