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24 mai 2016 2 24 /05 /mai /2016 11:47

La France va mal. Crise économique, sociale, politique. Crise morale aussi d’un pays et d’un peuple en perte d’identité et de projet. Crise nationale dans un contexte de crise européenne et mondiale. En l’absence d’alternative visible, les peuples désespèrent. Ils ont perdu toute confiance dans un système inefficace et immoral, mais leur désespoir est tel que même l’espoir d’un changement semble avoir disparu.

1/ Le chômage ne cesse de croitre. Un Français sur cinq est sans travail ou en travail involontairement partiel. La précarité tend à devenir la norme. Les inégalités ne cessent d’augmenter avec des chefs d’entreprises qui gagnent en une année ce que des salariés ne gagnent pas en une vie.

Le désespoir n’est pas seulement celui de ce que les sociologues appellent les « déclassés », ceux dont les conditions de travail, quand ils en ont un, se dégradent, ceux qui vivent dans des zones périurbaines ou rurales mal desservies par les transports publics, mal reliées par des routes de moins en moins entretenues, ceux qui souffrent de la dégradation des services publics, à commencer par celui de l’enseignement avec des écoles publiques elles aussi en perte de valeurs.

Le désespoir est aussi celui de personnels qualifiés aux salaires considérés encore il y a peu comme corrects, mais qui, eux aussi, sont touchés par l’absence de projet, la perte d’identité et des valeurs et la dégradation des services publics du fait des économies décidées par le gouvernement en application de « directives » européennes incompréhensibles et émanant d’une bureaucratie bruxelloise dont la seule préoccupation semble être la satisfaction des intérêts des « lobbies ».

Ces personnes qualifiées et éduquées, qu’on nomme les « classes moyennes », se demandent où vont leurs impôts, désarmés qu’ils sont par l’injustice fiscale d’un système qui pénalise le travail au profit du capital, qui récompense les exilés fiscaux et les paresseux, souvent d’origine étrangère, qui vivent aux crochets d’une société sur laquelle ils crachent pourtant, et par des dépenses publiques, souvent inutiles, tels ces ronds-points qui fleurissent y compris sur des carrefours sans routes, sans doute davantage destinés à subventionner le BTP qu’à satisfaire des besoins identifiés, et sur lesquels ils n’ont aucune prise parce que la démocratie s’arrête au droit de donner tous les cinq ou six un chèque en blanc à un président de la république ou à des élus locaux qui s’empressent d’oublier leurs promesses en tournant le dos à leurs programmes électoraux.

2/ La présidence Hollande est presque unanimement considérée comme une catastrophe. Son gouvernement, où règne la cacophonie, part dans tous les sens. Ce pouvoir en principe de « gauche » fait une politique de droite que même les plus à droite n’oseraient pas faire.

Sarkozy, à l’échec patenté, avait été rejeté par les Français. Son successeur est pire.

Et que nous promet-on pour 2017 ? Les mêmes et on recommence. Avec Sarkozy ? Sans doute pas. Avec le cheval de retour Juppé qui s’illustra il y deux décennies par un échec retentissant ? Avec encore Hollande, si la droite est assez folle pour se déchirer au point de favoriser sa réélection ? Avec quelque jeune nouveau « loup », comme Lemaire ou Macron, que le système arrive toujours à sortir de son chapeau quand les autres sont trop usés ?

La seule alternative possible serait celle de « souverainistes » défendant l’idée d’une France indépendante, forte, assumant ses valeurs et rassemblée autour d’une identité retrouvée.

Cela me parait la seule solution pour notre pays. Mais les conditions ne semblent pas, pour le moment, réunies. Pour deux raisons.

La première est que, collectivement, les Français ont perdu confiance en la France. Ils n’y croient plus. Les médias au service du grand capital et des hommes politiques moralement corrompus (certains le sont financièrement, mais c’est une minorité. Il reste au moins cela en France : à la différence d’autres pays, la corruption n’est pas encore un système de gouvernement) martèlent depuis des lustres que, désormais, la France serait trop petite, trop faible, pour jouer seule dans la cour des « grands » et qu’il faut se fondre dans un ensemble plus vaste, celui de l’Europe, voire de l’Alliance Atlantique.

Pourtant, le « projet » européen est un échec total. Les seules réalisations européennes qui fonctionnent, comme Airbus ou Ariane, ont été faites en dehors des instances de l’Union européenne par des accords intergouvernementaux. Mais, ils persistent et signent : si l’UE ne marche pas, disent-ils en le répétant à satiété comme pour se convaincre d’un dogme auxquels ils ne croient plus, c’est parce que la « construction » européenne est insuffisante. Ils sont comme le médecin de Molière. Plus l’injection affaiblit le malade, plus en faudrait. Jusqu’à la mort.

Va-t-on poursuivre cette chimère européenne jusqu’à la mort des peuples européens, tués tant par le pouvoir tentaculaire du capitalisme mondialisé que par une immigration inconsidérée de peuples qui ne veulent ou ne peuvent s’assimiler parce que leurs « valeurs » ne sont pas les nôtres et que, nous-mêmes, nous n’avons plus de valeurs ?

La deuxième raison est que les « souverainistes » ont des difficultés à s’unir. Marine Le Pen pense qu’elle gagnera seule. Dupont-Aignant ou Philippe de Villiers, autres « sauveurs » potentiels, répugnent à marcher avec le Front National.

Le FN est certes devenu le premier parti de France. Marine Le Pen sera certainement au deuxième tour de la présidentielle. Mais tous les sondages d’opinion montrent qu’il y a une majorité de Français qui n’en veulent pas. Elle sera donc battue au second tour.

Au moins en 2017. Parce que si Juppé, européiste et atlantiste de toujours, arrive au pouvoir, avec une probable coalition UMPS, comme en Allemagne et en Autriche (on voit ce que cela a donné dimanche), la crise sociale, dont les grèves de cette semaine donne une idée, sera telle que tout sera possible, y compris une victoire de Marine Le Pen.

En attendant, la situation politique est bloquée dans ce pays. Et quand, il n’y a rien à attendre des urnes, c’est ailleurs que cela se passe.

3/ En faisant passer la « loi travail » dont personne ne voulait, ni la droite et le patronat car, à leurs yeux, elle a été tellement édulcorée qu’elle n’a plus de sens, ni la gauche qui la trouve, à juste titre, contraire à la philosophie de la gauche, œuvre de « politicards » traitres à leur « camp », ni l’opinion publique, hostile aux trois-quarts selon les sondages, le gouvernement a pris le risque insensé de désespérer son électorat traditionnel et de créer le chaos qui est en train de s’installer dans le pays, notamment du fait des pénuries d’essence et de grèves des transports.

Ce chaos et cette situation sociale, dont on ne sait sur quoi elle va déboucher, est elle-même paradoxale.

Ils résultent de la stratégie de la CGT, encore principal syndicat, mais en perte de vitesse. C’est un coup de poker que tente la CGT. Si le gouvernement recule et retire la loi-travail, il en raflera la mise. S’il échoue, elle sera durablement affaiblie.

Le paradoxe vient que, dans ce pays, les syndicats, pas seulement la CGT, ont une représentativité douteuse. Moins d’un salarié sur dix en est adhérent. Les grandes centrales ouvrières ou de fonctionnaires ont beaucoup de moyens financiers car, avec le patronat, ils gèrent tous les organismes paritaires de la Sécurité Sociale qui brassent des milliards d’euros. L’armée de permanents syndicaux est de plus en plus décalée par rapport à la masse des salariés.

Le paradoxe est que la CGT peut bloquer le pays avec un petit nombre de militants bien placés sur des secteurs stratégiques, raffineries de pétrole et transports notamment. La majorité des Français n’y participe pas, mais observe le mouvement avec, selon les sondages, sympathie. Ce n’est pas la première fois que les Français font grève en quelque sorte par procuration.

Le paradoxe vient aussi du fait que la plus grande partie des ouvriers, employés et personnes peu qualifiées vote Front National, mais que la CGT, dans la tradition communiste, reste hostile au Front National, donc au parti, de fait, de la classe ouvrière.

4/ Tout cela se passe sur fond de grave crise qu’on peut qualifier d’ « ethnique ». Le politiquement correct essaie de masquer cette réalité, mais elle va s’imposer de plus en plus.

En l’absence de statistiques ethniques ou religieuses, on ne sait ce que représente exactement quantitativement cette « communauté musulmane » (10, 20, voire 25% ?) dont on parle de plus en plus du fait qu’un nombre croissant de personnes de confession musulmane se reconnaissent dans cette « communauté » en la faisant souvent passer avant leur appartenance à la communauté nationale dans laquelle nombre d’entre eux ne voient qu’une machine à distribuer les « allocations » dont ils profitent, mais dont ils se sentent étrangers.

Certes, tous les musulmans ne sont pas dans cet état d’esprit. Mais le mouvement les y pousse. Ne serait-ce que parce que la crise est là, que l’ascenseur social est en panne et que la France donne l’impression de n’avoir plus rien à proposer à ses enfants, de souche ou issus de l’immigration, en matière de projet, d’identité et de valeurs. En quand il n’y a plus d’identité républicaine et laïque, on se raccroche à ce qui reste : la famille, la « communauté », le pays d’origine, la religion.

La situation est critique. La « communauté » musulmane est en train de s’organiser en contre-société, avec ses propres lois et pratiques. Dans le meilleur des cas, à côté de la communauté française. Dans le pire, contre elle.

Nous ne sommes pas encore en guerre civile. Mais les ingrédients qui y conduisent se mettent en place. Certains élus locaux, mais aussi le gouvernement, qui, par calcul électoral, ont multiplié les concessions et les atteintes à la laïcité, ont une lourde part de responsabilité. Le roman de Houellebecq, « Soumission » qui anticipe l’arrivée au pouvoir en France de l’islamisme par conjonction du communautarisme et d’une gauche « droit-de-l’hommiste » complice, serait-il prémonitoire ?

5/ Autre fond de crise : l’effacement international de la France.

La France est l’un des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité et l’une des cinq grandes puissances nucléaires. Son économie reste en bonne place et son rayonnement culturel, malheureusement négligé par nos autorités, a de beaux restes. Pourtant, notre pays abdique sa souveraineté au profit d’une Union européenne dominée par l’Allemagne et au profit de l’OTAN, machine intégralement américaine.

Beaucoup de mes interlocuteurs étrangers me disent ne pas comprendre l’évolution de la France.

Ils déplorent la timidité de notre politique étrangère et son alignement sur les positions les plus réactionnaires.

Ils s‘étonnent aussi du spectacle donné par la France et de l’autocensure qui y règne. Lorsqu’ils débarquent à Paris, qu’y voient-ils ? La pagaille, l’indiscipline, la saleté, les voitures occupant les trottoirs (surtout en banlieue), les incivilités et l’insécurité. D’ailleurs, le nombre de touristes visitant Paris est en chute libre. Pa seulement du fait des attentats du terrorisme islamiste, mais de l’ambiance générale. Et quand Madame Morano pointe du doigt l’ « africanisation » du quartier de la gare du Nord de Paris, nos médias bienpensants crient au « dérapage ». Désormais, dans ce pays, décrire la réalité, c’est déraper » !

XXX

Oui, la France est en crise. Crise multi-visages.

Saura-t-elle se redresser ?

Oui, si elle retrouve son indépendance et son identité nationale, mais aussi régionale (la force d’un pays est d’avoir une identité nationale synthèse d’identités régionales et locales, les seules que vivent tous les jours les citoyens).

Les Français le veulent-ils ? Ils souhaitent évidement un redressement. Mais, pour beaucoup, ils en ont perdu l’espoir.

C’est cet espoir qu’il faut, collectivement, retrouver.

Qui le leur redonnera ?

Yves Barelli, 24 mai 2016

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