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15 août 2018 3 15 /08 /août /2018 21:02

Cette épopée dont la montagne dominicaine a sans doute conservé le souvenir se passe en l’an de grâce 2004 dans cette magnifique terre tropicale de la Caraïbe.

Région de Samaná, dans le nord-est de la République dominicaine. Début de citation :

Nous reprenons la voiture et allons à une trentaine de km jusqu’à la localité d’El Limon. Je veux m’informer des conditions de promenade à cheval jusqu’à la cascade d’El Limon, point d’attraction assez connu de ce pays. La route pour aller dans la localité est fort jolie. Fortes déclivités et collines, beaux panoramas sur la mer, paysages de végétation luxuriante magnifique, quelques localités traversées avec leur ambiance de fin de semaine : gens dehors, musique déversée à fond par les haut-parleurs.

Je me dirige d’abord vers le ranch qui est recommandé par le « guide du routard ». Il s’agit d’un petit restaurant tenu par un Espagnol qui fait en même temps ranch. Prix 19$ par adulte, repas au retour compris. L’employée me dit que pour les réductions éventuelles, je dois voir avec le patron demain, mais qu’il y a de la place, il n’y a pas de problème. Un peu plus loin, je m’adresse à un autre ranch qui fait bonne impression. Les prix y sont bien plus bas : 150 pesos (3 à 4$) par personne, plus un pourboire pour les guides. OK, je leur dis que nous serons là demain à 10 heures.

Retour à Samana. Nous passons la soirée à l’hôtel. Bain dans la piscine. Coucher très tôt, ce qui nous permettra de nous lever plus tôt demain et, à Eva (notre fille de 7 ans), de se reposer car elle a, semble-t-il, un peu de fièvre.

Dimanche 15 février 2004

 

Petit déjeuner avec service pas très rapide bien que je les pousse beaucoup pour s’activer.

Nous retournons à El Limon où nous arrivons un peu avant 10 heures. Je me mets définitivement d’accord avec la patronne pour le prix.

Nous prenons possession des chevaux. On nous fait monter sur eux par un escabeau. On nous règle les selles et les étriers. En ce qui me concerne, il y a plus de 25 ans que je n’étais pas monté sur un tel animal à quatre pattes. Il y a bien longtemps, en Espagne, j’avais eu une certaine pratique des ânes. Mais le cheval, c’est pas trop mon truc. Lenka, c’est pas mieux.

Sur ce genre de moyen de locomotion, j’ai toujours un peu peur que l’animal glisse et tombe, entraînant avec lui son passager complètement prisonnier avec ses pieds coincés dans les étriers. Bon, c’est mieux de ne pas trop y penser. J’ai pas peur en avion où pourtant, on dépend d’un pilote qu’on ne connaît même pas. Alors pour le cheval, inch allah ! 

En revanche, Eva est la plus à l’aise. Elle a fière allure sur son cheval qui, lui-même est le plus à l’aise des trois parce que vingt kg, c’est quand même plus facile à porter que 80. Eva était déjà montée sur un cheval il y a deux ans en Tchéquie et ça lui avait plu (quelques années plus tard, elle deviendra une bonne cavalière). Elle a aussi la pratique du dromadaire et de l’éléphant, alors un petit cheval, ça ne l’impressionne pas ! A mon avis ça lui plaira tant qu’elle ne tombera pas. Après… ?, ce sera une autre histoire.    

Pour limiter les risques, il y a devant chacun des trois chevaux un guide qui marche à pied en tirant le « fidèle coursier ». Le mien, Cristian,  est très sympa et il m’explique en détails toutes les plantes et les arbres que nous voyons sur le chemin. C’est un jeune adulte du village. Tout ça, il connaît car il y est né et a toujours vécu là. Il me dit que dans cette région rurale, les chevaux, on naît quasiment avec : lui, il a commencé à monter à cheval à l’âge de 4 ans. Dans les villages, c’est le cas d’à peu près tout le monde.

On s’engage tout de suite dans un petit chemin qui traverse un hameau composé de maisons en bois multicolores typiques de l’île. De part et d’autres, des cultures et des arbres les plus divers. On voit des caféiers. Tout à l’heure au retour, nous prendrons un rameau de l’arbuste avec tous les grains rouges de café qui y sont fixés par grappes. On n’en voit pas trop dans les campagnes, car la plus grande partie a déjà été récoltée. Pareil pour le cacao. Sur une aire, sèchent justement du café et du cacao. Un monsieur nous en fait goûter.

On voit aussi des avocatiers et des bananiers en grande quantité. Un autre arbre porte des calabasses, plus grosses que celles que nous avons vues vendredi. Ces grosses calabasses servent pour fabriquer des instruments de musique très sonores.

Passé le village, le chemin devient assez escarpé et étroit. On monte puis on descend pour traverser une rivière. Sur les bords, des femmes et des petites filles sont en train de laver du linge. Elles le bâtent fortement sur les rochers.

Mon cheval, qui s’appelle « Morro » commence à souffler un peu. Il est content de s’abreuver dans l’eau claire et fraîche de la rivière.

Il en a bien besoin, car nous repartons aussitôt et cette fois, ça monte sec. Comme il a plu il y a quelques jours, le sol est trempé. La boue se mêle aux pierres et ce n’est pas facile pour le cheval qui, avec intelligence et une pratique certaine, sait exactement où il doit placer ses pattes pour avoir la meilleure prise. Il lui arrive de commencer à glisser, mais bien vite se rattrape avec ses pattes postérieures. Quand la pente est trop forte, il prend de l’élan, encouragé par le guide. Quand c’est délicat, il s’arrête et calcule au plus juste la trajectoire. Je me dis qu’il est bon et j’ai moins d’appréhension. Je me contente de bien me tenir à la selle, car l’équilibre est quand même assez instable. Eva, devant moi fait pareil. Elle donne l’impression d’avoir fait du cheval toute sa vie. Mais ce n’est qu’une impression. Il ne faudrait pas que sa monture fasse un mouvement trop brusque : comme elle est petite, ses pieds n’arrivent pas aux étriers ; elle n’a donc aucune prise. En Europe, lorsqu’on fait du cheval, on porte une « bombe », c’est à dire un casque spécial susceptible de protéger la tête en cas de chute. Ici, rien bien évidemment, à cheval pas plus qu’à moto. Mais il faut savoir prendre des risques. Sinon, autant rester à la maison…

Au bout d’une heure de chevauchée, on arrive sur un plateau d’où l’on jouit d’une magnifique vue sur la mer au fond et les montagnes environnantes. Devant nous, un peu en contrebas, la cascade du rio Limon, haute d’une cinquantaine de mètres qui tombe sur un petit lac au-dessous. Nous ne descendons pas jusqu’à la cascade. Notre but était de faire du cheval. La cascade, c’est bien, mais c’est secondaire.

Dans ce lieu perdu, un marchand de souvenirs. Comme il a la peau claire et un accent un peu différent, je pense qu’il est Espagnol. Il me dit qu’on le prend souvent pour un Espagnol (moi aussi d’ailleurs, ça arrive de temps en temps), mais il est de Puerto Plata, dans le nord de l’île. Il est sympa et ses prix ne sont pas exagérés. Je lui achète un collier avec un soit disant os de baleine, en fait sûrement un os de n’importe quoi. Il va très bien à Eva. Ça me coûte 300 pesos.

Je parle un peu avec les guides. Ils ne sont pas contents de la situation économique, comme tous les Dominicains. Ceux-là voteront pour Leonel Fernandez, le candidat de l’opposition, qui était déjà président de la République avant l’actuel, Hipolito Méjia. Si les élections ne sont pas truquées, ce dernier sera sans doute battu.

Retour dans la vallée. A la descente, c’est plus dangereux qu’en montée. Mais les chevaux se comportent bien. Bravo.

Yves Barelli, 15 août 2018

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