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12 février 2016 5 12 /02 /février /2016 00:11

Le remaniement ministériel qui a été annoncé le 11 février appelle de ma part les commentaires suivants :

1/ A quinze mois de la prochaine présidentielle, ce gouvernement Vall III est probablement le dernier avant la fin du mandat présidentiel de François Hollande.

Ce nouveau gouvernement peut être caractérisé par un essai d’ « ouverture », un évident manque de souffle et une reprise en main par la « Hollandie ».

a/ Ouverture : trois écologistes entrent au gouvernement. Deux sont des dissidents du parti Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) dont le chef de file, Cécile Duflot a quitté le gouvernement avec fracas l’an dernier pour se rapprocher de l’opposition de gauche animée par Jean-Luc Mélenchon : Jean-Vincent Placé, qui piaffait d’impatience d’avoir son strapontin gouvernemental depuis longtemps (il reçoit le secrétariat d’état gadget de la « réforme de l’Etat et la simplification »), et Barbara Pompili, qui s’occupera d’un autre dossier aussi vide (secrétariat d’état aux relations internationales climatiques et de la biodiversité : prise en sandwich entre Ségolène Royal, Laurent Fabius, qui s’occupera encore quelques temps de la conférence sur le climat, et Jean-Marc Ayrault, elle aura du mal à exister).

La troisième « écolo » est Emmanuelle Cosse, qui, dès sa nomination, a démissionné de son poste de secrétaire nationale d’EELV. Cette « prise de guerre », destinée à rallier les écologistes dans la perspective des présidentielles, risque de se montrer contre-productive, ce départ étant considéré par nombre de Verts comme une trahison.

Autre ouverture : l’entrée au gouvernement de Jean-Michel Baylet, l’inamovible président du petit parti des « radicaux de gauche ». Il hérite du ministère de l’ « aménagement du territoire, de la ruralité et des collectivités locales », titre ronflant mais portefeuille sans pouvoir réel. Occitan du Sud-ouest, propriétaire de la Dépêche du Midi, sa petite influence peut être marginalement intéressante.

b/ Manque de souffle : ce gouvernement apparait bien terne. Quelques ministres de valeur restent à leurs postes. Notamment Jean-Yves Le Driant à la défense et Bernard Cazeneuve à l’intérieur. Ce sont d’excellents techniciens, très utiles par les temps qui courent. Je n’en dirais pas autant de Najat Vallaud-Belkacem à l’éducation ou de Marisol Touraine à la santé et aux affaires sociales. Sans relief, elles sont très critiquées par les professionnels.

Quant aux autres nouveaux de ce gouvernement gonflé où la quantité (4 sorties et 10 entrées) aura du mal à remplacer la qualité, on trouve le lot habituel de personnages parfaitement inconnus destinés à faire nombre et assurer la parité hommes-femmes. Quelle aberration que cette « parité » qui, loin de faire progresser la place des femmes dans la société, les ramène en fait à la fonction de plantes décoratrices ! J’ai connu pas mal de ces politiciennes qui n’auraient jamais dépassé le niveau de conseillère municipale de petite ville si elles n’avaient été femmes : elles ne doivent leur ascension qu’à la nécessité de respecter les quotas. Du temps de Juppé premier ministre de Chirac, qui avait innové dans la recherche de la parité, on les appelait les « Jupettes ». On a eu ensuite les « Sarkozettes ». Voici les « Hollandettes ». Toutes aussi effacées et inutiles les unes que les autres. Parmi ces promues, on a quelques députées élues en 2012 grâce à la « vague rose » et parce qu’il fallait absolument trouver des candidates.

Dans cette promotion, dont je ne nomme pas les protagonistes parce que, dès l’an prochain, on en aura oublié les noms, je signale la nouvelle secrétaire d’état à l’ « égalité réelle » (on n’a vraiment pas peur du ridicule) : madame Ericka Bereigt. Cette élue de la Réunion s’est fait remarquer deux fois à l’Assemblée Nationale. La première en tentant subrepticement lors de la discussion de la loi Macron (avec une vingtaine de députés en séance) de faire voter un amendement tendant à introduire des fêtes musulmanes dans la liste des jours fériés ; la seconde fois en menant une charge contre Nadine Morano qui avait rappelé une évidence, à savoir que la France est un pays de « race blanche et de tradition chrétienne ». Cela n’a pas plu à cette élue qui revendique sa « négritude ». La gauche-caviar a sans doute trouvé là une nouvelle Christiane Taubira, l’ « antiraciste » de service.

En revanche, aucune personnalité de la « société civile » n’est venue rejoindre le gouvernement. Il faut en effet avoir le goût du suicide pour monter sur cette galère car aucune action digne de ce nom ne pourra y être entreprise compte tenu du temps de vie de ce gouvernement et de l’entrée prochaine dans la campagne électorale présidentielle.

Celui dont on parlait, Nicolas Hulot, le populaire défenseur de la nature (qui s’était illustré par d’excellentes émissions de télévision et des films militants et qui a joué un rôle important dans la préparation de la conférence sur le climat de Paris), a finalement décliné l’offre de Hollande de diriger un grand ministère de l’écologie (que Ségolène Royal conserve).

c/ Reprise en main par Hollande. Ce qui restait de la gauche du PS est écarté. Mais, surtout, Hollande a casé des hommes à lui. Jean-Marc Ayrault est de ceux-là (voir infra). Il renforce le clan des amis de longue date du président : Stéphane Le Foll (qui reste ministre de l’agriculture et porte-parole du gouvernement) et Michel Sapin (finances) en particulier.

Hollande avait déjà promu plusieurs de ses conseillers de l’Elysée, notamment Emmanuel Macron (économie) et Myriam El Khomri (travail). Monte cette fois Audrey Azoulay, qui conseillait le président pour la culture et qui est désormais ministre de la culture à la place de Fleur Pèlerin, au bilan médiocre. Elle est, parait-il, très compétente. Ses origines familiales pourront aussi servir au-delà de la culture : elle est la fille du conseiller israélite influent des rois du Maroc (Hassan II puis Mohamed VI). Dans le même temps où l’Algérie réserve les hauts postes de l’Etat à ses mono-nationaux, la France favorise, elle, ses binationaux (malgré la déchéance de nationalité qui ne frappera que les terroristes). Si on continue sur cette voie, le fait de n’être que Français deviendra un handicap.

Manuel Valls a certes quelques hommes à lui. Il peut être satisfait d’avoir pu se débarrasser il y a deux semaines de Christiane Taubira et de l’avoir remplacée par Jean-Jacques Urgoas, un proche. La justice était le point faible du gouvernement. Le laxisme de Taubira n’a jamais été compatible avec la fermeté de Valls.

Mais dans le nouveau gouvernement la présence des « électrons libres » (libres vis-à-vis du premier ministre et plus ou moins vis-à-vis du président) de poids que sont Jean-Marc Ayrault, Ségolène Royal (parfaitement incontrôlable) ou le jeune et flamboyant ministre de l’économie Emmanuel Macron (homme du président, mais qui a été quelque peu « recadré », car parlant un peu trop, en évitant d’élargir son champ de compétences et même en le rétrogradant dans l’ordre protocolaire, désormais en treizième position) ne facilite pas le travail de Valls.

Certains s’attendaient à un changement de premier ministre. A vrai dire, on ne comprend pas trop l’intérêt de Valls à « rempiler » comme chef d’un gouvernement particulièrement impopulaire dont les membres risquent de couler en même temps que le président si celui-ci est battu dès le premier tour de la présidentielle de 2017.

N’aurait-il pas dû se mettre en « réserve de la république » jusqu’en 2017 afin d’être un recours au PS en cas, de plus en plus probable, de naufrage du bateau Hollande ? Il a peut-être ses raisons que j’ignore.

2/ Ce remaniement ministériel a été décidé initialement du fait du départ de Laurent Fabius, poids lourd du gouvernement et du PS. L’ancien premier ministre de François Mitterrand, le plus jeune à l’époque de la Cinquième République, et ministre des affaires étrangères sortant est en effet devenu il y a deux jours président du Conseil Constitutionnel, retraite dorée enviée par tout homme politique. Retraite bien méritée pour Fabius. La direction du Quai d’Orsay est en effet physiquement éprouvante (Fabius a passé une bonne partie de son temps dans les avions : en moyenne 38 000 km par mois ; même en première classe ou en avion gouvernemental, c’est fatiguant !).

Laurent Fabius est un homme politique expérimenté et une « machine intellectuelle » exceptionnelle.

Professionnellement, il a été impeccable : style grand bourgeois élégant, précis dans son vocabulaire, jamais aucune erreur, bonne maitrise de l’anglais, qualités hors pair de négociateur, respect de ses partenaires étrangers, même ceux avec lesquels il était le plus en désaccord.

Dommage que ces qualités aient été mises au service d’une mauvaise politique. La diplomatie de Hollande-Fabius a été marquée par un alignement sur l’atlantisme le plus sectaire et l’européisme le plus conformiste (Fabius avait fait campagne pour le non au référendum sur la « constitution » européenne de 2005, mais, depuis, il est rentré dans le rang). Sur tous les grands dossiers internationaux, la France a adopté depuis le début du mandat de Hollande les positions les plus extrémistes et les plus sectaires, au-delà même des cercles les plus belliqueux de l’OTAN : Ukraine, Iran et surtout Syrie. Pis, en adoptant une politique étrangère « du contrat » qui consiste à transformer les déplacements présidentiels et ministériels et nos ambassadeurs en représentants de commerce prêts à vendre à n’importe qui, y compris aux pires dictatures, des avions et d’autres matériels, la France a tourné le dos à ses traditions de défense des droits de l’homme mais aussi de promotrice de culture et d’humanisme (les avions présidentiels se chargent de chefs d’entreprises dans le même temps où on ferme nos centres culturels).

Difficile de dire qui a la plus grande part de responsabilité dans cette politique du cynisme, le président, Fabius ou quelques camarillas influentes formées de Bernard Henri Lévy et de quelques autres soit disant intellectuels.

L’homme qui remplace Fabius à la tête du « quai » est Jean-Marc Ayrault. Il a pour lui d’avoir été premier ministre de Hollande et d’en être resté un proche, ce qui, à priori, ne devrait pas faire de mal. Mais, pâle chef de gouvernement, on ne peut attendre de miracle à la tête de la diplomatie française. Son seul titre de gloire est de parler allemand (il fut professeur de lycée de cette langue). Autrefois, les dirigeants allemands communiquaient en français avec nous. C’est maintenant le contraire. Les temps changent ! Bien comprendre la langue de Goethe, c’est évidemment essentiel pour aller prendre ses ordres à Berlin.

Rien à attendre, donc, de ce côté-là. Ayrault sera un serviteur zélé du « couple » franco-allemand dans lequel ce n’est pas celui qui a l’arme atomique qui dirige. Pas par faiblesse intrinsèque de la France, mais par servilité européiste.

Espérons au moins que ce poste, sans doute de fin de carrière, permettra à Ayrault de connaitre le monde. En dehors de Nantes, de Paris et de l’Allemagne, il n’en a pas vu grand-chose jusqu’ici. Il réalisera peut-être que l’alfa et l’oméga de la planète ne sont pas nécessairement les rives du Rhin et de la Spree.

XXX

Terne gouvernement au service d’un président sans relief et d’une politique sans gloire.

Sauf miracle, on en aura rapidement oublié les membres. L’élection présidentielle de 2017 se présente en effet plutôt mal pour Hollande. Ce n’est certes pas mieux pour Sarkozy. Dans le système électoral absurde qui caractérise l’élection présidentielle où seuls les deux arrivés en tête au premier tour sont qualifiés pour le second, tout se jouera au premier tour puisque on est déjà presque sûr que Marine Le Pen sera qualifiée et que celui qui l’affrontera sera élu.

Droite et gauche sont globalement de forces égales. Si la droite est divisée, Hollande sera réélu. Si c’est la gauche, le candidat de droite (Sarkozy ou Juppé) sera président.

Rien n’est joué. Mais, à priori, les chances de Hollande sont faibles : Mélenchon sera candidat (il pourrait faire un peu plus de 5%), peut-être aussi un écologiste (avec quelques pourcents). Seule une division fratricide de la droite (cela s’est déjà vu) pourrait sauver le président sortant.

Je ne souhaite pas particulièrement la victoire de la droite. On a vu ce que le mandat de Sarkozy a donné : un désastre. Si c’est Juppé, je pense que ce sera encore pire.

Mais, Hollande et consorts, franchement, on les a assez vus.

Terminons toutefois par une note moins pessimiste. Dans le nouveau gouvernement, au moins, on nous épargne Taubira. Beaucoup plus préoccupée par le sort des délinquants, surtout quand ils sont « binationaux » (entendez Maghrébins davantage attachés à la « nation » musulmane » qu’à la France), que par celui des victimes, son laxisme (pour les délinquants), son sectarisme et son agressivité étaient devenus insupportables à une majorité de Français (au moins ceux « de souche »).

Bon courage, la France !

Yves Barelli, 11 février 2016

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