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16 avril 2017 7 16 /04 /avril /2017 18:08

Dans l’actualité très chargée de ces derniers jours, une information est peut-être passée un peu inaperçue, celle des quelques dizaines d’anciens « tirailleurs » sénégalais reçus à l’Elysée auxquels le président de la République a solennellement conféré la nationalité française et l’annonce que quelques milliers de leurs compatriotes anciens combattants encore en vie pourraient également en bénéficier, s’ils le souhaitent. Ce n’est que justice et il était temps, mais mieux vaut tard que jamais.

On était bien en peine de trouver quelque mesure positive dans l’épouvantable bilan du quinquennat de François Hollande. En voici enfin une ! Alors que tant de nos soit disant « compatriotes » qui vivent en France et se complaisent dans un communautarisme souvent haineux à l’égard de notre pays dont ils ne partagent aucune valeur tout en bénéficiant de ses avantages matériels, il était choquant que des hommes ayant combattu pour la France soient écartés de la nationalité française (alors que d’autres, qui nous font la guerre sous les couleurs de « Daesh » en bénéficient toujours parce que la disposition du code pénal qui prévoit la déchéance de la nationalité dans un tel cas n’est pas appliquée).

1/ Les tirailleurs sénégalais étaient un corps de militaires appartenant à l’armée coloniale formé en 1867 et dissous en 1960 à l’indépendance de ce pays. D’autres ressortissants des anciennes colonies françaises ont également servi sous les couleurs françaises, tels les spahis algériens ou les tabors marocains et ont contribué à la libération de la France à la fin de la seconde guerre mondiale (lire par exemple mon article du 16 août 2014 : « commémoration du débarquement de Provence »), mais, parmi ceux originaires du sud du Sahara, les Sénégalais étaient les plus nombreux. Les autres, Maliens, Togolais, ou autres étaient souvent qualifiés eux aussi de « Sénégalais ». Le plus souvent en première ligne, ils ont payé un lourd tribut à notre liberté.

Du fait de la mesquinerie, parfois, de la République, ces anciens soldats ont longtemps touché des pensions très modestes comparées à celles des soldats français. Elles ont été réévaluées il y a quelques années. C’est bien la moindre des choses.

Mais on continuait à leur appliquer bêtement et méchamment les lois qui régissent la nationalité française. Est Français, toute personne ayant au moins un parent français, ou toute personne étant née sur le territoire français avec critères de résidence (étant entendu que le Sénégal n’est plus la France depuis 1960) ou encore toute personne bénéficiant d’une décision de naturalisation. Pour cela, il faut être conjoint de Français ou remplir un certain nombre de conditions dont les principales sont de vivre en France et d’y être intégré (il n’y a aucune automaticité et c’est tant mieux, encore que, souvent, nos autorités ne soient pas suffisamment regardantes, notamment parce qu’il n’y a pas assez de personnel en préfecture pour effectuer une enquête réellement sérieuse).

Comme les tirailleurs sénégalais, non résidant en France, n’ayant pas, sauf exception, de conjoint français et n’étant pas, sauf exception aussi, fils de Français, ils n’avaient pas droit à la nationalité française et n’étaient même pas dispensés de visas si d’aventure ils souhaitaient visiter notre pays : sans visa pour venir s’y battre en 1944 mais avec visa une fois la paix revenue (ceci en simplifiant : les visas n’ont été instaurés que dans les années 1980 ; auparavant, les Africains n’en avaient pas besoin pour venir chez nous et, soit dit en passant, il y avait moins d’immigration que maintenant pour la bonne raison que les chanceux qui obtiennent le visa préfèrent souvent rester pour ne pas risquer un refus ultérieur. Quant aux clandestins, qui bénéficient des soins gratuits et de la scolarisation gratuite de leurs enfants, ils sont en général régularisés après coup. On se demande pourquoi on encombre encore nos consulats avec les procédures de visas quand on voit que les migrants illégaux qui se disent « réfugiés » sont logés, nourris et subventionnés, alors qu’il n’y a quasiment pas chez eux de « réfugiés » au sens des conventions internationales – on est « réfugié » dans le premier pays où on trouve « refuge » en fuyant son propre pays, par exemple la Turquie, pas ceux où on va lorsqu’on poursuit ensuite sa route, par exemple ceux de l’Union européenne après avoir transité par la Turquie -.

2/ 140 000 combattants africains ont participé dans l’armée française aux combats de la seconde guerre mondiale. Vingt pour cent d’entre eux y ont péri. Ils étaient majoritaires, si l’on inclue les Pieds-Noirs venus d’Algérie, dans les troupes qui ont débarqué en Provence en 1944 et qui ont libéré Toulon et Marseille. Léopold Cedar Senghor, premier président du Sénégal et ancien ministre français, les a surnommés les « dragons noirs de l’Empire », comme les instituteurs du 19ème siècle avaient été qualifiés de « hussards de la République ».

3/ En 1960, le parlement français (sous de Gaulle, tout n’a pas été positif !) a voté la « cristallisation » des pensions des « tirailleurs » des pays devenus indépendants, c’est-à-dire que leurs droits se sont arrêtés aux « points » acquis à ce moment, de sorte que, cinquante ans après, le niveau des pensions, faibles même par rapport aux critères des rémunérations africaines, étaient dérisoires au regard des pensions françaises. Indigne de la France !

Le film « Indigènes », avec Djamel Debbouz, sorti en 2006, a attiré l’attention sur le sort des tirailleurs.

J’ai vu ce film, totalement à charge contre la France et les Français, présentés, dans la société comme dans l’armée, comme de méchants racistes. Partant d’une situation vraie (on mettait en première ligne les tirailleurs, comme, d’ailleurs, lors de la première guerre mondiale, les paysans issus des régions périphériques françaises ; des villages occitans ou bretons entiers ont été décimés), ce film a tellement forcé le trait que ce qu’il a présenté n’avait plus rien à voir avec une vérité historique, visiblement pas l’objectif de ses auteurs et des artistes pour lesquels la France ne pouvait qu’être l’ennemie (ce qui ne les a pas empêchés d’être rémunérés en grande partie sur fonds publics !). Scandaleux ! On connait la haine de la France chez cet artiste, pourtant bien vu par les bobos de gauche caviar (sans doute parce que, eux-mêmes, ont la haine de leur propre pays : les communautaristes anti-Français sont leurs héros et les patriotes, de vulgaires « fachos » !).

4/ Mais ce film a au moins eu l’effet positif (c’est vrai qu’il faut parfois choquer pour être entendu) d’inciter le parlement à décider en 2006 l’alignement des pensions des tirailleurs encore en vie sur celles de leurs camarades Français. A l’époque, on a estimé qu’il y avait de l’ordre de 80 000 de ces tirailleurs encore en vie. Tous ne se sont pas fait connaitre. On ignore combien il en reste aujourd’hui.

5/ Il est donc juste non seulement de donner des pensions dignes à ceux qui restent mais aussi de conférer la nationalité française à ceux qui le souhaitent.

La nationalité française devrait être quelque chose qui se mérite. Assez de « je remplis les critères, j’y ai droit », même lorsqu’on ne parle pas un mot de français ou lorsqu’on prétend vivre chez nous comme on vit au « bled » ou en Arabie saoudite.

J’ai eu à traiter en poste à l’étranger des « Français » qui n’avaient jamais mis les pieds en France, qui ne parlaient pas français et qui étaient Français parce que leurs parents, grands-parents ou arrière grands-parents l’étaient. A titre d’exemple, lorsque j’étais consul général de France en Pologne, on nous signalait souvent de divers aéroports du monde des voyageurs aux noms et prénoms polonais, bénéficiant de passeports français et incapables de s’exprimer en français. On nous demandait de vérifier s’ils étaient vraiment français ou si c’étaient des faux. Hélas, ils l’étaient et leurs documents de voyage que nous ne pouvions refuser d’établir étaient des vrais. Ces gens-là connaissaient le chemin du consulat où ils venaient chercher quelques avantages, y compris des allocations auxquels, « ils avaient droit ». J’avais interdit à me collaborateurs de leur parler une autre langue que le français. J’ai retrouvé la même situation à Pondichéry, en Inde. Je me souviens aussi de l’épouse d’un diplomate français (de rang inférieur), originaire de Pondichéry, ne parlant que tamoul et anglais et toujours vêtue d’un sari, même dans les réceptions, qui avait un passeport diplomatique français parce qu’épouse de diplomate français. Mes collègues diplomates étrangers ne comprenaient pas. A comparer avec la situation d’un ami ambassadeur allemand dont l’épouse gabonaise, pourtant francophone et germanophone, n’a pas droit à la nationalité et donc au passeport diplomatique allemand. Situations choquantes, dans un sens comme dans l’autre.

Quand on voit de tels cas, et, plus encore, lorsqu’on entend dire à la télévision qu’un « Français » (binational, cela on ne le dit pas souvent) a été l’auteur ou le complice d’un acte de terrorisme ou est de retour du djihad en Syrie, on se dit que quelque chose ne tourne pas rond en France.

La nationalité française ne devrait être un droit ni automatique ni perpétuel et transmissible. Etre « Français » et avoir perdu le contact avec la France au point de ne pas parler français (ou une autre langue de France : si encore ils connaissaient le breton, le basque ou l’occitan, ce serait bien) me parait incompatible, surtout lorsque l’individu vient au consulat chercher ses « allocs » et ne dit même pas « bonjour » et « merci » (alors qu’ils peuvent bénéficier de cours gratuits dans nos centres culturels ou Alliances Françaises).

Je ne comprends pas, non plus, pourquoi on n’applique pas l’article du code pénal qui prévoit la déchéance de la nationalité française pour ceux qui prennent les armes contre la France. Si cela était le cas, on ne retrouverait pas plusieurs centaines de djihadistes partis en Syrie et qui rentrent en France plus haineux que jamais envers notre pays et ses valeurs.

6/ Quand on rappelle cela, il est encore plus choquant de constater que des hommes qui ont risqué leur vie pour nous défendre aient « bénéficié » si longtemps de pensions au rabais (alors que les parasites qui peuplent souvent nos quartiers « difficiles », eux, Français ou non, touchent le RSA, des allocations logement, des allocations familiales et sont logés en HLM, tous avantages supérieurs, souvent, à ceux qui travaillent et qui représentent en un mois plus que le salaire annuel moyen de beaucoup de pays d’Afrique) et qu’il ait fallu attendre 57 ans pour qu’on daigne, dans notre grande générosité, concéder la nationalité française aux « tirailleurs » sénégalais (j’espère que ceux des autres nationalités n’ont pas été oubliés).

Parfois, je suis fier d’être Français. Dans d’autres cas, j’en ai honte !

Yves Barelli, 16 avril 2017

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